Café 1930

Nous pouvons discuter le tango et nous le discutons, mais il renferme, comme tout ce qui est authentique, un secret.

Jorge Luis Borges

Pour moi, le domaine d’élection du tango a toujours été l’oreille plutôt que les pieds.

Astor Piazzolla

Chloe Chua (violon) & Kevin Loh (guitare)

Astor Piazzolla – « Café 1930 » (« Histoire du Tango –  II »)

« Le tango nous offre à tous un passé imaginaire » disait encore Borges que le sujet passionnait. (« Que les sujets » devrais-je écrire : le tango… et l’imaginaire !).

A n’en pas douter, eu égard à leur très jeune âge, ce n’est qu’à travers les récits, les documents historiques et les partitions que ces deux très jeunes musiciens d’exception ont découvert le tango et son époque. Peut-être même n’avaient-ils jamais entendu le mot « bordel » auparavant… ?
Mais cette connaissance, aussi développée soit-elle, même associée à l’excellence de la technique instrumentale, saurait-elle seule suffire à insuffler à une interprétation musicale autant de profondeur et d’authenticité expressive ?

Je veux croire que c’est dans ce « passé » qui, à l’évidence, n’appartient ni à leur génération ni à leur culture, – « imaginaire » donc – qu’ils puisent, au-delà d’eux mêmes, la justesse de leur captivante interprétation.
Quelle plus belle manière de transmettre « L’Histoire du Tango » racontée en musique par l’un de ses plus fervents admirateurs et serviteurs, Astor Piazzolla. 

Humeur de printemps : allégresse mélancolique

Victor Borissov-MoussatovPrintemps (1901)

Voilà longtemps que je vous aime :
L’aveu remonte à dix-huit ans !
Vous êtes rose, je suis blême ;
J’ai les hivers, vous les printemps.

Théophile Gautier – « Dernier vœu »

Tout le printemps des paysages et des rivières monte comme un encens dans mon cœur, et le souffle de toutes choses chante en mes pensées comme une flûte.

Rabindranath Tagore – « L’offrande lyrique »

¤

Philippe Bernold, flûte, Ariane Jacob, piano
interprètent le 1er mouvement (« Allegro malinconico »)
de la Sonate pour flûte et piano de Francis Poulenc

Déjà en 1952 Poulenc exprime son désir de composer une sonate pour flûte traversière et piano. En témoignent ses correspondances avec son ami le chanteur Pierre Bernac et avec son éditeur. Mais ce n'est qu'en 1956, à l'occasion d'une commande de la Fondation Coolidge que l'occasion lui sera offerte de réaliser ce projet.

La pianiste Elizabeth Sprague Coolidge, grande mécène de la musique de chambre aux États Unis avait commandé des œuvres du genre à nombre de compositeurs de son temps, comme Ravel, Schoenberg, Honegger, Prokofiev et tant d'autres tout aussi illustres.
A sa mort en 1953, elle lègue une importante part de sa fortune à la Fondation qui porte son nom.

Par cette commande de 1956 à la mémoire de sa fondatrice, Poulenc, qui n'avait eu aucune connaissance préalable de la fondation - ni de la pianiste d'ailleurs - en devient lui aussi bénéficiaire.
Comme il se doit donc, officiellement cette sonate est dédiée à Elizabeth Coolidge, mais chacun dans l'entourage du compositeur sait bien que le véritable dédicataire est le célébrissime flûtiste Jean-Pierre Rampal avec qui Poulenc créa l’œuvre en 1957.

Un arc-en-ciel en enfer / I – L’histoire

Ce double billet – ainsi que quelques autres de la même période – avait initialement été publié en octobre 2013 sur un blog ami, à la demande convaincante de son créateur.
Je l’annonçais ainsi sur « 
Perles d’Orphée » : « Un arc-en-ciel en enfer »

Depuis, les choix éditoriaux dudit blog ont changé et cette évolution a conduit à la  suppression, légitime certes, mais trop « confidentielle » à mon goût, de l’ensemble des billets que je lui avais destinés, dont celui-ci, évidemment.
Mon profond attachement au « Quatuor pour la fin du temps » d’Olivier Messiaen m’a donné envie d’offrir une nouvelle vie à cette modeste publication… en la rafraîchissant quelque peu, et en me remémorant ce bon vieux dicton : « un petit chez soi vaut mieux qu’un grand chez les autres. »

§

Görlitz (Silésie) 1940-42 – Vue générale du camp de prisonniers © fotopolska.eu

Görlitz – 15 janvier 1941, quelques minutes après 17 heures.

Comme chaque soir de l’hiver la nuit glacée a enseveli les baraquements hagards du camp sous un lourd linceul de poix épaisse. Quelques bulles de lumière blanchâtre et mouillée suspendues au sommet des piquets de clôture révèlent à peine les ornières d’ombre boueuse des travées. Les hommes épuisés par les rudesses impitoyables du travail forcé ont enfin rejoint leurs paillasses sur lesquelles ne tarderont pas à s’abîmer, pour un trop court moment de répit, rêves déçus et espoirs vaincus.

Ainsi va, terriblement étirée entre sordide et morbide, oubliée dans la vaste plaine de Silésie, la vie du camp de prisonniers de Görlitz. Et tout, ce soir comme tous les autres soirs, devrait se fondre dans l’invariable désolation du temps.

Pourtant, au Stalag VIII A, un rossignol posé sur le point le plus haut d’un arc-en-ciel déployé par deux anges de l’Apocalypse et enjambant cette parcelle de l’enfer, se met à chanter, comme un appel à la réunion des âmes :

Tapisserie de l’Apocalypse – Angers – XIVième siècle

Quatre prisonniers chaussés de sabots de bois et vêtus de vieux uniformes rapiécés, confisqués par leurs gardiens à des soldats tchèques, se préparent à interpréter, devant un improbable auditoire de quelques centaines de personnes, composé d’autres prisonniers, d’officiers allemands et de voisins du camp, une œuvre musicale inédite dont l’écriture est à peine terminée.
Lequel d’entre eux pourrait imaginer qu’il assiste à la première d’une exceptionnelle œuvre musicale qui bientôt s’imposera comme la pièce maîtresse de la musique de chambre du XXème siècle contribuant à l’immense renommée mondiale de son compositeur : le « Quatuor pour la fin du temps » ?
Captif comme ses trois compagnons musiciens, Olivier Messiaen, auteur de la partition, s’installe au piano.

Après un concert d’une cinquantaine de minutes de musique venue du Ciel, l’enthousiasme des applaudissements et des bravos ne réussit pas à masquer les émotions entremêlées des prisonniers et des gardiens. Peu, sans doute, avaient « compris » cette musique, mais tous étaient heureux. En enfer, mais heureux !

Quelques temps auparavant, peu après l’arrivée du prisonnier Messiaen au Stalag VIII A, les circonstances favorables s’étaient conjuguées pour qu’eût lieu cet incroyable évènement, sans que personne, jamais, ne pût même en formuler l’augure. D’abord, un officier allemand, amateur de musique, proposait au compositeur de lui fournir papier à musique et crayons. Une aubaine. Il s’arrangeait également pour réduire ses corvées afin de le laisser se réfugier tranquillement aux latrines pour composer. Parmi ses compagnons de captivité, d’autre part, Messiaen retrouvait le clarinettiste Henri Akoka et le violoncelliste Étienne Pasquier – fondateur avec ses deux frères du célèbre trio Pasquier. Le violoniste Jean Le Boulaire, également détenu, rejoignait le groupe.

Alors, j’ai écrit pour eux et pour moi-même, qui devais tenir la partie de piano, ce quatuor pour violon, clarinette, violoncelle et piano. C’était les gens que j’avais à côté de moi. Mais je l’ai écrit absolument sans instrument, n’ayant absolument aucun moyen de vérification, uniquement par l’audition intérieure.

Ainsi s’exprimait Olivier Messiaen lors d’une interview diffusée par Radio-Canada en 1988, expliquant du même coup pourquoi la formation instrumentale de ce quatuor, fruit des circonstances, est si peu habituelle.

Messiaen poursuivait son récit :

Mais je ne l’ai pas entendu, sauf trois jours avant ma libération : les officiers allemands ont décidé, puisque j’avais fait cette œuvre en captivité, qu’on allait la donner pour les camarades de captivité. Alors, on a réuni, dans un immense bloc, malgré le froid intense et tout, on a réuni, je ne sais pas, moi ! des milliers de personnes de toutes les classes de la société, des ouvriers, des prêtres, des médecins, des directeurs d’usine, des professeurs de lycée, enfin des gens de tous genres et de tout poil, et on a donné pour eux ce quatuor – très mal, c’était horrible. Moi, j’avais un piano droit dont les touches s’enfonçaient et ne voulaient pas se relever. Quand j’avais fait un trille, il fallait que je reprenne les touches à la main pour qu’elles remarchent. Le pauvre Akoka avait une clarinette dont une des clefs avait fondu à côté d’un poêle, et le pauvre Pasquier jouait sur un violoncelle à trois cordes. Heureusement, il avait l’Ut grave. Sans cela il n’aurait pas pu jouer du tout. Eh bien ! Malgré ces circonstances abominables, nous avons joué, et je ne sais pas si le public a compris, parce que ce n’était pas des connaisseurs en musique, mais c’était des gens malheureux comme nous. Ils ont été tout de même touchés parce qu’ils étaient malheureux et que nous étions aussi malheureux et que c’était une œuvre faite par un compagnon de captivité, et ça a été, je crois, le plus beau concert de toute mon existence.

(Les citations sont empruntées à : Lucie Renaud / 1 avril 2002 – La Scena Musicale, vol. 7 n°7)

Quelques bémols à ce récit toutefois pour tempérer la coquetterie un tantinet affabulatrice de la mémoire de Messiaen, – on ne saurait lui en tenir rigueur. C’est Étienne Pasquier, le violoncelliste, âgé de 90 ans en 1995, peu de temps avant sa disparition, qui les ajoute à l’occasion d’un entretien.

Sur bien des points son discours rejoint celui du compositeur, évidemment, toutefois quand Messiaen dit n’avoir entendu son quatuor que peu de temps avant la représentation, Pasquier précise que de fréquentes séances de répétition avaient lieu le soir, après le travail et jusqu’à l’extinction des feux, dans la baraque du théâtre qui avait été mise à la disposition du compositeur.  S’il confirme, en effet, les terribles difficultés que présentait le piano dont les touches restaient enfoncées, il rappelle que le violoncelle qu’il jouait le soir de la représentation avait bien toutes ses cordes. Étienne Pasquier avait même, précise-t-il, obtenu quelque temps auparavant la permission de se rendre en ville pour acheter son modeste instrument. « On ne peut venir à bout d’un morceau aussi difficile que le ‘ Quatuor pour la fin du temps ‘ avec trois cordes seulement » conclut-il.*

Olivier Messiaen (1908-1992)

Enfin, si dans l’enthousiasme du souvenir Messiaen avait gardé l’image de milliers d’auditeurs, Pasquier, plus prosaïquement, se souvient qu’ils n’étaient que quelques centaines, tout au plus 500. Un seul, me semble-t-il, aurait suffi pour que fût accompli le miracle.*

*Ces informations tirées de l’interview d’Étienne Pasquier sont extraites du livret du CD Deutsche Grammophon – version Chung – Shaham – Meyer – Wang.

Miracle de la musique, encore. Quelques semaines après ce concert extraordinaire, des officiers allemands vinrent dire à Messiaen que les membres du quatuor seraient bientôt rapatriés vers Paris, c’est à dire libérés. A l’étonnement du compositeur, l’un d’eux répondit par un argument aussi fallacieux que sympathique : les « soldats-musiciens » ne portant pas d’armes, leur détention est sans objet.

En juin 1941, le « Quatuor pour la fin du temps » a été joué à Paris avec Olivier Messiaen au piano, Étienne Pasquier au violoncelle, comme à Görlitz, mais le violoniste, ayant depuis choisi l’art dramatique, fut remplacé par un des frères Pasquier, ainsi que fut aussi remplacé le clarinettiste Jean Akoka qui était juif et devait rester caché.

Deux mots (très insuffisants) à propos du compositeur

Olivier Messiaen (1908-1992)

Pas toujours compris, mais très admiré, Olivier Messiaen a consacré sa vie à la composition et à la pédagogie. Parmi les disciples qu’il révéla Boulez, Xenakis, Stockhausen, dont les partitions révèlent souvent les traces de l’influence du maître.

Les thématiques chez Messiaen se combinent autour de trois ordres :
– l’amour humain dont le modèle serait Tristan et Yseult ;
– la nature, source permanente à laquelle il s’abreuve continuellement, les chants d’oiseaux en constituant une représentation majeure ;
– et sa foi catholique profonde qui l’habitera jusqu’à sa dernière heure en avril 1992. Il aimait à dire qu’il était né croyant.

Il se voulait d’ailleurs plus théologique que mystique, et ne manquait pas une occasion de se référer, de commenter ou de citer avec force précision les grands textes chrétiens. Ainsi, fait-il précéder ce quatuor d’une citation de l’Apocalypse de Jean, inspiration centrale de l’œuvre.

Le « Quatuor pour la fin du temps » et la musique du XXème siècle

L’importance inestimable de ce joyau de la musique de chambre dépasse largement la séduction de l’auditeur, par la place historique qu’il occupe : c’est d’une part la première fois que les chants d’oiseaux entrent dans le monde de la musique, et c’est par le truchement de cette composition, d’autre part, que Messiaen s’exprime largement sur ses conceptions rythmiques, proposant un horizon nouveau à l’écriture musicale.

Chagall – Triomphe de la musique – Panneaux du Metropolitan Opera

Par ailleurs, plus encore que Scriabine ou Schoenberg, Messiaen a approfondi la recherche des liens entre la musique et les couleurs. Possédait-il le don – ou l’anomalie pathologique – de synopsie, lui permettant d’associer spontanément une couleur à chaque note ? La question reste posée, mais dans ce quatuor et particulièrement au 7ème mouvement « Fouillis d’arcs-en-ciel, pour l’Ange qui annonce la fin du Temps », sa volonté de faire éclater les couleurs au milieu des sonorités ne saurait se dissimuler.

A partir de cette composition, née en situation de crise, l’écriture de Messiaen ne sera plus vraiment la même. « Catalogue d’oiseaux » (1956-1958) ou « Chronochromie » (1960) doivent sans doute beaucoup à la composition du quatuor qui marque peut-être le temps d’un dernier passage du compositeur dans le monde de la tonalité.

A suivre

Un arc-en-ciel en enfer / II – La musique

Olivier Messiaen : « Quatuor pour la fin du temps »

Kreutzer Sonata 3/3 – Janáček : L’ombre s’étire…

Edgar Degas - Violoniste et jeune femme tenant un cahier de musique
Edgar Degas – Violoniste et jeune femme tenant un cahier de musique

Voilà déjà quelques années que l’Europe musicale a reconnu le talent du compositeur tchèque Leoš Janáček, et Prague tout particulièrement depuis la représentation en 1916  de son opéra Jénufa.

Leos Janacek - 1854-1928
Leos Janacek – 1854-1928

En 1923, pour répondre à une commande, Janáček compose  son premier quatuor à cordes. Il s’inspire pour la circonstance de la « Kreïtserova sonata » de Tolstoï, qui d’ailleurs ne catalyse pas son émotion pour la première fois, le compositeur ayant, semble-t-il, déjà puisé dans cette nouvelle la matière d’une partition, désormais introuvable, pour trio.

Ému par le sort dramatique de cette épouse assassinée, dont rien de surcroît ne prouve l’adultère, Janáček – qui d’ailleurs vit une relation passionnée avec une jeune femme de 35 ans sa cadette – préfère, au contraire de Tolstoï, porter un regard bienveillant vers la femme en général, exprimant une réelle empathie pour celles, nombreuses, qui subissent la domination masculine.

QUATUOR-CORDES Continuer la lecture de Kreutzer Sonata 3/3 – Janáček : L’ombre s’étire…

Kreutzer Sonata 2/3 – Tolstoï : L’ombre s’abat…

« L’érotisme est un fardeau trop lourd pour l’homme ».                                                                                   Georges Bataille

René-Xavier Prinet - 1901 - Kreutzer Sonata
René-Xavier Prinet – 1901 – Kreutzer Sonata

Depuis « Ma confession » écrite en 1880, mais déjà avec le tragique destin qu’il réservait quelques années plus tôt à la célébrissime héroïne de son roman éponyme « Anna Karénine », Léon Tolstoï ne cachait pas sa difficulté à appréhender la relation charnelle du couple. Difficulté d’autant plus grande pour ce quêteur de vérité quand ce lien se trouve entaché de trahison conjugale et de passion sexuelle. Autant de bonnes raisons par conséquent pour l’âme mystique et dogmatique du grand écrivain d’entrainer sous sa plume la femme infidèle dans les abysses du remords et de la déchéance, de conduire Anna à son affreux suicide sous les roues d’un train.

Léon Tolstoï - 1828-1910
Léon Tolstoï – 1828-1910

KreutzerSonataC’est d’ailleurs dans un train que Poznidchev, le narrateur de la « Kreïtserova sonata », raconte à ses compagnons de voyage le terrible drame dans lequel l’a plongé sa jalousie exacerbée par cette fameuse sonate de Beethoven :

Persuadé que l’érotique complicité entre sa femme, pianiste amateur, et le séduisant violoniste Troukhatchevski, commandée par l’interprétation de cette œuvre aux incandescences provocatrices, n’était que le révélateur de leur ardente relation adultère, Poznidchev se perd progressivement aux confins de la folie, dans les noirceurs de la jalousie et de la colère. Dans un ultime délire incontrôlable il tue sa compagne.

« Ah quelle chose terrible que cette sonate ! » s’exclame-t-il, avant d’expliquer dans une longue Continuer la lecture de Kreutzer Sonata 2/3 – Tolstoï : L’ombre s’abat…

Kreutzer Sonata 1/3 – Beethoven : Les braises

Gustav Klimt - Le baiser (détail)
Gustav Klimt – Le baiser (détail) – 1907

− Des braises, que dis-je ? Des soleils !…

Premier soleil – quelle lumière ! – l’immense Beethoven lui-même. Compositeur unique, impétueux, débordant d’une prodigieuse énergie créatrice, qui très tôt avait dévoilé ses ambitions et son caractère en affichant sa farouche volonté de « saisir le destin à la gorge », sûr de son génie jusqu’à écrire avec superbe et immodestie au prince Lichnowsky, son mécène et ami  :

« Prince, ce que vous êtes, vous l’êtes par le hasard de la naissance. Ce que je suis, je le suis par moi. Des princes, il y en a et il y en aura encore des milliers. Il n’y a qu’un Beethoven »

Ludwig van Beethoven (1770-1827)
Ludwig van Beethoven (1770-1827)

Soleil encore : sa Sonate à Kreutzer – N° 9 – opus 47 – en la majeur, la plus fameuse des dix que le maître a composées pour violon et piano. Celle-là même qu’il avait initialement dédiée à un jeune violoniste mulâtre, George Bridgetower, dont le talent l’avait conquis. – Lorsqu’il observa que le jeune homme avait eu la malencontreuse idée de séduire une demoiselle que lui-même convoitait sans succès, Beethoven se ravisa et dédia finalement cette sonate au violoniste français Rodolphe Kreutzer avec qui il partageait une même vision politique. L’histoire raconte que Kreutzer ne la trouva pas à son goût, qu’il la considérait comme trop difficile pour son public et qu’en définitive il ne la joua pas.

Continuer la lecture de Kreutzer Sonata 1/3 – Beethoven : Les braises