Le désespoir d’un Roi

Giuseppe Verdi (1813-1901)

Philippe II d’Espagne est au comble du désespoir. Trahi et humilié. Il vient de trouver une correspondance secrète entre son fils Don Carlos et son épouse Elisabeth de Valois qui ne laisse aucun doute sur la profondeur de leurs sentiments réciproques.

Rongé par la jalousie il doute que sa jeune épouse française ait eu un jour quelque sentiment pour le vieux monarque qu’il est. Persuadé qu’elle ne l’a jamais aimé, il ronge son malheur dans la solitude de son bureau.

Giuseppe Verdi, au quatrième acte de son grand opéra à la française, Don Carlo – écrit à partir de la pièce éponyme de Schiller –, confie à la noble autorité d’une voix de basse le désespoir du Roi, qu’il introduit par un profond préambule dramatique au violoncelle.

Un des plus émouvants monologues masculins des scènes d’opéra !

« Ella giammai m’amò… »

Michele Pertusi (Basse)

Direction : Juraj Valčuha
Teatro SAN CARLO de Naples

Acte IV – Scène 1

Philippe II – Roi d’Espagne

Elle ne m’a jamais aimé !
Non, son cœur m’est fermé,
elle n’a aucun amour pour moi !

Je la revois encore, toisant en silence mes cheveux blancs,
le jour qu’elle arriva de France.
Non, elle n’a aucun amour pour moi !

Où suis-je ?
Ces flambeaux sont consumés…
L’aurore blanchit ma fenêtre. Voici déjà le jour !
Je vois ma vie lentement s’écouler.
Le sommeil, ô Dieu, a fui ma paupière épuisée !

Je ne pourrai dormir dans mon manteau royal, qu’à mon dernier instant,
alors je dormirai seul sous les voûtes noires des caveaux de l’Escurial !

Si la couronne royale me donnait le pouvoir de lire au fond des cœurs
où Dieu seul peut tout voir !

Quand le prince dort, le traître veille ; la couronne perd le Roi et l’époux son honneur !

Je ne pourrai dormir dans mon manteau royal…

Ah ! Si la royauté nous donnait le pouvoir de lire au fond des cœurs !

Elle ne m’a jamais aimé ! non !
Son cœur m’est fermé, elle ne m’a jamais aimé !

Et Cendrillon chante…

Les contes de fées c’est comme ça.
Un matin on se réveille.
On dit : « Ce n’était qu’un conte de fées… »
On sourit de soi.
Mais au fond on ne sourit guère.
On sait bien que les contes de fées
c’est la seule vérité de la vie.

Antoine de Saint-Exupéry (« Lettres à l’inconnue » – Gallimard 2008)

Una volta c’era un re,
Che a star solo,
Che a star solo s’annoiò;
Cerca, cerca, ritrovò :
Ma il volean sposare in tre.
Cosa fa?
Sprezzò il fastom e la beltà ,
E all fin scelse per sè
L’innocenza, e la bontà
Là là là là …

Il était une fois un roi
Qui était seul,
Qui s’ennuyait d’être seul.
Il chercha, chercha encore
Et c’est trois femmes qu’il trouva…
Trois femmes qui voulaient toutes l’épouser.
Que faire ?
Il méprisa la pompe et la beauté,
Et finalement, pour lui-même, choisit
L’innocence et la vertu.
La la la…

Wallis Giunta - mezzo soprano 

"Una volta c'era un re" : 
Chanson extraite de l'opéra "La Cenerentola" de Gioachino Rossini