Nous ne remercierons jamais assez les grenouilles ! 🐸
S’il fallait tenir compte des services rendus à la science, la grenouille occuperait la première place.
Claude Bernard – Introduction à l’étude de la médecine expérimentale (1865)
Mais pas seulement à la science qui nous a appris, entre autres, dès le collège, à distinguer, à travers la dissection de ses congénères, qui de nous était sensible, curieux, indifférent ou sadique…
À la gastronomie, également, au fond d’une poêle, avec une belle noix de beurre, de l’ail et du persil…
À la littérature aussi, chez les Frères Grimm, dans l’inoubliable fable de La Fontaine, ou dans les interprétations de « La Métamorphose » de Kafka…
À l’illustration de quelques contes porteurs de sagesse et de symboles…
À la musique, enfin, par les instruments qui ont emprunté son image ou copié son coassement, et à travers les oeuvres des grands compositeurs, comme Saint-Saëns (Le Carnaval des Animaux) ou Haydn (Quatuor Op.50 N°6)…

Un jour, pour se divertir, quelques grenouilles, prétentieuses comme chacun le sait, se lancèrent le défi d’atteindre la plus haute branche d’un grand arbre. Tous les animaux des alentours, informés de la course, accoururent, qui pour encourager, qui par curiosité, mais tous persuadés de la vanité du projet, convaincus qu’aucun des batraciens n’atteindrait l’objectif.
Les encouragements du début ne tardèrent pas à se transformer en constat d’impossibilité et suggestions d’abandon : les « vas-y ! », « accroche-toi ! » devinrent, trop vite hélas, des « laisse tomber ! », « c’est de la folie ! »
Et les abandons des apprenties athlètes se multipliaient à mesure que forçait l’expression désenchantée du public, application pratique de cette pensée de Paul Valéry :
« le grand triomphe de l’adversaire c’est de vous faire croire ce qu’il dit de vous ».
Les plus tenaces ayant fini par lâcher prise, ne restait plus en lice qu’une grenouille, à la limite de l’épuisement, qui redoublait d’efforts pour atteindre le sommet… Et qui l’atteignit enfin.
Ébahies par cette incroyable performance, toutes les candidates se précipitèrent auprès de la gagnante pour connaître le secret de sa réussite. L’une d’elle la questionna une première fois sans obtenir de réponse. Réitéra sa demande, la répéta encore, se rapprochant d’elle en haussant la voix. Elle comprit alors le secret de ce succès : aucune sentence démotivante n’aurait pu entamer le courage et la détermination de la lauréate. Elle était sourde.
∑
… Mais pour nous, qui ne le sommes pas, à la musique tout au moins…
Joseph Haydn (1732-1809)
Finale (Allegro con spirito)
Quatuor Op. 50 – N°6 – « La grenouille »
Quatuor Hanson


il m’arrive parfois de regretter de ne pas être sourde…
Rien à voir évidement avec ce formidable morceau que tu nous offres…
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Se mettre en état de « surdité » volontaire demande un effort considérable… Mais on n’est jamais aussi fort et confiant que lorsqu’on y parvient. Avec l’âge l’effort devient nettement moins violent…
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J’aime le succès et la réussite de la lauréate grenouille très motivée et, déterminée à atteindre la plus haute branche.
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Sa surdité lui confère-t-elle vraiment autant de mérite ?
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La est la question !
j’aime la détermination…
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Ton histoire de grenouille sourde me fait penser à une blague.
Un savant demande à une grenouille de sauter. Celle-ci saute. Puis il lui coupe les pattes et lui « Saute! ». Elle ne saute pas.
conclusion de l’expérience : si tu coupes les pattes à une grenouille, elle devient sourde.🤭
Merci pour ce morceau.
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C’est du même genre que l’aberration que peut engendrer l’usage inconsidéré du syllogisme…
Mais si j’apprenais que cette histoire est inspirée de la réalité, je ne serais pas particulièrement surpris.
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