Sous le Fondaco dei Tedeschi, la gondole vira ; par les petits canaux obscurs, elle glissa vers le Rio di Palazzo. Les cloches de San Giovanni Crisostomo, de San Giovanni Elemosinario, de San Cassiano, de Santa Maria dei Miracoli, de Santa Maria Formosa, de San Lio, accueillaient l’aurore par de joyeux carillons. Les bruits du marché se perdaient dans la salutation des bronzes, avec les odeurs de la pêche, des herbages et du vin. Entre les murailles de marbre et de brique encore endormies, sous le ruban du ciel resplendissait de plus en plus le ruban de l’eau qui, tranchée par le fer de la proue, s’allumait dans la course ; et ce croissant éclat donnait à Stelio l’illusion d’une rapidité flamboyante.
Gabriele D’Annunzio – Le feu – 1900
Mendelssohn : Romance sans paroles Op.30 – #6 – Allegretto Tranquillo
Arrangement & clarinette : Andreas Ottensamer
Schumann Quartet et Gunnar Upatnieks (contrebasse)
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Qui ne serait pris d’un léger frisson et n’aurait à maîtriser une aversion, une appréhension secrète si c’est la première fois, ou au moins la première fois depuis longtemps, qu’il met le pied dans une gondole vénitienne ? Étrange embarcation, héritée telle quelle du Moyen Age, et d’un noir tout particulier comme on n’en voit qu’aux cercueils – cela rappelle les silencieuses et criminelles aventures de nuits où l’on n’entend que le clapotis des eaux ; cela suggère l’idée de la mort elle-même, de corps transportés sur des civières, d’événements funèbres, d’un suprême et muet voyage. Et le siège d’une telle barque, avec sa laque funéraire et le noir mat des coussins de velours, n’est-ce pas le fauteuil le plus voluptueux, le plus moelleux, le plus amollissant du monde ?
Thomas Mann – La mort à Venise – 1912
Mendelssohn : Romance sans paroles Op. 30 – #6*
Allegretto tranquillo en fa dièse mineur – « Venezianisches Gondellied »
Veneta Neynska – Piano
*Composée entre 1833 et 1834 et dédiée à Elisa von Woringen
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Lorsque je cherche un autre mot pour exprimer le terme musique, je ne trouve jamais que le mot Venise.
Friedrich Nietzsche

Et j’ai voyagé. Oh oui.
Merci à toi Lelius.
Ti bacio.
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Merci à toi d’avoir embarqué sur ma gondole.
Ti bacio anch’io
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Merci Lelius d’avoir réveillé en moi cette romance sans paroles de Mendelssohn dont je ne connaissais que la version piano. C’est un morceau que j’adore et pour lequel j’ignorais la référence vénitienne. Je n’ai eu qu’à fermer les yeux et la Sérénissime est apparue sous mes paupières, hors du temps comme seule elle peut l’être. Merci encore.
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Ravi d’avoir réveillé en vous ce souvenir heureux. Et de vous avoir fait découvrir cette version pour musique de chambre de cette romance sans paroles « vénitienne ». L’arrangement est récent et je l’ai également découvert il y a peu.
Merci pour la fidélité que vous accordez à mes billets !
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😊
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Quelle douceur cet Allegretto tranquillo en fa dièse mineur – « Venezianisches Gondellied »
Par Veneta Neynska au Piano
Et quelle pureté le son de la clarinette !
Je ne connaissais pas. Merci. Je suis transportée !
Chantal
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Très heureux d’avoir pu vous offrir ce moment musical.
Merci de votre visite !
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