Trois bonbons

Reynaldo Hahn 1874-1947

Je me vouvoie toujours quand, en colère, je m’en prends à moi-même. Car c’est bien trois douceurs, en effet, que j’ai saisies dans la bonbonnière du très élégant Reynaldo Hahn que Marcel Proust a tant aimé. Non pas celle que j’ai déjà fouillée si souvent, consacrée aux admirables mélodies qu’il a composées autour des poèmes de Verlaine, Hugo, Moréas, Coppée et tant d’autres, mais celle où il conserve ses délicieuses et raffinées oeuvres pour piano – piano seul, piano à quatre mains, deux pianos – dans laquelle, au vrai, trop peu de mains se perdent.

Mais, chacun le sait, je suis partageur… Alors, m’étant déjà pardonné moi-même, à votre tour, si je vous fais goûter à mon butin, me pardonnerez-vous ?

A l’ombre rêveuse de Chopin (Premières valses – 1898)
Eric Le Sage – piano

Hivernale (Le rossignol éperdu  / Série IV Versailles – 1899-1910)
Eric Le Sage – piano

Décrets indolents du hasard (Le ruban dénoué, suite de valses à deux pianos – 1915)
Lucas & Arthur Jussen – pianos

Cette série de valses a occupé quelques-uns de mes mornes loisirs en ces derniers mois. Je ne m’en exagère pas la valeur musicale. Mais j’ai tenté d’y fixer des instants qui auront compté dans ma vie. – Reynaldo Hahn

À la maison… Tout simplement !

Joyce DiDonato chante depuis le piano de son salon une des plus belles mélodies françaises, « À Chloris »

Poème de Théophile de Viau – Musique de Reynaldo Hahn
 

À Chloris
 
S’il est vrai, Chloris, que tu m’aimes,
Mais j’entends, que tu m’aimes bien,
Je ne crois point que les rois mêmes
Aient un bonheur pareil au mien.
 
Que la mort serait importune
De venir changer ma fortune
A la félicité des cieux !
 
Tout ce qu’on dit de l’ambroisie
Ne touche point ma fantaisie
Au prix des grâces de tes yeux.