Dans toute œuvre d’art le chaos doit scintiller à travers le voile de l’ordre. Novalis (1172-1801)

L’exécutant qui, enfin, pour la première fois, oserait (car il y faut un certain courage) jouer la musique de Chopin sur le tempo qui lui convient, c’est-à-dire beaucoup plus lentement que l’on n’a coutume, la ferait pour la première fois vraiment comprendre, et d’une manière susceptible de plonger son public dans une stupeur admirative et émue ; celle que Chopin, toujours ou presque toujours, mérite d’obtenir.
Tel qu’on le joue d’ordinaire, tel que tous les virtuoses le jouent, il n’en reste à peu près plus rien que l’effet. Tout le reste est imperceptible, qui précisément importe surtout : le secret même d’une œuvre où aucune note n’est négligeable, où n’entre aucune rhétorique, aucune redondance, où rien n’est de simple remplissage, ainsi qu’il advient si souvent dans la musique de tant d’autres compositeurs, et je parle même des plus grands.
André Gide (La Revue Musicale – décembre 1931 – page 16)
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Béatrice Rana (piano)
Frédéric Chopin – Scherzo N°3 en Ut dièse mineur – Opus 39
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— « Comment joue-t-on Chopin ? » demanda jadis une jeune fille au grand professeur des Maîtres du piano, Heinrich Neuhaus.
— « Très, très bien, mon amour ! » lui répondit-il.
Une réflexion sur “… Et scintille le chaos”