Andante d’automne

Sans l’impérialisme du concept, la musique aurait tenu lieu de philosophie : c’eût été le paradis de l’évidence inexprimable, une épidémie d’extases.

Jean-Sébastien Bach
Sonate en trio pour orgue en Mi mineur BWV 528 (Mvt.2 : Andante)
Karolina Juodelyte
Orgue de l’Église ‘Heilig Kreutz’ – Detmold – Allemagne

Point de musique véritable qui ne nous fasse palper le temps.

Transcription par August Stradal (Tchécoslovaquie 1860-1930)
Mei Lin Hii (piano)

La clé de la musique de Bach : le désir d’évasion du temps.

Arrangement pour cordes Tomasz Wabnic
The Vienna Morphing Trio

Combien j’aimerai périr par la musique, pour me punir d’avoir douté de la souveraineté de ses maléfices.

L’herbe écoute (20) – ‘Baisers du soleil’

Les insectes sont nés du soleil qui les nourrit. Ils sont les baisers du soleil, comme ma dixième sonate qui est une sonate d’insectes. Le monde nous apparaît comme une entité quand nous considérons les choses de cette façon.

Vingt billets plus tard, consacrés à la fascination que le monde des insectes a exercée et exerce encore sur les musiciens, force est de constater que le sujet, et les références qui l’illustrent, sont loin d’avoir atteint leurs limites.
Auraient naturellement trouvé leur place sur ces pages « Le grillon » de Ravel adossé à un texte de Jules Renard, celui, sautillant, de Georges Bizet, sur un poème de Lamartine, ceux, romantiques, réfugiés dans le piano de Alan Hovaness et dans le chant desquels s’évanouit une chanson d’amour, « La mouche », qui écrit son journal tragique sur le clavier du piano de Bartók, « Le frelon brun » (Brown Hornet) tournoyant, ivre de jazz , autour de la trompette emblématique de Miles Davis, ou encore, très proche de nous, le défilé vivant et coloré des insectes de toutes sortes qui paradent entre les instruments à vents de l’orchestre d’harmonie réuni autour de la partition « The bugs » (les insectes) du compositeur américain Roger Cichy, pour ne citer que ces absents-là…

Mais, la saison bénie du soleil arrivant à son terme et le danger que le plaisir devienne obsession menaçant, il fallait trouver une conclusion, fût-elle temporaire et symbolique, à cet amusant inventaire entomo-musicologique que chacun pourra poursuivre à sa guise.

Pour la circonstance une œuvre s’est imposée :

L’herbe écoute (19) – Tarentule /3

Theraphosidae

Peu de risque, dans l’intimité des salons de musique, de se faire mordre par une tarentule, et partant, d’y surprendre quelques danseurs aux pieds nus sautillant jusqu’à la transe. Cela ne signifie nullement pourtant que la Tarentelle n’aura pas trouvé sa place dans l’atmosphère feutrée des lieux ni qu’elle y aura perdu son entrain et sa bonne humeur, en abandonnant un peu de sa mythologie.

À quoi la musique fait appel en nous, il est difficile de le savoir. Ce qui est certain, c’est qu’elle touche une zone si profonde que la folie elle-même n’y saurait pénétrer.

L’herbe écoute (14) – Papillons/IX

Thème du ballet : Une histoire de fée, de magie et d’amour. Une servante, transformée en papillon par une fée maléfique, est finalement libérée de son sort et peut épouser le prince qu’elle aime.

La « Valse du papillon », encore appelée « Valse des rayons », accompagne dans le ballet les envolées gracieuses de la ballerine. Un moment de musique pleine de légèreté, d’élégance et de vivacité, caractéristique du style d’Offenbach. Le succès de cette valse la rendra indépendante du ballet originel ; elle deviendra une pièce de concert à part entière, offrant au vers célèbre de Musset un nouvel horizon : « La valse d’un coup d’aile a détrôné la danse ». (Que l’auteur et le lecteur me pardonnent !)

– Tourbillonnons, voulez-vous ? Une valse pour effacer le temps…

Où t’envoles-tu, si frêle
Petit papillon léger ?

Massenet est depuis longtemps reconnu comme maître de l’opéra lorsqu’il écrit ces deux pièces pour piano. Sa musique ici cherche à traduire des impressions et laisse déjà entendre la transition de l’époque romantique vers l’impressionnisme cher à Debussy.

L’herbe écoute (6) – Papillons / II

Pianos à papillons

Le piano, cette imposante corolle d’ébène épanouie au cœur des salons, offrirait-il ses harmonies en nectar aux papillons ? Peut-être. Mais sans doute est-ce plutôt la grâce éphémère de ces créatures polychromes qui ensorcelle les pianistes, attisant leur désir mimétique de virtuosité. Les musiciens se laissent alors porter par l’inspiration, cherchant à transcrire en mélodies fugaces, confiées à des mains aériennes, le vol onduleux de ces enchanteurs ailés.

Ainsi, Mel Bonis, compositrice parisienne de la période post-romantique, dans une pièce pour piano de 1897, nous offre-t-elle sa transcription au clavier du vol aguicheur de ces Don Juan en habit de lumière venus séduire les fleurs de son jardin. Au piano Diana Sahakyan :

Quel charme, quel langage imagé d’une richesse inimitable ! Quelles chaleur et passion dans ses phrases mélodiques, quelle vitalité fourmillante dans son harmonie…

Quand Tchaïkovski commente ainsi, de manière dithyrambique la musique d’Edvard Grieg, il n’ignore rien de la sensibilité atavique du compositeur norvégien aux choses de la nature.
Entre les doigts agiles de Clare Hammond vole, élégant, très mendelsohnien, le papillon qui introduit le troisième (Op.43) des dix recueils de « Pièces Lyriques » que Grieg composa entre 1867 et 1901.

Le compositeur québécois Calixa Lavallée, à qui le Canada doit la musique de son hymne national – excusez du peu – devait être fasciné par l’habileté d’un certain papillon qui courtisait les iris versicolores du jardin de sa maison natale à Verchères lorsqu’il écrivit cette Étude de concert pour piano – Opus 18.
« Papillon », quel plus juste titre pour cette pièce à en juger par la virtuosité qu’elle exige de l’interprète… qui, comme Suppakrit Payackso, pourrait bien, s’il est doué, ne pas être beaucoup plus âgé que le vaillant insecte…

Certaines pièces pour piano, et pas les moins connues, ont été affublées du titre ou sous-titre de « Papillon », alors même qu’elles ne prétendaient en aucune manière avoir été inspirées par l’insecte lui-même.

Frédéric Chopin, par exemple, n’a jamais donné le sous-titre de Papillon à l’Étude opus 25 – N°9. Ce surnom lui aurait été attribué par le pianiste et chef d’orchestre Hans von Bülow – élève de Franz Liszt et premier mari de sa fille Cosima qui plus tard deviendra Madame Richard Wagner.
Il est vrai que cette très courte étude de Chopin par la rapidité des passages et la légèreté requise pour son exécution peut évoquer le vol rapide et gracieux d’un papillon. Les mouvements vifs et sautillants des mains laissent volontiers imaginer les pérégrinations erratiques du bel insecte.

Ce n’est pas non plus le charmant lépidoptère lui-même qui suggère au jeune Robert Schumann le titre et la thématique de « Papillons », qu’il compose entre 1829 et 1831, une de ses premières œuvres emblématiques de son inspiration romantique et de la riche imagination qui la sous-tend,

Grand admirateur de Jean Paul (Johann Paul Friedrich Richter), Schumann a puisé son inspiration dans son roman « Flegeljahre » (Les années d’insouciance). Cette suite de douze courtes pièces contrastées précédées d’une introduction a pour objet de représenter les divers personnages et ambiances d’un bal masqué à la fin du roman. Si les notes avaient des noms ce serait masques, déguisements, légèreté, rêveries, changements rapides d’humeur. Chaque mouvement veut évoquer une scène dansante, légère ou fantasque, à la manière des variations désordonnées du vol du papillon.

L’herbe écoute (3) – Zzz… Aïe !

Là, chère Minha, vous auriez le choix entre le moustique gris, le velu, la patte-blanche, le nain, le sonneur de fanfares, le petit fifre, l’urtiquis, l’arlequin, le grand nègre, le roux des bois, ou plutôt, tous vous choisiraient pour cible et vous reviendriez ici méconnaissable !

Adieu Herr Brendel !

‘Valses poeticos’

Enrique Granados 1867-1916

Miniatures musicales enchantées entre ombre et lumière, les « Valses poeticos » (1895) de Granados sont autant de pages d’un journal intime élégamment écrites au piano.

Confidences, humeurs et sentiments exprimés avec délicatesse et un brin de virtuosité contenue, qui ne laisse rien ignorer de l’influence des grands musiciens romantiques tels que Chopin, Schumann ou Grieg.

Universelle beauté d’une musique où la danse devient prétexte à une expression profondément personnelle et poétique. Élégance du salon, profondeur de l’émotion, dans un voile de délicatesse espagnole.

Bien que compositeur majeur dans le renouveau de la musique espagnole du XIXème siècle, Granados, trop attaché à son piano, n’aura jamais écrit pour l’instrument emblématique de son pays, la guitare.

Les siècles suivants n’auront en revanche pas été avares de guitaristes arrangeurs et transcripteurs pour leur instrument de l’œuvre du Maître. Avec bonheur souvent, ainsi qu’en témoigne cette très séduisante version pour trois guitares :

Dimanche chez Emmet…

‘Gaspard de la nuit’ – 2/2 –

Gaston Bussière - Nymphe des eaux
Gaston Bussière – Nymphe des eaux

.   .   .   .   .   .   .   .   Je croyais entendre
Une vague harmonie enchanter mon sommeil,
Et près de moi s’épandre un murmure pareil
Aux chants entrecoupés d’une voix triste et tendre.

Ch. Brugnot — Les deux Génies.

— « Écoute ! — Écoute ! — C’est moi, c’est Ondine qui frôle de ces gouttes d’eau les losanges sonores de ta fenêtre illuminée par les mornes rayons de la lune ; et voici, en robe de moire, la dame châtelaine qui contemple à son balcon la belle nuit étoilée et le beau lac endormi.

« Chaque flot est un ondin qui nage dans le courant, chaque courant est un sentier qui serpente vers mon palais, et mon palais est bâti fluide, au fond du lac, dans le triangle du feu, de la terre et de l’air.

« Écoute ! — Écoute ! — Mon père bat l’eau coassante d’une branche d’aulne verte, et mes sœurs caressent de leurs bras d’écume les fraîches îles d’herbes, de nénuphars et de glaïeuls, ou se moquent du saule caduc et barbu qui pêche à la ligne. »

Sa chanson murmurée, elle me supplia de recevoir son anneau à mon doigt, pour être l’époux d’une Ondine, et de visiter avec elle son palais, pour être le roi des lacs.

Et comme je lui répondais que j’aimais une mortelle, boudeuse et dépitée, elle pleura quelques larmes, poussa un éclat de rire, et s’évanouit en giboulées qui ruisselèrent blanches le long de mes vitraux bleus.

Aloysius Bertrand – « Gaspard de la nuit » (version 1920)

Albert Besnard - Le pendu 1873 - Eau-forte
Albert Besnard – Le pendu 1873 – Eau-forte

Que vois-je remuer autour de ce gibet ?

Faust

Ah ! ce que j’entends, serait-ce la bise nocturne qui glapit, ou le pendu qui pousse un soupir sur la fourche patibulaire ?

Serait-ce quelque grillon qui chante tapi dans la mousse et le lierre stérile dont par pitié se chausse le bois ?

Serait-ce quelque mouche en chasse sonnant du cor autour de ces oreilles sourdes à la fanfare des hallali ?

Serait-ce quelque escarbot qui cueille en son vol inégal un cheveu sanglant à son crâne chauve ?

Ou bien serait-ce quelque araignée qui brode une demi-aune de mousseline pour cravate à ce col étranglé ?

C’est la cloche qui tinte aux murs d’une ville, sous l’horizon, et la carcasse d’un pendu que rougit le soleil couchant.

Aloysius Bertrand – « Gaspard de la nuit » (version 1920)

Gnome
Gnome
Il regarda sous le lit, dans la cheminée, dans le bahut ; — personne. Il ne put comprendre par où il s’était introduit, par où il s’était évadé.
 
Hoffmann. — Contes nocturnes.
 

Oh ! que de fois je l’ai entendu et vu, Scarbo, lorsqu’à minuit la lune brille dans le ciel comme un écu d’argent sur une bannière d’azur semée d’abeilles d’or !

Que de fois j’ai entendu bourdonner son rire dans l’ombre de mon alcôve, et grincer son ongle sur la soie des courtines de mon lit !

Que de fois je l’ai vu descendre du plancher, pirouetter sur un pied et rouler par la chambre comme le fuseau tombé de la quenouille d’une sorcière !

Le croyais-je alors évanoui ? le nain grandissait entre la lune et moi comme le clocher d’une cathédrale gothique, un grelot d’or en branle à son bonnet pointu !

Mais bientôt son corps bleuissait, diaphane comme la cire d’une bougie, son visage blêmissait comme la cire d’un lumignon, — et soudain il s’éteignait.

Aloysius Bertrand – « Gaspard de la nuit » (version 1920)

Marc-André Hamelin

‘Gaspard de la nuit’ – 1/2 –

Aloysius Bertrand (Ceva, Italie 1807 – Dijon 1841)

Que serait Aloysius Bertrand dans nos mémoires devenu sans Maurice Ravel et son génie diabolique de la musique ?

Il est vrai qu’on doit à ce poète très tôt disparu, d’avoir, grâce à son seul ouvrage, « Gaspard de la nuit » , publié après sa mort, encouragé Baudelaire à aborder, avec le succès que l’on connait, le genre nouveau du poème en prose et plus tard servi de source inspiratrice à André Breton et à tout le mouvement surréaliste.

Il n’est toutefois pas certain que ce prestige littéraire posthume, même augmenté de l’admiration de Mallarmé et de Max Jacob, aurait suffi à lui seul à projeter l’œuvre loin du parvis des bibliothèques et à attirer l’attention de la postérité de l’auteur vers cette poésie romantique noire, « condensée et précieuse » – selon l’expression de Mallarmé – qu’il nous offre et dont Gérard de Nerval s’était fait le chantre en son temps.

Comme il aurait été dommage, pourtant, que ces  « Fantaisies à la manière de Rembrandt et de Callot » , selon le sous-titre qu’a donné à son recueil Louis Bertrand lui-même, ne fussent pas parvenues jusqu’à nous. Car alors nous aurions été privés du charme à la fois romantique et gothique de la représentation des visions intérieures du poète sur fond de Moyen-Âge ; petits tableaux ésotériques, voire parfois diaboliques, brossés avec finesse, qui entrainent le lecteur dans les pénombres crépusculaires de l’univers magique et secret des gnomes, fées, sylphides et autres troublants alchimistes.

Nous n’aurions pas pu apprécier non plus le poids des silences et la profondeur des ombres qui s’installent entre les lignes du recueil et qui en disent souvent autant, sinon plus parfois, que les ciselures de la phrase et les joyaux du verbe. – Le pianiste Vlado Perlemuter, grand interprète de Ravel, n’avait-il pas qualifié Bertrand d’« orfèvre des mots ?

Par bonheur donc,  et pour la littérature, et pour la musique, le recueil a séduit le compositeur Maurice Ravel. L’exceptionnelle qualité  de ses œuvres et sa très grande notoriété ont sans aucun doute aidé « Gaspard de la nuit »  et son auteur à traverser le temps.

I / ONDINE

Gaston BussièreNymphe des eaux

C’est le mouvement le plus gracieux et le plus délicat. Il commence comme un rêve. La musique arrive d’un ailleurs inconnu nimbant aussitôt l’auditeur de la sereine quiétude d’une nuit étoilée au bord d’un lac apaisé. Voluptueuse liberté de l’eau qui s’écoule, sensualité des reflets multicolores sur le miroir liquide que déforment quelques clapots, pour accompagner l’appel amoureux d’une naïade qui veut séduire cet humain sur le rivage et l’emmener au fond de son royaume subaquatique.

Tandis qu’il est confronté à la tâche délicate de maintenir continument l’atmosphère onirique du moment et la fluidité de l’ambiance aquatique du lieu, le pianiste doit laisser s’exprimer la mélodie, surimpression sonore qui traduit le discours des personnages. Épreuve difficile !  Ô combien !

II / LE GIBET

Albert Besnard

Tout ici est tristesse et désolation. Un lointain carillon lugubre sonne l’heure sombre propice aux questionnements inquiets. Tout l’art du pianiste réside dans sa capacité à garder son auditeur enveloppé dans une atmosphère d’angoissante monotonie qu’un soleil finissant traverse pour lui confirmer qu’au bout de la corde le pendu est bien mort, désormais exempt de toute émotion. 

III / SCARBO

C’est le plus célèbre mouvement de ce triptyque, celui-là même qui glace l’échine des interprètes tant il exige d’eux une transcendante virtuosité. Musique frénétique et bizarre qui fait appel à toutes les clés de la musique ou presque, pour rendre l’effet fantasque de ce gnome farfelu qui vient hanter le rêve du dormeur. Il saute, tressaute et sursaute bizarrement, produit des bruits agaçants, disparait et réapparaît sans cesse, suggérant une multitude d’images brèves et fantasques, hallucinations fugitives, dérangeantes, cauchemardesques.

Outre la kyrielle de talents qu’il faut au pianiste pour nous faire croire qu’il est ce gnome hyperactif, coiffé d’un bonnet rouge et pointu, il lui faut encore nécessairement, pour parvenir à l’effet recherché, maîtriser l’art subtil du percussionniste, tant Ravel sollicite ici cette spécificité de l’instrument. C’est à ce prix, terriblement élevé certes, qu’à l’instar de ce nain perturbateur, il  « grandira, entre la lune et [nous], comme le clocher d’une cathédrale gothique ». Mais pour notre plus grand plaisir !

𝄐

À suivre : Gaspard de la nuit’ 2/2 –

Une Zamba pour oublier

Dépit amoureux chorégraphique du Nord de l’Argentine, la Zamba est une danse sensuelle lente, au rythme circulaire marqué au temps par une percussion, qui tient les corps à distance de foulard pour donner au couple tout le loisir de jouer à travers les échanges de regards au jeu du « je t’aime, moi non plus ».

Chantée, c’est une poésie nostalgique et sensuelle par laquelle s’exprime l’éternel tourment des amoureux oscillant entre séduction et séparation.

Une Zamba pour oublier… ou pas !

Zamba para olvidar

Elle

Mais, selon moi, plus malheureux que tous est celui qui n’aime plus et ne peut oublier qu’il a aimé.

Adam Mickiewicz – La Résignation

No se para que volvistesi yo empezaba a olvidarno se si ya lo sabrasllore cuando vos te fuisteno se para que volvisteque mal me hace recordar.
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La tarde se ha puesto tristey yo prefiero callarpara que vamos a hablarde cosas que ya no existenno se para que volvisteya ves que es mejor no hablar
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Que pena me da saber que al finalde ese amor ya no queda nadasolo una pobre cancionda vueltas por mi guitarray hace rato que te extrañami zamba para olvidar.
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Mi zamba vivio conmigoparte de mi soledad.no se si ya lo sabras…mi vida se fue contigocontigo mi amor contigoque mal me hace recordar
.
Mis manos ya son de barrotanto apretar al dolory ahora que me falta el solno se que venis buscando.Llorando mi amor llorandotambien olvidame vos.
.
Que pena me da saber que al finalde ese amor ya no queda nadasolo una pobre cancionda vueltas por mi guitarray hace rato que te extrañami zamba para olvidar.

Lui (… mais pas sans Elle !)

Comment oublier jamais quelqu’un qu’on aime depuis toujours ?

Marcel Proust – A l’ombre des jeunes filles en fleurs
.

Mercedes Sosa  &  Diego Torres

Fulgurances – XXXIII – Délicatesses

Francis Poulenc 1899-1963

 

 

Deux délicatesses pour piano

sous le toucher de

Gila Goldstein

 

Improvisation N°15 en Ut mineur
« Hommage à Edith Piaf »

Novelette N°3 en mi mineur
Basée sur un thème emprunté à « El’amor brujo » de Manuel de Falla 

Enchantements du dialogue

Joaquin Turina
Espagne 1882-1949

Je suis un pur Sévillan qui ne connut Séville que lorsqu’il en fut parti. Effet d’ailleurs mathématique, car il est aussi nécessaire pour un artiste de s’expatrier pour bien connaître son pays que, pour un peintre, de reculer de quelques pas afin d’embrasser la totalité de son tableau.

 

‘Rapsodia sinfonica’ (1931)

– Pour le dialogue entre deux cultures, hispanique et française, qui se rejoignent dans le parcours de Joaquin Turina, partagé entre sa ville natale, Séville, et Paris, la ville de ses études musicales à la Schola Cantorum de Vincent d’Indy et de ses rencontres – inoubliables évidemment – avec Debussy et Ravel…

– Pour l’entente heureuse entre rythmes populaires enlevés et mélodies sensuelles tout droit venus du Flamenco andalou, et orchestration raffinée inspirée des compositions classiques européennes…

– Pour la relation intime qu’instaure entre le piano et l’orchestre la partition d’un concerto – qui, pour conserver toute sa liberté d’expression, ne dit pas son nom -, véritable chorégraphie sonore d’un pas de deux symphonique…

– Pour la qualité du dialogue subtile entre les musiciens de la Camerata Filarmónica Latinoamericana et leur cheffe Grace Echauri

– Pour le mariage enchanteur, aristocratique, de l’élégante virtuosité de Maria Dolores Gaitán avec l’incomparable distinction des sonorités de son piano Bösendorfer.

Les Nations, pour raviver leur « concert », ne devraient-elles pas pratiquer plus assidument le dialogue musical ?

Trois bonbons

Reynaldo Hahn 1874-1947

Je me vouvoie toujours quand, en colère, je m’en prends à moi-même. Car c’est bien trois douceurs, en effet, que j’ai saisies dans la bonbonnière du très élégant Reynaldo Hahn que Marcel Proust a tant aimé. Non pas celle que j’ai déjà fouillée si souvent, consacrée aux admirables mélodies qu’il a composées autour des poèmes de Verlaine, Hugo, Moréas, Coppée et tant d’autres, mais celle où il conserve ses délicieuses et raffinées oeuvres pour piano – piano seul, piano à quatre mains, deux pianos – dans laquelle, au vrai, trop peu de mains se perdent.

Mais, chacun le sait, je suis partageur… Alors, m’étant déjà pardonné moi-même, à votre tour, si je vous fais goûter à mon butin, me pardonnerez-vous ?

A l’ombre rêveuse de Chopin (Premières valses – 1898)
Eric Le Sage – piano

Hivernale (Le rossignol éperdu  / Série IV Versailles – 1899-1910)
Eric Le Sage – piano

Décrets indolents du hasard (Le ruban dénoué, suite de valses à deux pianos – 1915)
Lucas & Arthur Jussen – pianos

Cette série de valses a occupé quelques-uns de mes mornes loisirs en ces derniers mois. Je ne m’en exagère pas la valeur musicale. Mais j’ai tenté d’y fixer des instants qui auront compté dans ma vie. – Reynaldo Hahn