Dans le blues, dans le jazz, l’obscurité est toujours déjà présente, tout comme le chagrin. La catastrophe est un éternel compagnon. Mais jamais vous ne laissez l’obscurité et le chagrin avoir le dernier mot. Jamais.
Cornel West (Philosophe américain)
in « Philosophie Magazine » (11/2012)
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Oh ! Oui ! Même si l’on n’est pas un(e) grand(e) aficionad(a) d’opéra, on a tous un jour croisé le chemin de cette attendrissante Madame Butterfly dont Maître Puccini raconte l’histoire dans une de ses plus belles œuvres, l’opéra éponyme de 1904, l’un des plus joués dans le monde.
Qui n’a pas un jour senti son cœur se serrer devant le triste désarroi de cette jeune et jolie japonaise, naïve, séduite, abandonnée et trahie par un officier américain ?
Qui n’a pas essuyé une larme lorsque fière et courageuse au sommet de son désespoir elle fait en scène ses adieux à son enfant chéri avant de se donner le seppuku ?
Qui aurait pu imaginer que ce thème inspirerait, en 1916, deux compositeurs de Broadway, Raymond Hubbel et John L. Golden qui écriraient la chanson « Poor Butterfly » ?
Qui, alors, aurait pu prédire que son succès du moment ferait d’elle, dans les années 1950, un « standard » du jazz, au programme des musiciens et des voix les plus emblématiques du genre, et au point de figurer dans le répertoire de la grande Sarah Vaughan comme titre signature ?
Questions sans réponse… Qu’importe !
Le flambeau continue de se transmettre. Alléluia !
A cappella ou en formation avec Andrea Motis et son quintet, Cécile McLorin Salvant en témoigne superbement :
Poor Butterfly
There’s a story told of a little Japanese.
Sitting demurely ‘neath the cherry blossom trees.
Miss Butterfly’s her name.
A sweet little innocent child was she
‘Till a fine young American from the sea
To her garden came.
They met ‘neath the cherry blossoms everyday.
And he taught her how to love the American way.
To love with her soul t’was easy to learn.
Then he sailed away with a promise to return.
Poor Butterfly
‘Neath the blossoms waiting.
Poor Butterfly
For she loved him so.
The moments pass into hours.
The hours pass into years.
And while she smiles through her tears,
She murmurs low:
The moon and I know that he’ll be faithful
I’m sure he’ll come to me by and by.
But if he won’t come back I won’t I’ll never sigh or cry,
I just must die.
Poor Butterfly!
Pauvre Butterfly !
Voici l’histoire que l’on raconte
à propos d’une petite japonaise
assise délicatement
sous les cerisiers en fleurs.
Son nom : Miss Butterfly.
C’était une douce petite enfant,
innocente,
jusqu’à ce qu’un beau jeune homme
venu de la mer
apparaisse dans son jardin.
Chaque jour ils se sont vus
sous les fleurs des cerisiers.
Il lui a appris à aimer
la vie à l’américaine.
– Apprend vite l’âme qui aime.
Puis il est parti,
promettant de revenir.
Pauvre Butterfly
patiente sous les fleurs.
Pauvre Butterfly
qui l’aimait tellement.
Les instants devinrent
des heures,
et les heures des années.
Tandis qu’elle souriait
à travers ses larmes,
elle murmurait tout bas :
‘Nous savons, la Lune et moi
qu’il me restera fidèle.
Je suis sûre qu’il reviendra
me voir de temps en temps.
Mais s’il ne revenait pas,
sans un pleur, sans un soupir,
je devrai juste mourir.’
Pauvre Butterfly !
Pour la nostalgie :
Pour l’Histoire :