‘Solfeggietto’

Carl Philipp Emanuel Bach 1714-1788

— Moi, Carl Philipp Emanuel Bach, digne fils du grand Jean-Sébastien, claveciniste à la cour de Frédéric II pendant trente ans, j’ai composé à l’attention des apprentis clavecinistes un petit exercice, Solfeggio en Ut mineur. Si charmant qu’il a très vite reçu le doux diminutif de Solfeggietto.
C’est une petite pépite en forme de courte pièce à une voix, dédiée au développement de l’agilité des dix doigts et de la transparence dans l’alternance des mains.
Sa difficulté vient en vérité du tempo prestissimo que suppose le mouvement.
J’avais à coeur de voir comment les « pianistes » de votre siècle, assis devant leurs monstres noirs aux dents blanches, traitaient ma modeste partition.

♦ Les jeunes apprentis virtuoses, d’abord, comme cette petite fille sérieuse et douée :

♦ Les virtuoses accomplis, qui ont dix doigts à chaque main, comme Shani Diluka, pianiste monégasque qui, me dit-on, ne compte plus ni les maîtres incontestés qui l’ont accompagnée, ni les partenaires prestigieux avec qui elle se produit :

♦ Et quelques autres hurluberlus comme Luca Sestak, qui se réunissent pour « faire le boeuf », comme ils disent, bousculant ma musique d’une drôle de manière… mais au fond si plaisante : 

Que de choses ont changé en trois siècles…! Demeure mon « Solfeggietto » !