Ma lecture de ce texte a été déjà publiée sur « Perles d’Orphée » le 15/05/2013
sous le titre : « Tout a-t-il été dit ? »

Croire que « tout a été dit » et que « l’on vient trop tard » est le fait d’un esprit sans force, ou que le monde ne surprend plus assez. Peu de choses, au contraire, ont été dites comme il le fallait, car la secrète vérité du monde est fuyante, et l’on peut ne jamais cesser de la poursuivre, l’approcher quelquefois, souvent de nouveau s’en éloigner. C’est pourquoi, il ne peut y avoir de répit à nos questions, d’arrêt dans nos recherches, c’est pourquoi nous ne devrions jamais connaître la mort intérieure, celle qui survient quand nous croyons, à tort, avoir épuisé toute possibilité de surprise. Si nous cédons à ce désabusement, bien proche du désespoir, c’est que nous ne savons plus voir ni le monde en dehors de nous, ni celui que nous contenons, c’est que nous sommes inférieurs à notre tâche (…)
Quiconque s’enfonce assez loin dans sa sensibilité particulière, quiconque est assez attentif à la singularité de son expérience propre, découvre des régions nouvelles ; et il comprend aussi combien il est difficile de décrire à d’autres les pas effrayés ou enchantés qu’il y fait.
Philippe Jaccottet in Nuages – Fata Morgana – 2002

Je suis en train de le relire…( Et, Néanmoins dans la Blanche de Gallimard. Je ne l’avais jamais lu ainsi que les Eléments d’un songe.)
» nous sommes inférieurs à notre tâche »…Je le crois oui parfois .
Mais la grande optimiste que je suis ne le pense jamais bien longtemps.
Tu donnes encore une fois toute sa dimension à ce texte si fabuleusement fin.
Merci Lelius
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Chez Jaccottet, chaque mot pèse son poids. Dans sa poésie, comme dans ses réflexions, le lecteur est toujours appelé au-delà de lui-même.
« Nous ne sommes inférieurs à notre tâche » que si nous « cédons à ce désabusement » et, à l’évidence, rien dans ta poésie ne laisse penser que tu pourrais y céder…
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