L’herbe écoute (7) – Hyménoptères*

  • François Schubert, Franz Anton Schubert, « l’autre Schubert », (1808-1878) – qui a choisi, à l’occasion d’un séjour en France, de changer de prénom pour éviter toute confusion – doit certainement son passage à la postérité à sa composition Die Bieneop. 13 n°9 (L’Abeille).
    Cette petite pièce pour violon écrite en forme de mouvement perpétuel rassemble notes rapides et répétées en un élan continu reproduisant le vol affairé de l’insecte tout occupé à sa noble tâche.

Eduardo Bortolotti  (violon) & Pascual Cerezo (piano)

  • En 1909, quand il écrit la musique de scène « The Wasps » (Les Guêpes), qui lui a été commandée pour illustrer la comédie éponyme du poète grec Aristophane (422 av. J.-C), satire piquante de la magistrature athénienne, le compositeur anglais Ralph Vaughan Williams (1872-1958) n’est encore qu’au début de la grande carrière qui l’attend.
    Le défi pour cette composition était de rendre musicalement le ton caustique employé par le poète pour railler la justice athénienne, bourdonnant, comme un vol de guêpes, d’une vaine suractivité, de cris et de plaintes, et prompte, comme ces insectes à la piqûre inconsidérée, à condamner sans pitié ni discernement.

 Vaughan Williams, fort du succès de cette très longue partition, la reprendra pour la réduire à une suite de moins de trente minutes.
C’est l’Ouverture de cette Aristophanic Suite que la postérité  retiendra essentiellement.
Dès le début un bourdonnement menaçant, essaim de guêpes en furie ou froissement des himations orgueilleusement drapés ? Deux thèmes suivent, apaisés, mélodieux, porteur d’une part de nostalgie relevée par les couleurs des cuivres et des bois. L’ouverture se termine par une coda vivifiante : retour énergique et triomphant des thèmes principaux, se concluant par des accords puissants et des tutti orchestraux.

La Mirada Symphony (California)

Direction : Alan Mautner

  • Roger Cichy, compositeur et arrangeur américain contemporain, plus particulièrement reconnu pour son engagement dans la promotion des instruments à vent, a écrit en 2000, une suite pour orchestre à vent, « Bugs », qui, comme son nom l’indique, explore musicalement le monde des insectes.
    Le dernier mouvement,
    « Army Ants » (l’armée des fourmis), est une marche dissonante représentant une troupe de fourmis légionnaires dans leur perpétuelle procession prédatrice.

Orquestra de Sopros do Médio Tejo

Direction : Simão Francisco

Ronde

Les rois peuvent voir tomber leurs palais, les fourmis auront toujours leur demeure.

Georges-Pierre Maurice de Guérin (1810-1939)

Fourmis argentées du Sahara (Cataglyphis bombycinus)
photo par Manuel García-Viñó Sánchez

Ronde

Quand, lune après lune,
la vague infertile aura bu
la fragile falaise,

quand, ignorants et cupides,
nous aurons tout brûlé jusqu’aux
béquilles de notre propre liberté,

là-bas, au pied de la dune éblouie,
dansant une inlassable ronde, les fourmis
continueront de graver leur laborieux sillon
sur l’or poudreux d’un vieux désert.

Lelius (18/05/2021)