Flâner entre le rêve et le poème… Ouvrir la cage aux arpèges… Se noyer dans un mot… S'évaporer dans les ciels d'un tableau… Prendre plaisir ou parfois en souffrir… Sentir et ressentir… Et puis le dire – S'enivrer de beauté pour se forcer à croire !
Giovanni Andrea Sirani – Tre sorelle -1663 (Trois grâces – Peinture – Musique – Poésie)
Les Anciens ne s’accordent ni sur le nom, ni sur le nombre, ni sur la fonction des Charites, mais dans la tradition la plus communément suivie, ce sont trois sœurs nommées Aglaé, Euphrosyne et Thalie. À l’origine divinités chthoniennes, elles répandent la fécondité et la grâce sur les êtres et les choses, étant par là-même dispensatrices de joie. On saisit alors le rapport étroit qui existe entre leur nom et la famille de charis : les Charites sont tout ce qui embellit et favorise la vie.
Étienne Wolff (2006) Sur une interprétation de la figure des Grâces. Littératures classiques N° 60(2)
Il ne manquait plus qu’elles chantassent…
Silvia Pérez Cruz – Rita Payés – MARO
chantent a cappella et en portugais
« Estrelas e raíz » (Étoiles et racines)
O céu sempre esta aqui, viu? nesta canção na aldeia e na cidade na selva e no sertão Ponta da Baleia diz canta nova amiga con estrelas e raiz. Todos somos filhos, viu? todo e circular chuva, vida e morte o tempo e o ar o planeta inteiro diz canta nova amiga con estrelas e raiz.
Le ciel est toujours là, vois-tu ? dans cette chanson dans le village et dans la ville dans la jungle et les alentours de Ponta da Baleia il est dit : « chante nouvel ami avec des étoiles et des racines. » Nous sommes tous des enfants, vois-tu ? tout et autour la pluie, la vie et la mort le temps et l’air la planète entière tout dit « chante nouvel ami avec les étoiles et les racines. »
Reprise d’un billet du 1/02/2014 sur « Perles d’Orphée » : « J’ai regardé cette terre »
En 2013, année du centenaire de la naissance du poète Salvador Espriu, la Catalogne a rendu un puissant hommage à celui qui a été un symbole de la résistance contre le franquisme.
Pour la circonstance Silvia Pérez Cruz, accompagnée à la guitare par Toti Soler, chantait avec une profonde et intense émotion ce beau poème que Salvador Espriu composa à la gloire de sa terre aimée.
« He mirat aquesta terra »
Quan la llum pujada des del fons del mar a llevant comença just a tremolar, he mirat aquesta terra, he mirat aquesta terra….
J’ai regardé cette terre
Quand la lumière montée du fond de la mer au levant commence juste à trembler, j’ai regardé cette terre, j’ai regardé cette terre.
Quand dans la montagne qui ferme le ponant le faucon emporte la clarté du ciel, j’ai regardé cette terre, j’ai regardé cette terre.
Tandis que râle l’air malade de la nuit et que des bouches d’ombre se pressent aux chemins, j’ai regardé cette terre, j’ai regardé cette terre.
Quand la pluie porte l’odeur de la poussière des feuilles âcres des lointains poivriers, j’ai regardé cette terre, j’ai regardé cette terre.
Quand le vent se parle dans la solitude de mes morts qui rient d’être toujours ensemble, j’ai regardé cette terre, j’ai regardé cette terre.
Tandis que je vieillis dans le long effort de passer le soc sur les souvenirs, j’ai regardé cette terre, j’ai regardé cette terre.
Quand l’été couche sur toute la campagne endormie l’ample silence qu’étendent les grillons, j’ai regardé cette terre, j’ai regardé cette terre.
Tandis que des sages doigts d’aveugle comprennent comment l’hiver dépouille le sommeil des sarments, j’ai regardé cette terre, j’ai regardé cette terre.
Quand la force effrénée des chevaux de l’averse descend soudain les ruisseaux, j’ai regardé cette terre, j’ai regardé cette terre.
1980
Salvador Espriu 1913-1985
Un poète de la Méditerranée : Salvador Espriu.
Jusqu'à la guerre civile espagnole, son expression est d'abord celle du dramaturge et du romancier ; en témoigne la publication de ses nouvelles Laia, 1932, ; Aspects, 1934 ; Ariane dans le labyrinthe grotesque et Mirage à Cythère, 1935.
Inspiré par le désastre de la guerre enfin terminée et les espérances qu'engendre le retour de la paix, l'écrivain se déclare poète. Entre 1949 et 1960 on peut trouver au rayon poésie des librairies ses recueils comme "Chansons d'Ariane", "les Heures et Mrs. Death", "Celui qui marche et le mur", "Fin du labyrinthe", "Livre de Sinera", "Formes et paroles".
En 1960, avec "La Peau de taureau", Espriu publie son œuvre la plus connue qui servira de référence au mouvement catalan dit de "la poésie civile". À cette période l'écrivain est fort engagé dans le combat des autonomistes catalans.
Outre la poésie et le roman, Espriu, profondément épris de culture antique et de références hébraïques, fasciné par la mort, écrit aussi pour la scène : "Antígone", 1939, "Première Histoire d'Esther", 1948, "Une autre Phèdre", 1978.