Je me réjouis de savoir
me réveiller toujours avant la mort.
En rêve
En rêve
je peins comme Vermeer de Delft.
Je parle couramment le grec
et pas seulement aux vivants.
Je conduis des voitures
qui consentent à m’obéir.
Je suis doué,
j’écris de grands poèmes.
J’entends des voix
aussi bien que des saints très sérieux.
Vous seriez étonnés
de ma vélocité au piano.
Je vole comme il se doit,
c’est-à-dire par moi-même.
Tombant du toit,
je sais tomber mollement dans la verdure.
Je n’ai aucun mal
à respirer sous l’eau.
Je ne me plains pas :
je suis parvenu à découvrir l’Atlantide.
Je me réjouis de savoir
me réveiller toujours avant la mort.
Sitôt la guerre éclatée
je change de côté.
Je suis, mais sans être obligé,
un enfant de mon époque.
Il y a quelques années
j’ai vu deux soleils.
Et, avant-hier, un pingouin.
Parfaitement, comme je vous vois.

In « Je ne sais quelles gens » – Fayard, 1997
Traduit du polonais par Piotr Kaminski

Je l’ai découverte il n’y a que quelques années je dois dire…
Ce poème plein d’humour, tu lui donnes toute sa saveur…
Tu sers les poèmes et les poètes comme personne. Tu en es un.
( et le choix des tableaux est merveilleux.)
Merci à toi Lelius
Je t’embrasse bien fort.
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Ah ! ma chère groupie, je crois te l’avoir déjà dit, paraphrasant Cioran, « je suis poète par tous les vers que je n’ai pas écrits ». Ceux que je me suis risqué jadis à coucher sur le papier dorment depuis à tout jamais… pour le bonheur de tous.
Alors je m’applique au plaisir de donner vie aux poèmes que j’aime. Et quand le plaisir est parfois partagé, je suis comblé.
Je t’embrasse !
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J’adore ce poème et sa mise en scène picturale. Merci Lelius pour ces découvertes.
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Wisława Szymborska ne manque jamais d’ironie, même dans les poèmes des temps très troubles. C’est à ce titre qu’elle a reçu un Prix Nobel…
Je suis heureux que vous ayez aimé ma petite illustration fantaisiste personnelle de ce poème souriant. Merci !
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Je ne savais pas que cette poétesse avait eu un prix Nobel. Merci pour cette information.
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Domi, vous trouverez dans la réponse que j’ai adressée il y a peu à Aline (commentaire précédent) un lien vers un billet de 2017 que j’avais consacré à notre formidable poétesse. C’est une goutte d’eau dans la mer vis à vis de tout ce qu’internet vous dira sur elle.
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Merci beaucoup.
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Merci pour cette lecture qui ponctue l’humour du poème. Il n’y a pas tant de publications sur elle et c’est donc un beau cadeau de nous la faire entendre !
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Merci à vous d’avoir pris plaisir à ma fantaisie !
J’ai une tendre sympathie pour cette dame qui se place si allègrement au-dessus du drame, sans pourtant jamais en ignorer la gravité… Un bien bel esprit.
J’avais publié un autre de ces poèmes il y a quelques années : « Certains aiment la poésie ».
En voici le lien :
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Merci
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Magnifique article merci ! Le ravissement et le désespoir quelle splendeur. Et ce
La poésie –
seulement qu’est-ce que ça peut bien être ?
Plus d’une réponse vacillante
fut donnée à cette question.
Et moi-même je ne sais pas, et je ne sais pas, et je m’y accroche
comme à une rampe salutaire.
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On ne résiste pas au plaisir de fréquenter une telle femme à l’esprit aussi acéré…
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J’aime beaucoup ce montage, et votre voix en fait partie, qui accompagne ce poème parfaitement rafraîchissant. Merci.
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Merci, Jean-Marc !
Cette femme a l’art peu commun de rire des choses sérieuses avec une telle intelligence…
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