La poésie ne doit pas périr. Car alors, où serait l’espoir du monde ?
Léopold Sédar Senghor
Je ne puis voir la mer sans rêver de voyages.
Le soir se fait, un soir ami du paysage,
Où les bateaux, sur le sable du port,
En attendant le flux prochain, dorment encor.
Émile Verhaeren – Les Forces tumultueuses
∞
En rade
J’ai longtemps cru que les bateaux voguaient par deux
mais il en est qui dorment seuls
dans le fond des estuaires
Ce n’est ni le froid ni la rouille qui les tourmentent
mais la peur d’être ensablé
sans pouvoir s’entendre dire
Ne t’inquiète pas je vais te tirer de là
Ce qui les tourmente
c’est le silence des marées quand le cœur démâte
le poids de leur propre corps cloué au sol
quand l’eau se retire
Ce qui les effraie
c’est la nuit qui tombe
l’ombre qui boit la lumière jusqu’à la lie du jour
la crainte d’être mis au rebut pour le reste de la vie
J’ai longtemps cru que les bateaux voguaient par deux
Et je le crois encore
quand un sourire ouvre à marée haute
la longue route des promesses

Ceux qui se taisent – Éditions Bruno Doucey, 2016
Un beau poème , simple et profond auquel tu rends magnifiquement hommage…
Merci une nouvelle fois , de tout coeur, pour les beautés que tu partages…
Je t’embrasse.
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N’est-ce pas plutôt à moi de te remercier pour ton inconditionnel soutien ?
Je t’embrasse
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Ce matin sur YouTube j’avais entendu ce poème avec votre voix si profonde… ce poème que je lis ce soir est magnifique et j’y adhère, je m’identifie complètement aux bateaux avec les mêmes craintes … la peur d’être ensablé, le silence des marées, la nuit qui tombe… Bien sûr qu’on (je) aimerait être de ces bateaux qui voguent par deux. Merci Lelius pour cette rencontre avec Bruno Doucey.
Chantal
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Mais, Chantal, nous sommes tous ces bateaux, avec nos rêves d’ailleurs, nos espoirs de lendemains éblouis et nos peurs des abîmes et des tempêtes.
Les poètes ne parlent que de nous… Ils nous connaissent si bien.
Ravi de vous avoir offert ce voyage. Merci !
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