
Mes bras ouverts tout grands vers toi en un geste de croix
pour y crucifier ton âme en baiser sur la mienne :
doux calvaire de la chair où la douce géhenne
confondra le râle de mort et d’amour en nos voix.
Jean Delville
(extrait du très wagnérien poème « Le Désir Suprême » in « Les Horizons Hantés » – Bruxelles, Éditions Lacomblez – 1891)
Comme un écho au billet paru le 23 mai 2013 sur « Perles d’Orphée » :
Liebestod (La mort d’amour)
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Tristan
– Veux-tu me suivre au pays où le soleil ne luit point ? Veux-tu suivre Tristan ?
Isolde
– Au pays dont il parle, Isolde suivra Tristan…
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Waltraud Meier (Isolde) – Festival de Bayreuth – 1999. « Liebestod »
Doux et serein, comme il sourit
Comme il ouvre les yeux d’un bel air avenant,
Le voyez-vous, amis ? Ne le verriez-vous pas ?
Lumière toujours plus éclatante
Qui va se fixer là-haut
Au rang des étoiles resplendissantes !
Ne le voyez-vous pas ?
Son cœur se soulève si fièrement
Et palpite en une si noble plénitude,
De ses lèvres s’exhale, frais et doux,
Un souffle d’une tendre suavité,
Amis ! Voyez !
Ne le sentez-vous pas ? Ne le voyez-vous pas ?
Entendrais-je seule ce murmure
Qui m’envahit si merveilleusement,
Si paisiblement, si délicieusement dolente,
Aveu total, doux recommencements
Dont il est source qui me pénètre, s’élève,
M’emplissant de sa volupté, de ses nappes de son.
Plus claires maintenant et ondoyant autour de moi.
Sont-ce des courants de molles brises ?
Sont-ce des vagues d’enivrantes senteurs ?
Comme elles s’enflent en une houle qui m’enrobe !
Dois-je respirer ? Dois-je écouter ?
Dois-je inhaler et me fondre ?
Dois-je livrer mon souffle à ces exquisités ?
Dans ces flots ondulants,
Dans ces modulations d’harmonies,
Dans l’esprit qui palpite en un seul battement,
Se noyer, sombrer, inconsciente…
Joie suprême !
Une réflexion sur “Liebestod”