Flâner entre le rêve et le poème… Ouvrir la cage aux arpèges… Se noyer dans un mot… S'évaporer dans les ciels d'un tableau… Prendre plaisir ou parfois en souffrir… Sentir et ressentir… Et puis le dire – S'enivrer de beauté pour se forcer à croire !
Il y a quelque chose de si ravissant dans le sourire de la mélancolie ! C’est un rayon de lumière dans l’ombre, une nuance entre la douleur et le désespoir, qui laisse entrevoir l’aurore de la consolation.
Léon Tolstoï – Guerre et Paix
Prétendrait-on que Tolstoï n’avait pas lu la poésie de Barbara Auzou ?
Bois de caresse
dis-moi que feront-ils après
de notre bel herbier
qui est bois de caresse
corps de passion et destination lointaine
emmèneront ils les oiseaux plus loin dans leur chant
pour poursuivre ces rêves d’ascension qui veillaient nos âmes
on a mis tant d’années à voir ce qu’on regardait
tant d’années à nommer les vents
ça tremble tellement une vie qui s’apprend
chaque jour dans de petits cris rouges
sans assouvir ses interrogations jamais
belle condition humaine en vérité
entre silos de soleils et mégots de lunes
bouches d’ombre et de feu mêlés
le poids des mots seuls contre le poids du ciel
à quêter ce peu d’éternel où rien ne bouge
en oubliant d’être vivant toujours
en s’essayant trop peu à l’amour
Barbara Auzou
Poème publié sur le blog de l’auteur « Lire dit-elle » le 15/10/2025
Il faudrait posséder les vertus comptables d’un Leporello pour établir « il catalogo », l’inventaire des conquêtes musicales du papillon dans ses tournées européennes au fil du temps. Et quand bien même, « Mille e tre », cette seule page ne pourrait toutes les contenir. Qu’à cela ne tienne, on en rajoutera…
Allemagne
Franz Schubert Der Schmetterling – Op.57 No.1 – D. 633 Poème de August Wilhelm von Schlegel Dietrich Fischer-Dieskau (Baryton) – Gerald Moore (piano)
Wie soll ich nicht tanzen? Es macht keine Mühe, Und reizende Farben Schimmern hier im Grünen. Immer schöner glänzen Meine bunten Flügel, Immer süßer hauchen Alle kleinen Blüthen. Ich nasche die Blüthen; Ihr könnt sie nicht hüten.
Wie groß ist die Freude, Sey's spät oder frühe, Leichtsinnig zu schweben Ueber Thal und Hügel. Wenn der Abend säuselt, Seht ihr Wolken glühen; Wenn die Lüfte golden, Scheint die Wiese grüner. Ich nasche die Blüthen, Ihr könnt sie nicht hüten.
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Comment ne pas danser, Cela ne demande aucun effort, Et de charmantes couleurs Scintillent ici dans la verdure. Mes ailes colorées brillent De plus en plus joliment, Toutes les petites fleurs Exhalent un parfum de plus en plus doux. Je grignote les fleurs, Vous ne pouvez pas les enfermer.
Quelle joie immense, Que ce soit tôt ou tard, De flotter insouciant Au-dessus des vallées et des collines. Quand le soir murmure, Vous voyez les nuages rougeoyer ; Quand les airs sont dorés, La prairie semble plus verte. Je grignote les fleurs, Vous ne pouvez pas les enfermer.
Robert Schumann Schmetterling Poème de August Heinrich Hoffmann von Fallersleben Marina Pacheco (soprano) & Erina Beutelspacher (piano)
O Schmetterling sprich, Was fliehest du mich? Warum doch so eilig, Jetzt fern und dann nah!
Jetzt fern und dann nah, Jetzt hier und dann da.— Ich will dich nicht haschen, Ich tu dir kein Leid.
Ich tu dir kein Leid: O bleib allezeit! Und wär ich ein Blümchen, So spräch ich zu dir.
So spräch ich zu dir: Komm, komm doch zu mir! Ich schenk dir mein Herzchen, Wie gut bin ich dir!
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Ô papillon, dis-moi, Pourquoi me fuis-tu ? Pourquoi tant de hâte, Tantôt loin, tantôt près !
Tantôt loin, tantôt près, Tantôt ici, tantôt là-bas. — Je ne veux pas t'attraper, Je ne te ferai pas de mal.
Je ne te ferai pas de mal : Ô reste pour toujours ! Et si j'étais une petite fleur, Je te dirais :
Je te dirais : Viens, viens vers moi ! Je t'offre mon petit cœur, Car je suis bonne avec toi !
How long can a moment like this belong to someone ?
Vielle histoire, intemporelle et si banale, que cette « aventure sur la 8ème Avenue » à Manhattan ! Celle de l’éternelle rencontre : un homme, une femme, des doigts qui s’entrelacent « comme rubans de lumière », l’intense émotion réciproque d’un amour partagé d’où s’échappent des rêves fous et audacieux que la réalité s’empresse de dissiper, la persistance troublante d’un parfum, la caresse d’une chevelure défaite, des « pourquoi » sans réponses, un souffle de mélancolie… Et puis, un brin de poésie, une guitare pour escorter la nostalgie, et la voix, de loin venue, qui toujours se souvient…