Car la musique est là, sur terre, elle existe à nos côtés, comme une amie, et la plénitude de son évidence donne le courage de vivre, d’écrire, de continuer.
V. Jankélévitch, B. Berlowitz, Quelque part dans l’inachevé – Gallimard, 1978
Quintessence de la composition musicale, la musique de chambre, et particulièrement son fleuron, le quatuor à cordes, demeure un domaine privilégié de l’expression de l’intime.
Bien qu’écrits dans des circonstances historiques et culturelles très différentes, le Quatuor n°8 de Chostakovitch et le « Quatuor américain » de Dvoràk, à priori si lointains l’un de l’autre, trouvent un important point de similitude dans leur capacité à exprimer les émotions profondes de leurs compositeurs respectifs confrontés aux préoccupations de leurs époques.

Quand l’un, empreint de noirceur et de gravité, hurle la douleur de son temps, mu par une volonté autobiographique certaine, voire testamentaire, l’autre, inspiré par les grands espaces américains, chante, avec tout le lyrisme slave qui l’habite, l’optimisme lumineux de son pays d’accueil, sur fond de douce nostalgie.
C’est évidemment l’art des grands artistes que de pouvoir, à travers la sincérité de leurs oeuvres, exprimer autant qu’ils les créent les émotions les plus fortes, confiant à leurs admirateurs le soin jubilatoire de faire le tri… Exercice d’autant plus aisé que l’excellence des interprètes y contribuera.
Tel, ici, le jeune et très talentueux Quatuor Dover :
Cordes hurlez !

Quatuor à cordes N°8 en Ut mineur
« À la mémoire des victimes du fascisme et de la guerre »
(composé du 12 au 14 juillet 1960)
Mouvement II – Allegro molto
Le caractère pseudo-tragique de ce quatuor vient de ce qu’en composant, j’ai répandu autant de larmes que je répands d’urine après une demi-douzaine de bières.
Chantez cordes !

Quatuor à cordes N°12 en Fa majeur « Américain »
(composé pendant l’été 1893)
Mouvement IV – Finale vivace ma non troppo
Imagine, après huit mois en Amérique, j’ai entendu à nouveau le chant des oiseaux ! Et ici les oiseaux sont différents des nôtres, ils ont des couleurs plus vives, et ils chantent différemment.

Étonnantes et rafraîchissantes interprétations. Je suis toujours et à chaque écouté étonné par ce quatuor de Chostakovich .
Merci Lelius.
J’aimeAimé par 1 personne
Formidable Quatuor Dover ! Ce n’est pas sans raison que la presse mondiale l’a placé au pinacle. Je ne suis pas le seul à avoir, en particulier, une grande admiration pour l’altiste, Milena Pajaro-van de Stadt, au jeu aussi soyeux qu’énergique, qui désormais ne fait plus partie de l’ensemble.
Toute la musique de chambre de Chostakovitch est troublante, ce quatuor en est certes le point d’expression la plus intime. Il faut dire que les contrôles et censures du régime ne s’exerçaient pas trop sur ce type de compositions plus marginales, permettant ainsi une plus grande sincérité des sentiments. C’était évidemment moins le cas pour les symphonies, particulièrement exposées au public et souvent utilisées comme moyen de propagande par le régime.
Merci d’avoir apprécié !
J’aimeAimé par 1 personne
Merci pour la découverte. Je vais suivre ce quatuor d’un peu plus prés.
J’aimeAimé par 1 personne