Flâner entre le rêve et le poème… Ouvrir la cage aux arpèges… Se noyer dans un mot… S'évaporer dans les ciels d'un tableau… Prendre plaisir ou parfois en souffrir… Sentir et ressentir… Et puis le dire – S'enivrer de beauté pour se forcer à croire !
Les professeurs de piano ont coutume d’exhorter leurs élèves à – belle image – « pétrir le son ».
Qui sait si les professeurs de chant de la Musikhochschule für Musik und Tanz de Cologne et ceux de la Manhattan School of Music n’ont pas, eux aussi, engagé leur talentueuse lauréate, la chanteuse Sabeth Pérez, à façonner virtuellement sur une harpe imaginaire glissée entre ses mains les gracieuses harmonies de sa voix et les rythmes jazzy ou latins qui les accompagnent ?
Ni l’œil, ni l’oreille n’auraient idée de s’en plaindre… Et puis, soyons rassurés, son compositeur de père veille depuis la anche de sa clarinette.
« Convertidos en perfume » WDR Big Band Gabriel Pérez (clarinette) Sabeth Pérez (voix)
Il est partout ! Sur tous les continents, dans tous les pays, et trouve sa place dans toutes les cultures. Qui croira que la seule énergie fragile de ses ailes lui permette, le temps d’une vie des plus fugaces, d’accomplir ses merveilleux voyages ?
Le papillon, insecte pourtant si avare de sons, sait de toute éternité que le plus sûr véhicule pour traverser le monde et butiner les cœurs c’est la musique – qu’elle s’accouple ou pas avec les vers du poète.
Papilio Dardanus
New York
Le voici à New York – il se fait appeler « Butterfly » – tournoyant autour du piano de Jon Batiste sur la scène du mythique ‘Ed Sullivan Theater‘ à Brodway.
"Butterfly"
Butterfly all alone But can you fly on your own? Take your place in the world today Butterfly flying home
Cherry plum and chewing gum Mini-skirts and cars that hum Driving 'round with your head held high Butterfly flying home
Stay a while here with me Up underneath the stars When you go you'll be free 'Cause you know who you are you're a butterfly, baby
Color scheme from a dream A tapestry that's so supreme I mean I've never seen Something so dang beautiful oh child As a butterfly flying home
Flying home
Ooh whoa whoa Whoa whoa whoa ooh
You see I'm howling at the moon Day and night (Ah whoa ooh) They say I'm as crazy as a loon But I'm alright All dressed in white
Butterfly in the air You can fly anywhere A sight beyond compare A sacred song And a sacred tone Butterfly flying home
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Papillon tout seul Mais peux-tu voler de tes propres ailes ? Prends ta place dans le monde aujourd'hui Papillon rentrant à la maison
Cerise prune et chewing-gum Mini-jupes et voitures qui ronronnent, vois-tu, tu es En train de conduire, la tête haute, Papillon rentrant à la maison
Reste un moment ici avec moi Sous les étoiles Quand tu partiras tu seras libre Car tu sais qui tu es Tu es un papillon
Palette de couleurs d'un rêve Une tapisserie si suprême Je veux dire que je n'ai jamais vu Quelque chose d'aussi beau, oh, enfant, Qu'un papillon rentrant à la maison
Tu vois, je hurle à la lune Jour et nuit Ils disent que je suis aussi fou qu'un oiseau Mais je vais bien Tout habillé de blanc
Papillon dans les airs Tu peux voler n'importe où Une vue incomparable Une chanson sacrée Une langue sacrée Papillon rentrant à la maison
Cuba
Un clin d’œil et le voici à Cuba, posé sur la corde de Mi de la guitare de Pablo Milanés qui a justement mis en musique les vers du poète national Nicolás Guillén. Notre papillon ici se fait appeler « Mariposa ».
Mariposa
Quisiera hacer un verso que tuviera ritmo de Primavera; que fuera como una fina mariposa rara, como una mariposa que volara sobre tu vida, y cándida y ligera revolara sobre tu cuerpo cálido de cálida palmera y al fin su vuelo absurdo reposara –tal como en una roca azul de la pradera– sobre la linda rosa de tu cara…
Quisiera hacer un verso que tuviera toda la fragancia de la Primavera y que cual una mariposa rara revolara sobre tu vida, sobre tu cuerpo, sobre tu cara.
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Je voudrais écrire un poème qui aurait le rythme du printemps; qui serait comme un papillon rare et délicat, comme un papillon qui volerait au-dessus de ta vie, et candide et léger, volèterait au-dessus de ton corps chaud comme une palme chaude, et enfin, son vol inconséquent se poserait – comme sur un rocher bleu dans la prairie – sur la jolie rose de ton visage…
Je voudrais écrire un poème qui aurait tout le parfum du printemps et qui, tel un papillon rare, volerait au-dessus de ta vie, au-dessus de ton corps, au-dessus de ton visage.
Hé ! Le temps change. Pluie et froid au programme du jour.
Rendez-vous chez Emmet !… les pieds nus comme d’habitude !
Au programme, rythmes syncopés et méandres mélodiques des éternels standards du jazz vocal par les divas envoûtantes d’aujourd’hui, autour du piano du très talentueux maître de l’improvisation, Emmet Cohen…
♫ ♫ ♫
Cyrille Aimée, tout droit venue des bords de Seine, diva moderne du jazz, « la musicienne » comme la surnomme avec déférence les instrumentistes de la discipline.
Dans la lignée de la grande Ella, elle interprète – et de quelle manière ! – l’inoubliable blues de 1918, « After you’ve gone », omniprésent depuis dans les répertoires des légendes du jazz.
Et qu’on se rassure, les larmes de l’amoureuse délaissée vont vite se transformer en un scat endiablé… pour le bonheur du bébé caché sous la robe à paillettes de maman.
♫ ♫ ♫
Morgan James, bien connue des habitués des clubs de jazz new-yorkais, remarquée au disque par ses reprises du répertoire de Nina Simone dans une première publication en 2012 et de nombreux titres des Beatles dans son « White Album » de 2018.
Elle interprète « Come rain or come shine », une chanson née à l’occasion d’une comédie musicale ratée de 1946 et devenue un standard repris par Frank Sinatra, Billie Holiday, Judy Garland, Ray Charles, Ella Fitzgerald… et même, dans le style langoureux qu’on lui connaît, par Marlène Dietrich.
On connait Toots le musicien, on connait moins Toots le compositeur. Sa célèbre « Bluesette » est en effet l’arbre qui cache une forêt de plus d’une centaine de compositions à découvrir ou redécouvrir. Toots y mélange les styles avec brio tout en s’inspirant de sa longue pratique de l’improvisation, inextricablement liée à la composition dans le jazz.
Hugo Rodriguez – musicologue KBR (Bibliothèque Royale de Belgique)
Toots Thielemans (Belgique) 1922-2016
En scène jusqu’à 92 ans, Toots Thielemans, qui avait commencé sa carrière comme accordéoniste, puis comme guitariste, est finalement devenu harmoniciste. Et quel musicien ! Qui a traversé le jazz du XXème siècle en compagnie des plus grands, Charlie Parker, Ella Fitzgerald, Oscar Peterson, Count Basie, Lester Young, Bill Evans, Quincy Jones, évidemment, et autres Billie Holiday ou Léna Horne… Et tant d’autres encore, parmi lesquels l’inoubliable Miles Davis…
Parmi ses nombreuses compositions dont beaucoup sont devenues des « standards » du jazz qui figurent au répertoire de toute la galaxie, « Bluesette », écrite en 1962 pour l’harmonica chromatique est reconnue en quelque sorte comme la signature de l’artiste.
Toots Thielemans avec orchestre symphonique au concert annuel des ‘Proms’ de Londres en 2009 :
« Bluesette » accapare un peu trop l’attention, il est vrai. Mais ce morceau léger et souriant souffle à travers sa virtuosité une telle bonne humeur que les décennies l’ont porté avec bonheur jusqu’aux pupitres des jeunes musiciens d’aujourd’hui qui se l’approprient avec un talent certain dont le maître s’enorgueillirait sans doute.
Sarah McKenzie (Piano)
Hermine Deurloo (Harmonica chromatique)
Geoff Gascoyne (Contrebasse)
Donald Edwards (Batterie)
En 1962, le parolier américain Norman Gimbel ajouta des paroles à la musique : Une exhortation pour la jeune Bluesette à ne pas s’enfermer dans la tristesse. Le temps viendra, si elle ouvre son coeur, de la rencontre et du bel amour…
Poor little, sad little blue Bluesette Don’t you cry, don’t you fret You can bet one lucky day you’ll waken And your blues will be forsaken Some lucky day lovely love will come your way
If there is love in your heart to share Dear Bluesette, don’t despair Some blue boy is waiting just like you To find a someone to be true to Two loving arms you can nestle in to stay
Get set, Bluesette True love is coming Your lonely heart soon will be humming
Pretty little Bluesette, musn’t be a mourner Have you heard the news yet? Love’s ’round the corner Love wrapped in rainbows and tied with pink ribbons To make your next springtime your gold wedding ring time
A la naissance d’un enfant, si sa mère demandait à sa bonne fée de le doter du cadeau le plus utile pour lui, ce cadeau serait la curiosité.
Eleanor Roosevelt
L’enfance : l’enfer des questions.
Mais qui, des parents chargés d’y répondre ou de l’enfant à la curiosité insatiable, en subit des affres la plus grande oppression ?
Pour aborder un aussi sérieux sujet on pourrait aller chercher théories et conseils les plus éclairés chez Jean-Jacques Rousseau, chez Freud, Mélanie Klein, Bruno Bettelheim ou autre Françoise Dolto… Pas sûr, chers parents, que vous ne vous arrachiez pas les cheveux.
Ou bien – et ce serait nettement plus « funny » – swinguer, léger, avec ce standard du Jazz très inspiré du quotidien,
« Dat Dere »,
composé en 1960 par le pianiste Bobby Timmons, et pour lequel Oscar Brown Jr. a écrit les paroles… non sans l’aide de son fils…
Un jeune garçon harcèle son père de questions de toutes natures « : Hé papa pourquoi ceci ? Comment cela ? Je voudrais bien ce gros éléphant-là… ! » .
Karmen Rõivassepp est cet enfant à la voix pointue qui ne cesse de questionner :
« Dat Dere »
Et qu’est-ce que ça fait là ? Hé papa, ici ! Papa, hé regarde ça là-bas ! Et qu’est-ce que ça fait là ? Et où vont-ils là-bas ? Et papa, je peux avoir ce gros éléphant là-bas ?
Qui est-ce sur ma chaise ? Et qu’est-ce qu’il fait là ? Papa, ici ! Papa, je peux y aller ? Hé papa, qu’est-ce qui est carré ? Et où prend-on de l’air ? Et papa, je peux avoir ce gros éléphant là-bas ?
— Arrête de parler ! Il n’y a plus rien ici ! Pour toujours réussir à savoir qui, pourquoi et où ! Arrête ça, mon enfant ! Parfois, il faut trier les questions !
Et papa, je peux avoir ce gros éléphant là-bas ?
Je ne veux pas me coiffer Et où est mon ours en peluche ? Papa, ici ! Regarde le cow-boy qui vient là-bas ! J’pourrais avoir une paire de bottes comme lui ?
Et Papa, je peux avoir ce gros éléphant là-bas ?
— Le temps passera Les jours passeront Et le petit garçon va grandir Je dois lui dire ce qu’il doit savoir Je vais l’aider Pour qu’il soit fort Et il saura différencier le bien du mal
— Alors que la vie défile bon train Il aura besoin de savoir pourquoi Je n’ai pas toutes les réponses Mais je ferai du mieux que je peux Je vais faire de lui un homme, c’est vrai Parce que tu donnes le meilleur de toi-même à l’enfant Et j’espère qu’il passera les épreuves
Papa, je peux avoir ce gros éléphant là-bas ?
Hé, pourquoi font-ils ça là-bas ? Et comment tu mets ça là ? Hé papa, ici ! Hé papa, qu’est-ce qu’ils disent là-haut ? Hé papa, qu’est-ce qui est juste ? Pourquoi dois-je partager ?
Et papa, je peux avoir ce gros éléphant là-bas ?
Mais « standard » du jazz disions-nous ? Alors légende oblige !
« Dat Dere » par la crème des musiciens de jazz des années 1960 :
Art Blakey et les Jazz Messengers :
Batterie : Art Blakey Bass : Jymie Merritt Piano : Bobby Timmons Saxophone Ténor : Wayne Shorter Trompette : Lee Morgan
– Maman, steuplait, on peut regarder un dessin animé ? Steuplait ! Steuplait !
– Non les enfants, pas maintenant ! Faites d’abord vos exercices de contrebasse et, si vous avez bien travaillé, nous verrons… ! D’ailleurs votre professeur Božo Paradžik vous attend dans le jardin…
Les garnements se mettent donc au travail, l’esprit tout entier occupé par la future récompense… et, si la qualité de l’effort s’entend, le message aussi :
Alors, chose promise, chose due :
– Allez, tous devant l’écran, La Panthère rose vous attend… en musique, bien sûr !
Il n’est pas d’art vrai sans une forte dose de banalité.
Celui qui use de l’insolite d’une manière constante lasse vite, rien n’étant plus insupportable que l’uniformité de l’exceptionnel.
Cioran – De l’inconvénient d’être né – 1973
Il me fallait bien ce solide encouragement de mon cher Cioran pour m’autoriser à ressortir des cartons – pour autant qu’elle y soit un jour entrée – cette banalité si éternellement charmante, « Les feuilles mortes ». qu’écrivit jadis Prévert sur une musique de Kosma, pour le film de Marcel Carné en 1946, « Les portes de la nuit » :
C’est le Destin, incarné par Jean Vilar, rôle central et énigmatique, catalyseur des évènements, maître du temps et symbole de l’inexorable, qui entonne le thème à l’harmonica…
Quelqu’un ne prétendait-il pas qu’écrire, c’est transformer des abîmes de banalités en sommets mythologiques. S’il en fallait un témoignage… Quel chemin en presque 80 ans, depuis le zinc d’un bistro parisien, pour ces « Feuilles mortes » que le vent du Nord a emportées certes, mais assurément pas dans la nuit froide de l’oubli. A travers la planète entière les déposant sur toutes les lèvres, et entre les doigts de tous les musiciens de tous les styles, indifférentes aux modes et aux temps. Simple banalité poétique et musicale, extraite d’un film mal accueilli à son époque, devenue succès planétaire, mythique.
Le Jazz n’a pas attendu pour les ériger en standard, tant de fois repris. Elles étaient il y a peu au Japon, et c’est entre batterie, piano et contrebasse qu’on les a surprises virevoltant au rythme des excellents musiciens du Osaka Jazz Channel. Charmantes toujours nonobstant leurs humeurs :
Introverties : avec Yuka Yanagihara au piano, Yuu Miyano à la contrebasse, et à la batterie Takashi Kuge, animateur de la chaîne.
Extraverties : avec Yuu Miyano à la contrebasse, Takashi Kuge à la batterie, et Saori Kobayashi au piano
L’amour
Entre dedans douillet et dehors pluvieux
Entre instant de plaisir et tristesse annoncée
Entre les gouttes entre les larmes
Entre l’ivoire mélancolique d’un piano mouillé
Et l’encre nostalgique des mots blessés.
Le « blues »
Entre les vers de Francis Carco
Et les arpèges de Bill Evans.
La pluie… ?
Oui ! Je m’en souviens !
Andrei Krioutchenko (peintre de Paris)
Il pleut
À Éliane
Il pleut — c’est merveilleux. Je t’aime. Nous resterons à la maison : Rien ne nous plaît plus que nous-mêmes Par ce temps d’arrière-saison.
Il pleut. Les taxis vont et viennent. On voit rouler les autobus Et les remorqueurs sur la Seine Font un bruit… qu’on ne s’entend plus !
C’est merveilleux : il pleut. J’écoute La pluie dont le crépitement Heurte la vitre goutte à goutte… Et tu me souris tendrement.
Je t’aime. Oh ! ce bruit d’eau qui pleure, Qui sanglote comme un adieu. Tu vas me quitter tout à l’heure : On dirait qu’il pleut dans tes yeux.
Au bureau ? En plein mois d’août ?… Et sans climatisation peut-être ?…
Harangues et râleries fusent. Légitimes certes. Mais rien ne dit que le climatiseur est en panne. Et puis, où serait-on plus à l’ombre qu’au bureau par ces temps caniculaires. Enfin, si l’on voulait bien cesser de faire la mauvaise tête et prendre l’ascenseur jusqu’au bric-à-brac du ‘petit bureau’ (« tiny desk »), on pourrait bien ne pas regretter cette terrible décision.
Là, point d’ordinateur, de paperasserie, de téléphone et autres importuns aux questions embarrassantes ! Une patronne, évidemment, mais qui ne rêverait pas de l’entendre ‘chanter’ sur son dos à longueur de journée ? Et pour cause… une des plus talentueuses et des plus gracieuses mezzo-soprano de notre temps : Joyce DiDonato.
Joyce DiDonato
Aujourd’hui réunion ! – Pas de doute, on est bien au bureau ! Pour la session du jour – la ‘jam session’ faudrait-il dire –, la patronne a fait appel à quelques consultants externes : tous excellents musiciens de divers univers stylistiques, jazz inclus, off course ! Objet du ‘meeting‘ : chant et improvisations sur des airs anciens composés aux XVIIème XVIIIème et XIXème siècles… – Surprise pour tous ceux qui pensaient aux prévisions de résultats et autres projets d’amélioration du service clients ! L’amour seul est au programme. Et pas d’inquiétude, pour le chant personne ne sera sollicité, la patronne assure, sympathie en prime, en anglais pour les explications, en italien pour l’art.
Pour ceux qui souhaiteraient se munir de dossiers, voici les références :
Alessandro Parisotti (1853-1913) – « Se tu m’ami » & « Star vicino » (paroles du poète italien du XVIIème, Salvator Rosa)
Giuseppe Torrelli (1658-1709) – « Tu lo sai »
Francesco Bartolomeo Conti (1681-1732) – « Quella fiamma »
Ne traînons pas, on n’arrive pas en retard aux réunions du ‘tiny desk’, n’est-ce pas ?
Un bureau comme ça, avec une telle patronne… certains retarderaient volontiers leur date de départ à la retraite.
Musiciens :
Craig Terry : piano Charlie Porter : trompette Chuck Israels : basse Jason Haaheim : batterie Antoine Plante : bandonéon
Cet hymne emblématique à la Liberté a été composé par le musicien de jazz canadien Oscar Peterson (1925-2007), en 1962, alors que la lutte pour les droits civiques s’intensifiait en Amérique du Nord.
Les paroles sont de Harriette Hamilton.
When every heart joins every heart and together yearns for liberty, That’s when we’ll be free.
Si tous les cœurs se joignent à tous les cœurs et aspirent ensemble à la liberté, Alors nous serons libres.
When every hand joins every hand and together moulds our destiny, That’s when we’ll be free.
Si chaque main se joint à chaque main pour façonner ensemble notre destin, Alors nous serons libres.
Any hour any day, the time soon will come when we will live in dignity, That’s when we’ll be free.
Le temps viendra bientôt où à toute heure de chaque jour nous vivrons dans la dignité, Alors nous serons libres.
When everyone joins in our song and together singing harmony, That’s when we’ll be free.
Si tout le monde se joint à notre chant pour qu’ensemble en harmonie nous chantions, Alors nous serons libres.
Il pleure dans mon cœur
Comme il pleut sur la ville…
‘Stormy Weather’
Je ne sais pas pourquoi il n’y a pas de soleil dans le ciel Sale temps Puisque mon homme et moi sommes séparés Il pleut tout le temps La vie est nue, sombre et malheureuse partout Sale temps Je ne peux juste pas me ressaisir, Je suis tout le temps fatiguée Si fatiguée tout le temps Quand il est parti, le blues est entré en moi et s’est installé S’il ne revient pas, la vieille chaise à bascule aura ma peau Tout ce que je fais, c’est prier le Seigneur d’en haut qu’il me laisse marcher une fois de plus au soleil. Je ne peux pas continuer, j’ai perdu tout ce que j’avais Sale temps Depuis que mon homme et moi sommes séparés, La pluie ne cesse de tomber
Don’t know why there’s no sun up in the sky Stormy weather Since my man and I ain’t together, Keeps rainin’ all the time Life is bare, gloom and mis’ry everywhere Stormy weather Just can’t get my poorself together, I’m weary all the time So weary all the time When he went away the blues walked in and met me. If he stays away old rockin’ chair will get me. All I do is pray the Lord above will let me walk in the sun once more. Can’t go on, ev’ry thing I had is gone Stormy weather Since my man and I ain’t together, Keeps rainin’ all the time
— Moi, Carl Philipp Emanuel Bach, digne fils du grand Jean-Sébastien, claveciniste à la cour de Frédéric II pendant trente ans, j’ai composé à l’attention des apprentis clavecinistes un petit exercice, Solfeggio en Ut mineur. Si charmant qu’il a très vite reçu le doux diminutif de Solfeggietto. C’est une petite pépite en forme de courte pièce à une voix, dédiée au développement de l’agilité des dix doigts et de la transparence dans l’alternance des mains. Sa difficulté vient en vérité du tempo prestissimo que suppose le mouvement. J’avais à coeur de voir comment les « pianistes » de votre siècle, assis devant leurs monstres noirs aux dents blanches, traitaient ma modeste partition.
♦ Les jeunes apprentis virtuoses, d’abord, comme cette petite fille sérieuse et douée :
♦ Les virtuoses accomplis, qui ont dix doigts à chaque main, comme Shani Diluka, pianiste monégasque qui, me dit-on, ne compte plus ni les maîtres incontestés qui l’ont accompagnée, ni les partenaires prestigieux avec qui elle se produit :
♦ Et quelques autres hurluberlus comme Luca Sestak, qui se réunissent pour « faire le boeuf », comme ils disent, bousculant ma musique d’une drôle de manière… mais au fond si plaisante :
Que de choses ont changé en trois siècles…! Demeure mon « Solfeggietto » !
Aimer aussi est bon : car l’amour est difficile. S’aimer, d’être humain à être humain : voilà peut-être la tâche la plus difficile qui nous soit imposée, l’extrême, la suprême épreuve et preuve, le travail en vue duquel tout autre travail n’est que préparation.
Rainer Maria Rilke – Lettre à un jeune poète
La période des vœux annuels est toujours une occasion de porter un regard ému sur la souffrance et les peines de nos contemporains, de faire même parfois quelques dons tout pleins de notre sincère compassion.
Et chaque année la fumée des cheminées écrit en grand dans le ciel d’hiver le message d’amour et de paix que chacun adresse à chaque autre.
Mais comme toutes les fumées…
Fernand Pelez – Nid de misère – 1887
♦
I said man is always talking ’bout it’s inhumanity to man But what is he tryin’ to do to make it a better man?
Pour la grande Roberta Flack, chanteuse et pianiste de jazz, deux fois consécutives lauréate du Grammy Award, en 1973 et 1974.
Pour sa « pertinence sociale », son « intrépidité politique », et sa générosité.
Pour son premier disque « First Take » paru en juin 1969 chez Atlantic Records.
∼ Grammy Hall of Fame Award décerné en 2016 par la très respectée Recording Academy
∼ Classé en 2020 parmi les 500 plus grands albums de tous les temps par le sérieux magazine international Rolling Stones.
∼ Considéré par l’immense majorité des amateurs de Jazz du monde comme l’un des 20 enregistrements indispensables à toute discothèque de qualité.
Et, à l’occasion de ce billet en particulier :
Pour le gospel, « Tryin’ Times » (Temps difficiles), qui tend, avec une rare élégance musicale, à notre légendaire et désespérant égoïsme un terrible et pourtant si beau miroir.
Tryin’times, what the world is talkin’ about You got confusion all over the land, You got mother against daughter, you got father against son You know the whole thing is getting out of hand
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Then maybe folks wouldn’t have to suffer If there was more love for your brother But these are tryin’ times,
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You got the riots in the ghetto, it’s all around A whole lot of things that’s wrong is going down, yes, it is I can’t understand it from my point of view ‘Cause I think you should do unto others As you’d have them do unto you.
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Then maybe folks wouldn’t have to suffer If there was more love for your brother But these are tryin’ times, yes, it is.
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I said man is always talking ’bout it’s inhumanity to man But what is he tryin’ to do to make it a better man? Oh, just read the paper, turn on your TV You see folks demonstrating about equality.
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But maybe folks wouldn’t have to suffer If there was more love for your brother But these are tryin’ times
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Tryin’times, yeah, that’s what the world is talkin’ about You got confusion all over the land
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Les temps difficiles, ce dont le monde parle, Il y a de la confusion partout dans le pays : La mère contre la fille, le père contre le fils… Tout nous échappe, tu sais. Peut-être que les gens n’auraient pas à souffrir Si on avait plus d’amour pour son prochain. Mais les temps sont durs, oui, oui Il y a des émeutes dans le ghetto, c’est partout. Tout un tas de mauvaises choses se passent, oui, c’est vrai ! J’ai beaucoup de mal à l’accepter Parce que je pense qu’il faut faire aux autres Ce qu’on souhaiterait qu’ils nous fassent. Alors peut-être que les gens n’auraient pas à souffrir S’il y avait plus d’amour pour son prochain. Mais nous vivons une époque difficile, oui, c’est vrai ! J’ai dit que l’homme parle toujours de son inhumanité envers l’homme, Mais qu’essaie-t-il de faire pour devenir un homme meilleur ? Oh, il suffit de lire le journal, d’allumer la télévision Pour voir des gens manifester pour l’égalité. Mais peut-être que les gens n’auraient pas à souffrir Si on avait plus d’amour pour son prochain. Mais nous vivons une époque difficile Des temps difficiles, oui, tout le monde en parle ; Il y a de la confusion partout dans le pays.