Flâner entre le rêve et le poème… Ouvrir la cage aux arpèges… Se noyer dans un mot… S'évaporer dans les ciels d'un tableau… Prendre plaisir ou parfois en souffrir… Sentir et ressentir… Et puis le dire – S'enivrer de beauté pour se forcer à croire !
Old Lodge Skins (Chef Cheyenne) In « Little Big Man » (film de Arthur Penn – 1970)
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Certaines personnes savent si bien puiser dans une tradition et une émotion, et si profondément, que leurs compositions qui en sont inspirées semblent avoir existé de toute éternité.
Rhiannon Giddens à propos d’Alice Gerrard, légende de la « folk music » et compositrice (en 2002) de « Calling me home »
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« … Mais toute âme a un chant », affirme le poète.
Qui en douterait frissonnant encore aux accents d’éternité de cette complainte du dernier voyage venue du folklore américain à travers la voix envoûtante de Rhiannon Giddens ?
Un vieil ami était allongé sur son lit de mort J’ai posé ma main sur sa maigre poitrine Et, pendant que je me penchais, dans un souffle il murmura : – Oh, ils m’appellent à la maison, Ils m’appellent à la maison.
Mon temps est venu de partir. Je sais que tu aimerais me voir rester, Mais mes amis d’hier me manquent. Oh, ils m’appellent à la maison, Ils m’appellent à la maison.
Je sais que tu te souviendras de moi quand je serai parti. Souviens-toi de mes histoires, chante encor mes chansons, Je les laisserai sur Terre, douces empreintes d’or. Oh, ils m’appellent à la maison, Ils m’appellent à la maison.
Alors, amis, rassemblez-vous et dites-moi adieu. Mon corps est enchainé mais mon âme peut voler. Ma petite lumière brille déjà dans le ciel. Oh, ils m’appellent à la maison, Ils m’appellent à la maison.
Mon temps est venu d’embarquer. Je sais que tu voudrais me voir rester. Mais mes amis d’hier me manquent. Oh, ils m’appellent à la maison, Ils m’appellent à la maison.
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Bis ! Pour faire durer le plaisir du voyage…
Pour rester encore un peu en vol !
Roland Barthes – ‘Fragments d’un discours amoureux’ (Seuil – 1977)
E benedetto il primo dolce affanno
Ch’i’ ebbi ad esser con Amor congiunto,
E l’arco e la saette ond’ i’ fui punto,
E le piaghe, ch’infino al cor mi vanno.
Claudio Monteverdi (Cremona 15 mai 1567 – Venezia 29 novembre 1643)
Ah ! le doux tourment de l’amour !
Témoignage irrécusable de la contradiction constitutive de notre psyché, cet oxymore, que le temps n’a affecté d’aucune ride, aura parcouru les âges, jusqu’à notre propre cœur, à travers les soupirs des amants, certes, entre les lignes des romanciers et les répliques des dramaturges, sur les vers des poètes, et, naturellement, à travers les refrains et les ritournelles d’amour aux accents métissés de rires et de larmes.
En est-il un plus séduisant exemple musical que ce madrigal désormais célèbre, ‘Si dolce è’l tormento’, que composa en 1624 le génial Claudio Monteverdi sur les vers de Carlo Milanuzzi, son contemporain ?
— Aussi nous réjouissons-nous toujours à son écoute dans la tradition ‘baroque’, surtout quand est aussi belle son interprétation :
Mariana Florès(soprano)
Ensemble ‘Cappella Mediterranea’
Direction Leonardo García Alarcón
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— Mais n’adorerions-nous pas nous laisser emporter, par une adaptation inattendue, dans les profondeurs de la voix d’une formidable chanteuse de ‘folk’ & ‘blues’ qu’escorteraient, bienveillants et graves, les arpèges d’un banjo ténor ?
Rhiannon Giddens
Francesco Turrisi (banjo)
Si doux est le tourment dans ma poitrine que je vis heureusement pour une beauté cruelle. Au paradis de la beauté, que la cruauté grandisse et que la miséricorde manque : car ma foi sera toujours comme un roc, face à l’orgueil. . Que l’espoir trompeur se détourne de moi, que ni la joie ni la paix ne descendent sur moi. Et que la méchante fille que j’adore me prive du réconfort de la douce miséricorde : au milieu d’une douleur infinie, au milieu d’un espoir trahi, ma foi survivra. . Le cœur dur qui m’a volé le mien n’a jamais ressenti la flamme de l’amour. La beauté cruelle qui a charmé mon âme refuse la miséricorde, qu’il souffre donc, repentant et languissant, et qu’il soupire un jour pour moi.
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C’est le désir d’être aimé, quand on aime, qui fait les grands tourments. Une âme qui serait assez pure et assez dévouée pour ne rien demander, que d’aimer, serait heureuse ; car aimer, c’est déjà le bonheur.
Arkhip KUINDZHI – Le reflet de la Lune sur le Dniepr. 1880,
Der Wanderer an den Mond
Ich auf der Erd’, am Himmel du,
Wir wandern beide rüstig zu:
Ich ernst und trüb, du mild und rein,
Was mag der Unterschied wohl sein?
Ich wandre fremd von Land zu Land,
So heimatlos, so unbekannt;
Bergauf, bergab, Wald ein, Wald aus,
Doch bin ich nirgend, ach! zu Haus.
Du aber wanderst auf und ab
Aus Ostens Wieg’ in Westens Grab,
Wallst Länder ein und Länder aus,
Und bist doch, wo du bist, zu Haus.
Der Himmel, endlos ausgespannt,
Ist dein geliebtes Heimatland:
O glücklich, wer, wohin er geht,
Doch auf der Heimat Boden steht!
Johann Gabriel Seidl 1804-1875
Franz Schubert 1797-1828
Benjamin Appl (baryton) chante Schubert :
« Der Wanderer an den Mond » D.870
Au piano : James Baillieu
Le voyageur à la lune
Moi sur la terre, toi dans le ciel, nous suivons notre route d’un pas vif ; moi grave et troublé, toi douce et pure, quelle peut donc être cette différence ?
Étranger, je vais de pays en pays, sans patrie, inconnu de tous ; par monts et par vaux, par forêts et prairies, mais nulle part, hélas, je ne suis chez moi.
Toi, en revanche, tu sillonnes le monde du berceau du couchant au tombeau du levant, tu flottes au firmament d’innombrables pays, et tu es pourtant chez toi là où tu es.
Le ciel, qui s’étend à l’infini, est ton foyer chéri : heureux celui qui, quel que soit son but, foule toujours le sol de sa patrie !
En dehors de l’enfance et de l’oubli, il n’y a que la grâce qui puisse vous consoler d’exister ou qui puisse vous donner la plénitude, le ciel sur la terre et dans le cœur.
Eugène Ionesco – Journal en miettes (1967)
Facétieuse sagesse de l'âge :
Un vieux monsieur, ostensiblement agacé de ne pouvoir retrouver son chemin dans les quartiers de sa jeunesse transformés par les reconstructions récentes, avise un passant, au moins aussi âgé que lui, mais qui semble parfaitement à l'aise dans ce décor moderne, et lui demande sa route :– Pourriez-vous m'indiquer, je vous prie, la "Place de l'Enfance"?– Bien sûr ! répond gracieusement le passant. Là ! dit-il dans un généreux sourire en pointant son index sur le sein gauche de son interlocuteur.
‘Young at heart’
Ballade composée en 1953 par Johnny Richards Paroles de Carolyn Leigh
Répertoire de Frank Sinatra
Emmet Cohen – Piano
Lucy Yeghiazaryan – Vocals
Benny Benack III – Trumpet
Mark Lewandowski – Bass
Joe Farnsworth – Drums
Les contes de fées peuvent devenir réalité
Et cela pourrait aussi t’arriver
Si tu gardes ton âme d’enfant.
Tu trouveras bien difficile
De garder l’esprit étroit
Avec le cœur d’un d’enfant.
Ainsi tu peux toujours viser la lune
Avoir d’impossibles projets,
Tu peux même rire quand tes rêves
En poussière sont balayés.
La vie est plus passionnante chaque jour qui s’enfuit,
L’amour est dans ton cœur, ou il est sur le chemin.
Ne sais-tu pas que ça vaut
Tous les trésors de la terre
De garder son âme d’enfant ?
Pour aussi riche que tu sois
Il est bien meilleur, et de loin
De rester jeune dans ton cœur !
Et si tu vis jusqu’à cent ans
Regarde tous les cadeaux de la vie,
Et surtout le plus beau d’entre eux :
Avoir reçu le privilège
De préserver ton cœur d’enfant !
Je trouve que la poésie ne devrait jamais vraiment se traduire.
Jean-Louis Trintignant (France-Culure, 6/07/2004)
Maria Bethania chante « Estado de poesia »
Estado de poesia
Para viver em estado de poesia Me entranharia nestes sertões de você Para deixar a vida que eu vivia De cigania antes de te conhecer De enganos livres que eu tinha porque queria Por não saber que mais, dia menos dia Eu todo me encantaria pelo todo do teu ser
Pra misturar meia-noite, meio-dia E enfim saber que cantaria a cantoria Que há tanto tempo queria, a canção do bem querer É belo, vês o amor sem anestesia Dói de bom, arde de doce Queima, acalma, mata, cria
Chega tem vez que a pessoa que enamora Se pega e chora do que ontem mesmo ria Chega tem hora que ri de dentro pra fora Não fica nem vai embora, é o estado de poesia…
≅
État de poésie
Pour vivre dans un état de poésie, Je traverserai tes déserts. J’abandonnerai la vie de bohème Que j’ai vécue avant de te rencontrer Les illusions gratuites que j’ai cherchées, et nourries Pour ne pas avoir su que, tôt ou tard, Tout de toi m’enchanterait Pour confondre minuit et midi Et enfin savoir que j’improviserai cette chanson Qui depuis longtemps couvait en moi, la chanson du bel amour. C’est beau, tu vois, l’amour sans anesthésie. Douleur du bonheur, brûlure de douceur, Qui calme, qui tue, qui crée. Parfois sous l’emprise de l’amour On est surpris et on pleure pour ce qui hier encore faisait rire, Et jusqu’aux rires les plus fous. Il ne reste ni ne part, c’est ça l’état de la poésie…
Tango où chaque note tombe lourdement, comme par dépit, sous la main qui se voue plutôt à saisir un manche de couteau,
Tango tragique dont la mélodie joue sur un thème de dispute,
[…]
Tango d’amour et de mort
Ricardo Güiraldes (Cencerro de cristal – 1915)
∞
"Maria de Buenos Aires" Opéra-tango ("Tango operita") en deux parties, sur un livret d’Horacio Ferrer et sur une musique d’Astor Piazzolla, créé en mai 1968 à Sala Planeta, Buenos Aires, comme un hommage au tango.
Une légende urbaine du début du XXème siècle inspire l'histoire de cet opéra qui retrace le parcours d'une jeune femme, Maria, ouvrière dans une usine des faubourgs de Buenos Aires.
La première partie relate son ascension vers le succès alors qu'elle est devenue chanteuse admirée dans les bordels et cabarets de la ville.
La seconde raconte son déclin et sa mort.
Le décor planté, Maria se présente sur un air de tango envoûtant : "Yo soy María".
Après une succession nocturne de péripéties oniriques, surréalistes, alors que son fantôme, comme un air de tango réincarné, traverse les rues de la ville, Maria recevra la révélation de sa fécondité.
A l'aube, certains auront cette vision surnaturelle de Maria accouchant.
Tout est-il fini ? Est-ce un recommencement ? La réponse restera cachée dans les plis énigmatiques du rideau qui emporte loin de la scène les dernières notes du tango réinventé.
Dans un clip vidéo récent, Fatma Saïd – trop angélique peut-être pour refléter l’arrogance et la morgue d’un tel personnage – n’en demeure pas moins une troublante Maria :
Yo soy María de Buenos Aires! De Buenos Aires María ¿no ven quién soy yo? María tango, María del arrabal! María noche, María pasión fatal! María del amor! De Buenos Aires soy yo!
Yo soy María de Buenos Aires si en este barrio la gente pregunta quién soy, pronto muy bien lo sabrán las hembras que me envidiarán, y cada macho a mis pies como un ratón en mi trampa ha de caer!
Yo soy María de Buenos Aires! Soy la más bruja cantando y amando también! Si el bandoneón me provoca… Tiará, tatá! Le muerdo fuerte la boca… Tiará, tatá! Con diez espasmos en flor que yo tengo en mi ser!
Siempre me digo « Dale María! » cuando un misterio me viene trepando en la voz! Y canto un tango que nadie jamás cantó y sueño un sueño que nadie jamás soñó, porque el mañana es hoy con el ayer después, che!
Yo soy María de Buenos Aires! De Buenos Aires María yo soy, mi ciudad! María tango, María del arrabal! María noche, María pasión fatal! María del amor! De Buenos Aires soy yo
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Je suis Maria de Buenos Aires ! De Buenos Aires Maria Ne voyez-vous pas qui je suis ? Maria tango, Maria de la banlieue ! Maria nuit, Maria passion fatale ! Maria de l’Amour ! De Buenos Aires je suis !
Je suis Maria de Buenos Aires si dans ce quartier les gens se demandent qui je suis, ils connaîtront bientôt la réponse les femelles m’envieront, et chaque mec à mes pieds tombera dons mon piège comme un rat.
Je suis Maria de Buenos Aires ! Je suis la plus salope quand je chante et quand je baise aussi ! Si le bandonéon me provoque… Tiará, tatá ! Je lui mords la bouche avec force… Tiará, tatá ! Avec les dix spasmes en fleur que je porte en moi !
Je me dis toujours : « Vas-y Maria ! » quand un mystère me saute à la gorge ! Et je chante un tango que personne n’a jamais chanté Et je rêve un rêve que personne n’a jamais rêvé Car demain c’est aujourd’hui et hier bien après, hein !
Je suis Maria de Buenos Aires ! De Buenos Aires, ma ville ! Maria tango, Maria de la banlieue ! Maria nuit, Maria passion fatale ! Maria de l’Amour ! Maria de Buenos Aires… C’est moi !
L’arbre, on ne pense pas assez à ses feuilles. Si on y pensait on prendrait plus soin de ses racines.
Gilles Vigneault
Le Poète
Je prendrai dans ma main gauche Une poignée de mer Et dans ma main droite Une poignée de terre, Puis je joindrai mes deux mains Comme pour une prière Et de cette poignée de boue Je lancerai dans le ciel Une planète nouvelle Vêtue de quatre saisons Et pourvue de gravité Pour retenir la maison Que j’y rêve d’habiter. Une ville. Un réverbère. Un lac. Un poisson rouge. Un arbre et à peine Un oiseau. Car une telle planète Ne tournera que le temps De donner à l’Univers La pesanteur d’un instant.
Voici une douce ballade que j’aurais volontiers chantée au Paris que j’ai tant aimé jadis, lorsque cette bien jolie touriste n’était encore que le projet de ses parents et la caméra super 8 vintage qu’elle utilise aujourd’hui une formidable nouveauté technologique.
Sauver Paris, c’est plus que sauver la France, c’est sauver le monde.
… Moi qui chaque jour, depuis des années, sur les marches de la Butte Montmartre, glisse mes pas sur les traces qu’ont laissées tant de vos illustres pairs, je dois vous dire, cher Victor Hugo, que si votre remarque est avérée, je crains fort pour le sort du monde.
Puissent ses transformations ne s’inspirer jamais de notre Paris d’aujourd’hui… !
O tempora, o mores !
∑
Passenger chante
« The Way That I Love You »
The Way That I Love You
How many times can I tell you You’re lovely just the way you are Don’t let the world come and change you Don’t let life break your heart
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Don’t put on their mask, don’t wear their disguise Don’t let them dim the light that shines in your eyes If only you could love yourself the way that I love you
.
How many times can I say You don’t have to change a thing Don’t let the tide wash you away Don’t let worry ever clip your wings
.
Discard what is fake, keep what is real Pursue what you love, embrace how you feel If only you could love yourself the way that I love you
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And if you ever choose a road that leads nowhere All alone and you can’t see right from wrong And if you ever lose yourself out there Come on home and I’ll sing you this song
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So how many times can I tell you You’re lovely just the way you are Don’t let the world come and change you Don’t let life break your heart
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— ¤ —
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Ma manière de t’aimer
Combien de fois dois-je te le dire Tu es adorable telle que tu es Ne laisse pas le monde te transformer Ne laisse pas la vie briser ton cœur
Ne mets pas leur masque, ne porte pas leur déguisement Ne les laisse pas voiler la lumière qui brille dans tes yeux Si seulement tu pouvais t’aimer comme je t’aime
Combien de fois dois-je te le dire Tu n’as rien à changer Ne laisse pas la marée t’emporter Ne laisse jamais l’inquiétude te couper les ailes
Préserve-toi du faux, encourage le vrai Poursuis ce que tu aimes, rassemble ce que tu ressens Si seulement tu pouvais t’aimer comme je t’aime
Et si jamais tu choisissais une route qui ne mène nulle part Toute seule sans distinguer le bon grain de l’ivraie Et si jamais tu te perdais toi-même là-bas Viens à la maison et je te chanterai cette chanson
Alors combien de fois dois-je te le dire Tu es adorable telle que tu es Ne laisse pas le monde te transformer Ne laisse pas la vie briser ton cœur
Y así pasan los días
Y yo desesperando
Y tu, tu contestando
Quizás, quizás, quizás
Et passent les jours Et je me désespère Et toi tu me dis Peut-être, peut-être, peut-être
Dialogue de vieux couple, peut-être !
Mais pourtant, cet inoubliable boléro qui depuis 1947 a traversé le temps à travers mille interprétations sans prendre une ride, est né d’un compositeur cubain d’une quarantaine d’années, Osvaldo Farrés inspiré par une jeune femme d’à peine plus de vingt ans, Mary Tarrero-Serrano, épouse de celui qui n’allait pas tarder à devenir le 11ème Président de Cuba, Carlos Prío Socarrás.
Pour la petite histoire, Osvaldo Farrés, compositeur aux nombreux succès internationaux, ne savait, dit-on, ni lire, ni écrire la musique.
Quant à sa relation avec la Première Dame… Quizas, quizas, quizas ?
Ibrahim Ferrer (1927-2005) & Omara Portuondo (91 ans) deux légendes de la musique cubaine accompagnées au piano par Roberto Fonseca
Siempre que te pregunto Que cómo, cuándo y dónde Tu siempre me respondes Quizás, quizás, quizás
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Y así pasan los días Y yo desesperando Y tu, tu contestando Quizás, quizás, quizás
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Estas perdiendo el tiempo Pensando, pensando Por lo que mas tu quieras Hasta cuándo, hasta cuándo
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Y así pasan los días Y yo desesperando Y tu, tu contestando Quizás, quizás, quizás
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Estas perdiendo el tiempo Pensando, pensando Por lo que mas tu quieras Hasta cuándo, hasta cuándo
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Estas perdiendo el tiempo Pensando, pensando Por lo que mas tu quieras Hasta cuándo, hasta cuándo
.
Y así pasan los días Y yo desesperando Y tu, tu contestando Quizás, quizás, quizás
On a dit avec raison que le but de la musique, c’était l’émotion. Aucun autre art ne réveillera d’une manière aussi sublime le sentiment humain dans les entrailles de l’homme ; aucun autre art ne peindra aux yeux de l’âme, et les splendeurs de la nature, et les délices de la contemplation, et le caractère des peuples, et le tumulte de leurs passions, et les langueurs de leurs souffrances.
George Sand – Consuelo
Mais de tous ces enchantements,
N’y a-t-il rien de plus charmant
Que le sourire de tendresse
D’une âme oubliant sa détresse.
Zdes’ khorosho… Vzgljani, vdali Ognjom gorit reka; Cvetnym kovrom luga legli, Belejut oblaka. Zdes’ net ljudej… Zdes’ tishina… Zdes’ tol’ko Bog da ja. Cvety, da staraja sosna, Da ty, mechta moja!
Ici il fait bon vivre… Regarde, au loin La rivière est en feu ; Les prairies sont des tapis de couleurs, Les nuages sont blancs. Ici il n’y a personne… Ici c’est le silence… Ici il n’y a que Dieu et moi, Les fleurs, le vieux pin, Et toi, mon rêve !
Ici, c’est bien ! Mais à chacune, à chacun, sa manière de l’exprimer !
Romantique… contemplation mélancolique : Ilona Domnich accompagnée au piano par Marc Verter
Romantique… langoureux mais non sans passion : Aida Garifullina · RSO – Wien · Direction : Cornelius Meister
Romantique… l’âme russe jusqu’au bout des doigts : Irina Lankova – Salle Gaveau – Paris (octobre 2021)
Romantique… l’archet pleure… mais en famille : Sheku Kanneh-Mason (violoncelle) et Isata Kanneh-Mason (piano)
Y te vas hacia allá como en sueños
Dormida, Alfonsina, vestida de mar*
Paroles de la chanson « Alfonsina y el mar »
*Et tu t’en vas là-bas, comme dans un rêve, Endormie, Alfonsina, et toute vêtue de mer
Stèle d’Alfonsina Storni à Mar del Plata
Depuis sa création par Mercedes Sosa, en 1969, cette chanson de Ariel Ramirez et Félix Luna, « Alfonsina y el mar », inspirée par le triste destin de la poétesse argentine Alfonsina Storni, nous a charmés et émus à travers bien des interprétations, pourtant très différentes les unes des autres.
En voici une nouvelle, aussi originale qu’inattendue, elle aussi pleine de charme, de poésie et d’émotion… et plus encore. Elle nous est offerte par l’iconique bassiste de jazz, Richard Bona et son complice, le pianiste cubain Alfredo Rodriguez, depuis le Festival de Jazz de Vienne (Isère) en juillet 2021.
Un enchantement, le trait d’humour en plus !
Les très jeunes « Perles d’Orphée », en décembre 2012, avaient consacré un billet à cette douce chanson et à l’histoire de cette « Ophélie » argentine dont le destin tragique inspira la délicate sensibilité des auteur et compositeur :
Nous terminions à peine l’une des dernières mini bouteilles du non moins mini réfrigérateur quand, sans se départir de son charmant sourire qui m’aurait fait me damner, Nicki m’annonça qu’elle devait rentrer.
Aux fallacieux arguments qu’elle invoquait – la colère de son père, l’inquiétude de sa sa mère, les soupçons de sa sœur, les cancans des voisins… – je ne trouvais, pour la retenir, qu’un seul argument, bien banal : « Chérie, il fait froid dehors ! »
Et, alors qu’à mon grand désespoir j’étais prêt à abdiquer, je décidais, stratégie ultime, de dire, à mon tour, que je devais partir…
Elle n’a pas voulu que j’attrape froid.
Et comme je m’apprêtais à lui servir un verre de Limoncello, pour mieux encore continuer ce doux tête-à-tête qu’aucun de nous deux, au vrai, ne souhaitait interrompre, je reçus violemment en plein visage le bouchon d’une bouteille de champagne ouverte avec trop d’enthousiasme par un maladroit Père Noël qui s’agitait au milieu d’une publicité télévisée.
Car le poète est un four à brûler le réel. De toutes les émotions brutes qu’il reçoit, il sort parfois un léger diamant d’une eau et d’un éclat incomparables. Voilà toute une vie comprimée dans quelques images et quelques phrases. Pierre Reverdy