
Quel plus formidable ensorceleur pour exorciser 2020 et balayer enfin les derniers soubresauts maléfiques de l’an mauvais dans un impétueux tourbillon de musique, que le grand sorcier lui-même, né il y a 250 ans et quelques jours : Ludwig van Beethoven ?
Le frisson des quatuors de Beethoven vient en partie de la combinaison d’une difficulté virtuose et d’une intensité émotionnelle. Prescience de magicien, le Maître n’aurait-il pas écrit à dessein le dernier mouvement, « Allegro molto », de son Quatuor à cordes n°9 en Ut majeur, Op.59 ?
Pour le plaisir d’y croire :
– L’écoute du sémillant Quatuor ÉBÈNE :
– L’analyse de Laurent Mazliak, chercheur-musicien du Laboratoire de Probabilités, Statistique et Modélisation (hé oui !), rencontré au hasard d’une balade sur la toile :
C’est à l’alto que revient alors l’honneur de lancer le tourbillon qui vient. Ce thème impétueux,reprenant deux fois son souffle comme pour mieux concentrer ses forces se libère finalement de toutes ses entraves, et fonce droit devant lui, balayant tout sur son passage, repris en fugato par le second violon, puis le violoncelle et enfin le premier violon qui l’amène à un paroxysme où il va rester et culminer pendant quelques mesures avant de redescendre, de remonter en suivant un prodigieux échange des quatre instruments montant un thème sur une seule corde. Réexposition, il redescend encore, et il remonte pour ce qui semble être la dernière fois sur un bruissement sémillant du premier violon, alors que le second énonce un magnifique contre-chant. Le tout s’effondre dans un point d’orgue. Et ce n’est pas fini ! Relançant la machine toujours plus haut,toujours plus vite, transformant quatre musiciens en huit ou douze, le joyeux fracas est porté au sommet de son incandescence sur de bouillonnants arpèges d’ut majeur à l’unisson.