Flâner entre le rêve et le poème… Ouvrir la cage aux arpèges… Se noyer dans un mot… S'évaporer dans les ciels d'un tableau… Prendre plaisir ou parfois en souffrir… Sentir et ressentir… Et puis le dire – S'enivrer de beauté pour se forcer à croire !
Dans notre France en bascule entre XIXème et XXème siècles, les courants musicaux passent et se métamorphosent, les sensibilités mutent, l’esthétique des formes se renouvelle, se modernise. Demeurent les thématiques et les symboles : Amour, Beauté, Mort. Ne les dit-on pas éternels ? Nul donc ne s’étonnerait de retrouver encore, insouciant philosophe, notre papillon virevoltant autour du piano de Debussy ou butinant un Si bémol sur une portée de Gabriel Fauré.
Gabriel Fauré 1845-1924 « Le papillon et la fleur » Opus1 – N°1 (Mélodie Française) Poème de Victor Hugo Cyrille Dubois (ténor) Tristan Raës (piano)
Une fleur déclare au papillon son amour et lui confie ses tourments. Qui se ressemble s’assemble, mais…
Et nous nous ressemblons, et l’on dit que nous sommes Fleurs tous deux !
La pauvre fleur disait au papillon céleste: Ne fuis pas ! Vois comme nos destins sont différents. Je reste, Tu t’en vas !
Pourtant nous nous aimons, nous vivons sans les hommes Et loin d’eux, Et nous nous ressemblons, et l’on dit que nous sommes Fleurs tous deux !
Mais, hélas ! l’air t’emporte et la terre m’enchaîne. Sort cruel ! Je voudrais embaumer ton vol de mon haleine Dans le ciel !
Mais non, tu vas trop loin! – Parmi des fleurs sans nombre Vous fuyez, Et moi je reste seule à voir tourner mon ombre À mes pieds.
Tu fuis, puis tu reviens; puis tu t’en vas encore Luire ailleurs. Aussi me trouves-tu toujours à chaque aurore Toute en pleurs !
Oh ! pour que notre amour coule des jours fidèles, Ô mon roi, Prends comme moi racine, ou donne-moi des ailes Comme à toi !
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Gabriel Fauré 1845-1924 « Papillon » Op.77 pièce pour violoncelle et piano Pauline Bartissol (violoncelle) LaurentWagshal (piano)
Cette petite pièce est commandée à Fauré par son éditeur qui souhaitait qu’elle fût brillante, virtuose, difficile mais lyrique. Fauré s’exécuta, la pièce fut enregistrée au catalogue en septembre 1884. Mais le compositeur et l’éditeur ne pouvant s’accorder sur le titre, l’œuvrette resta dans un tiroir. Ce n’est qu’en 1898 que Gabriel Fauré en permit la publication sous le titre « Papillon ».
Le musicologue Jean-Michel Nectoux rapporte que Fauré accompagna son approbation de cette phrase à destination de l’éditeur : « Papillon ou mouche à m…, mettez ce que vous voulez ! »
D’aucuns auraient peut-être choisi « Vol du bourdon », non sans préciser – rigueur musico-entomologique oblige – « à la française ». Comparaison n’est pas raison, mais…
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Le court poème « Les papillons », extrait de « La comédie de la mort », recueil publié en 1838 par Théophile Gauthier, aura reçu les faveurs musicales d’Ernest Chausson et de Claude Debussy. La « Mélodie Française » pouvait-elle être mieux servie ?
Théophile Gauthier poème « Les papillons »
Par
Ernest Chausson 1855-1899 Gérard Souzay (baryton) Jacqueline Bonneau (piano)
Les papillons couleur de neige Volent par essaims sur la mer ; Beaux papillons blancs, quand pourrai-je Prendre le bleu chemin de l'air ?
Savez-vous, ô belle des belles, Ma bayadère aux yeux de jais, S'ils me pouvaient prêter leurs ailes, Dites, savez-vous où j'irais ?
Sans prendre un seul baiser aux roses, À travers vallons et forêts, J'irais à vos lèvres mi-closes, Fleur de mon âme, et j'y mourrais.
Par
Claude Debussy 1862-1918 Véronique Dietschy (soprano) Emmanuel Strosser (piano)
Entre Rhopalocères (papillons de jour) et Hétérocères (papillons de nuit), l’entomologie dénombre aujourd’hui plus de 200 000 espèces de papillons – Ô pardon, faisons illusion jusqu’au bout : 200 000 espèces de Lépidoptères. (Doctus cum libro)
Et si, naturellement, la musique ne propose pas autant d’œuvres consacrées aux papillons, une modeste recherche suffira à aisément débusquer une quantité non négligeable – et bien séduisante – de compositions inspirées par la beauté multicolore, la grâce ou la symbolique de cette fascinante créature légère et virevoltante.
Petit jeu d'été : Combien pourrions-nous citer, à brûle-pourpoint, tous styles de musique confondus et dans la langue que l'on voudra, d’œuvres musicales relatives à la thématique du papillon ?
Sachant que, pour faciliter l'exercice : "Papillon" se dit : - En Anglais : Butterfly - En Italien : Farfalla - En Allemand : Schmetterling - En Espagnol : Mariposa - En Portugais : Barbaleta - En Russe : Babochka.- En Japonais : Cio-Cio-San.
Les suggestions feront l'objet des billets à venir. Gageons que certaines ne manqueront pas de déclencher quelques "mais bien sûr" venus des profondeurs de quelque mémoire attiédie...
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Une première évidence, même si le sujet n’est pas l’insecte lui-même : comment ne pas penser d’emblée à la douceur de la célèbre Cio-Cio-San, Madame Butterfly, qui grâce à Puccini a sans doute offert à l’Opéra ses heures les plus belles et les plus glorieuses. – Papillon pourrait-il obtenir un rôle plus prestigieux ?
Comme le papillon la beauté de notre héroïne est fragile et éphémère, comme lui, sa liberté est illusoire, sa courte vie une violente métamorphose, et l’exotisme qu’elle incarne à travers sa délicatesse héritée d’une autre culture aiguise tant de curiosité.
Nuit complète : ciel pur et étoilé. Cio-Cio-San s’approche lentement de Pinkerton assis dans le jardin. Elle s’agenouille à ses pieds et le regarde avec tendresse, presque suppliante.
BUTTERFLY
Vogliatemi bene,un ben piccolino, un bene da bambino, quale a me si conviene. Vogliatemi bene. Noi siamo gente avvezza alle piccole cose umili e silenziose, ad una tenerezza sfiorante e pur profonda come il ciel, come l’onda del mare!
BUTTERFLY
Aimez-moi, à peine un peu, comme un enfant, cela me conviendra. Aimez-moi. Nous sommes des gens habitués aux petites choses humbles et silencieuses, à une tendresse légère et pourtant profonde comme le ciel, comme les vagues de la mer !
Jacquesson de la Chevreuse – Orphée aux enfers (1863) Musée des Augustins – Toulouse
Tandis qu’il unit ainsi, sa lyre aux accents de sa voix, les pâles ombres versent des larmes. Tantale cesse de poursuivre l’onde fugitive, la roue d’Ixion demeure immobile, les vautours ne déchirent plus les entrailles de Tityus, les filles de Bélus déposent leurs urnes, et toi, Sisyphe, tu t’assieds sur ton rocher. Alors, pour la première fois, des pleurs mouillèrent, dit-on, les joues des Euménides attendries par ses chants. Proserpine et le Dieu du sombre royaume ne peuvent résister à ses prières. Ils appellent Eurydice. Elle était parmi les ombres récemment descendues chez Pluton…
Ovide – « Les Métamorphoses » Livre X (Traduction française de Gros, refondue par M. Cabaret-Dupaty – 1866)
§
IVeme siecle – Peinture murale – Catacombes de Domitille, Rome
Quand cet homme fameux dont la Lyre et la voix
Attiraient après lui les Rochers et les Bois,
Suspendaient pour un temps le cours de la Nature,
Arrêtaient les Ruisseaux, empêchaient leur murmure,
Domptaient les Animaux d’un air impérieux,
Assuraient les craintifs, calmaient les furieux,
Et par une merveille inconnue à la Terre
Faisaient naître la paix où fut toujours la guerre.
[…]
Voilà comme en ce lieu de sauvages sujets
Se laissent captiver à d’aimables objets,
Et conservent entre eux un respect incroyable,
Ployant également sous un chant pitoyable
Et voilà comme Orphée allège un peu ses maux
Durant qu’il les partage à tous ces Animaux.
Tristan l’Hermite – « La Lyre » (1641) – Orphée A Monsieur Berthod Ordinaire de la Musique du Roi
§
« When Orpheus sang » – Henry Purcell Lucile Richardot (mezzo-soprano) & Ensemble « Correspondances »
Quand Orphée chantait, toute la Nature se réjouissait, les collines et les chênes se prosternaient au son de sa voix. Au pied de leur musicien les lions se vautraient, Et, charmés par l’écoute, les tigres en oubliaient leur proie. Sa douce lyre savait attendrir l’impitoyable Pluton. Le pouvoir de sa musique surpassait la puissance de Jupiter.
§
Franz von Stuck – 1891
Or, un arbre monta, pur élan, de lui-même. Orphée chante ! Quel arbre dans l’oreille ! Et tout se tut. Mais ce silence était lui-même un renouveau : signes, métamorphose…
Faits de silence, des animaux surgirent des gîtes et des nids de la claire forêt. Il apparut que ni la ruse ni la peur ne les rendaient silencieux ; c’était
à force d’écouter. Bramer, hurler, rugir, pour leur cœur c’eût été trop peu. Où tout à l’heure une hutte offrait à peine un pauvre abri,
— refuge fait du plus obscur désir, avec un seuil où tremblaient les portants, — tu leur dressas des temples dans l’ouïe.
Rainer-Maria Rilke – « Sonnets à Orphée » 1922 Traduction Maurice Betz (1942) – très proche ami du poète
§
« J’ai perdu mon Eurydice » (Orphée et Eurydice – Gluck) Juan Diego Florez (ténor) – The Royal Opera – automne 2015
§
* Il n’est Orphée que dans le chant, il ne peut avoir de rapport avec Eurydice qu’au sein de l’hymne, il n’a de vie et de vérité qu’après le poème et par lui, et Eurydice ne représente rien d’autre que cette dépendance magique qui hors du chant fait de lui une ombre et ne le rend libre, vivant et souverain que dans l’espace de la mesure orphique. Oui, cela est vrai : dans le chant seulement, Orphée a pouvoir sur Eurydice, mais, dans le chant aussi, Eurydice est déjà perdue et Orphée lui-même est dispersé, l’« infiniment mort » que la force du chant fait dès maintenant de lui.
Maurice Blanchot in « L’espace littéraire » – V.L’inspiration – II. Le regard d’Orphée (Gallimard – Folio essais – 1988)
C’est ici que Giacomo Puccini a interrompu son travail. La mort, cette fois, fut plus forte que l’art !
Arturo Toscanini (1867-1957)
Le 25 avril 1926, Arturo Toscanini dirige à « La Scala » de Milan la création du dernier opéra de Giacomo Puccini, « Turandot ». Après le grand air de Liù, au troisième acte, « Tu che di gel sei cinta… », le chef d’orchestre installe un lourd silence sur la salle pendant que le rideau se referme lentement, et fait cette déclaration : « C’est ici que Giacomo Puccini a interrompu son travail. La mort, cette fois, fut plus forte que l’art ! »
Le public qui avait déjà pleuré la mort de Puccini en apprenant la triste nouvelle dans les derniers jours de novembre 1924, lui adressa ce soir-là une ovation particulièrement soutenue, les yeux humides, après que quelqu’un eut déchiré le silence par un sonore « Viva Puccini ! ».
Le mal de gorge était en vérité un cancer fatal. « Ho l’inferno nella gola ! » (j’ai l’enfer dans la gorge !), disait le compositeur à son élève Franco Alfano avec qui il travaillait sur la partition de « Turandot ». Il imaginait déjà ne pas pouvoir achever son chef d’œuvre et laissait à son fidèle assistant le plus d’éléments possibles pour qu’il s’en chargeât à sa place. Le Maître avait poussé l’anticipation jusqu’à prévoir l’interruption de la première représentation sans lui et l’annonce de Toscanini.
« Turandot », c’est le nom et l’histoire légendaire, dans le vieux Pékin de la Cité Interdite, d’une Princesse d’une grande beauté au cœur de glace. Par fidélité de pensée à une de ses ancêtres qui, refusant tout mariage, fut violée et assassinée par un roi conquérant, la Princesse Turandot a choisi de rejeter, elle aussi, l’idée de se marier. Pourtant, les prétendants sont nombreux, et de haute dignité, aussi a-t-il été décidé, afin d’assurer l’avenir de l’Empire, que celui d’entre eux qui résoudrait trois énigmes obtiendrait l’insigne privilège de devenir son époux. Sanction de l’échec : la mort, en place publique pour le plaisir de la foule avide de sang.
Au milieu de cette foule, un vieux roi vaincu de la Tartarie, Timur, retrouve son fils perdu de vue depuis longtemps, le Prince Calaf. A peine Calaf aperçoit-il Turandot qu’il en tombe amoureux. Le voilà donc, lui aussi, déterminé à essayer de résoudre les trois énigmes, au péril de sa vie, faisant fi des pressantes tentatives de Liù, l’esclave du roi Timur, pour l’en dissuader.
Calaf franchit l’épreuve des trois questions brillamment :
Qu’est ce qui renaît chaque nuit ? — L’espoir.
Qu’est-ce qui est chaud et qui n’est pas le feu ? — Le sang.
Quelle glace peut-elle générer le feu ? — Turandot.
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Turandot – Museo teatrale alla Scala
Turandot, furieuse du succès de Calaf, refuse d’épouser un inconnu et demande à l’Empereur, son père, de la libérer de cette obligation. Alors le Prince, épris et généreux, qui préfèrerait que son épouse vienne à lui par amour, lui propose le défi suivant : si elle parvient avant l’aube à connaître le nom de ce prétendant victorieux qu’il est, elle pourra disposer de lui et le faire exécuter, si elle n’y parvient pas elle deviendra son épouse. Turandot accepte. Le compte à rebours commence.
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Tard dans la nuit, la Princesse déclare que personne ne devra dormir jusqu’à ce qu’elle apprenne le nom de son prétendant.En réalité, elle menace de mort ceux qui connaissent ce nom et qui ne le révèlent pas. Pendant ce temps Calaf, jouant à faire écho aux annonces des hérauts qui clament l’ordre de Turandot partout dans la ville, chante, souriant, confiant dans sa victoire, « Nessun dorma… » (Que personne ne dorme..).
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Les larmes, à ce moment magique de l’œuvre, au début du troisième acte, c’est la beauté, la beauté seule, qui les appelle : beauté suave de cette mélodie inoubliable, grand air parmi les grands airs d’opéra, Himalaya des ténors dont elle exige — superbe gageure — qu’ils allient une vaillance bien trempée au lyrisme subtil et nuancé du belcanto. L’art est à ce prix !
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La folla : Nessun dorma ! Nessun dorma !
Calaf : Nessun dorma ! Nessun dorma ! Tu pure, o Principessa, nella tua fredda stanza guardi le stelle che tremano d’amore e di speranza… Ma il mio mistero è chiuso in me, il nome mio nessun saprà ! No, no, sulla tua bocca lo dirò, quando la luce splenderà ! Ed il mio bacio scioglierà il silenzio che ti fa mia.
Coro di donne : Il nome suo nessun saprà… E noi dovrem, ahimè, morir !
Calaf : Dilegua, o notte ! Tramontate, stelle ! Tramontate, stelle ! All’alba vincerò ! Vincerò ! Vincerò !
La foule : Que personne ne dorme !
Calaf : Que personne ne dorme ! Toi aussi, Ô Princesse, Dans ta froide chambre Tu regardes les étoiles Qui tremblent d’amour et d’espérance… Mais mon mystère est scellé en moi, Personne ne saura mon nom ! Non, non, sur ta bouche, je le dirai, quand la lumière resplendira ! Et mon baiser brisera le silence Qui te fait mienne. Chœur de femmes Personne ne saura son nom… Et nous devrons, hélas, mourir !
Calaf : Dissipe-toi, Ô nuit ! Dispersez-vous, étoiles ! Dispersez-vous, étoiles ! À l’aube je vaincrai ! Je vaincrai ! Je vaincrai !
Sur la place Turandot fait venir sans ménagement Timur et Liù pour les faire parler. La jeune esclave, amoureuse de Calaf, déclare qu’elle seule connaît le nom du Prince mais que jamais elle ne le dira, car c’est l’amour qui la détermine. Et pour être sûre qu’elle ne se trahira pas sous l’insistance barbare de ses bourreaux, elle se saisit d’une dague à la ceinture d’un garde et d’un coup sec la plante dans sa poitrine — aux variantes près des inspirations diverses des metteurs en scène.
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Scène sans doute la plus intense et la plus émouvante de cet opéra. D’abord parce qu’elle est le lieu de l’affrontement de deux femmes que tout oppose : « la terrible princesse, murée dans sa frigidité névrotique, et la petite esclave amoureuse, qui figure l’apothéose de l’amour dans ce qu’il a de plus pur, de plus proche du don absolu. Turandot veut prendre, Liù veut donner. » ainsi que l’écrit Catherine Duault. Ensuite, parce que Liù — en vérité, si comparable à Butterfly —, modèle de la femme simple et modeste que Puccini aime à choisir comme héroïne, élargit également les plans émotionnel et musical de l’œuvre. C’est elle, « rien, une esclave ! », comme elle se définit elle-même, qui aide, qui sauve, qui préserve et qui par amour se sacrifie. Et c’est elle qui arrache nos larmes lorsqu’elle chante quelques instants avant de mourir aux pieds de Calaf, s’adressant à la glaciale Turandot, « Tu che di gel sei cinta » (Toi qui es recouverte de glace) :
Oui, Princesse, écoute-moi ! Toi qui es ceinte de glace, Vaincue par une telle flamme Toi aussi tu l’aimeras ! Avant cette aurore, Fatiguée, je ferme les yeux, Pour qu’il soit encore vainqueur… Pour ne plus le voir !
Calaf invite Turandot à contempler les tragiques conséquences de ses actes puis l’étreint et lui donne un baiser provoquant. Confuse, elle lui avoue son amour alors que la nuit s’efface doucement. Calaf n’attend pas que l’aube s’installe pour livrer son nom à sa princesse aimée, remettant ainsi sa vie entre ses mains.
Lorsque le soleil illumine enfin la Cité de tous ses feux, Turandot déclare à son père et au peuple rassemblé qu’elle connaît le nom de l’étranger. « Son nom est… Amour », clame-elle, avant que le couple s’enlace sous les acclamations de la foule en liesse… et des spectateurs conquis.
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Mais quel final, Puccini lui-même aurait-il réservé à son chef d’œuvre si la vie lui en avait laissé le temps ?
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Si le théâtre est le temple des larmes, alors l’opéra en est le paradis… et Puccini son maître jardinier, compositeur des plus émouvants bouquets lyriques que la scène puisse offrir à notre plaisir…
… Plaisir des larmes ! Évidemment !
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Et tamen pati vult ex eis dolorem spectator et dolor ipse est voluptas eius.
Car les spectateurs veulent en ressentir de la douleur ; et cette douleur est leur joie.
Saint Augustin (Confessions, III, 2 – traduction A. d’Andilly)