Flâner entre le rêve et le poème… Ouvrir la cage aux arpèges… Se noyer dans un mot… S'évaporer dans les ciels d'un tableau… Prendre plaisir ou parfois en souffrir… Sentir et ressentir… Et puis le dire – S'enivrer de beauté pour se forcer à croire !
Le petit homme qui chantait sans cesse le petit homme qui dansait dans ma tête le petit homme de la jeunesse a cassé son lacet de soulier et toutes les baraques de la fête tout d’un coup se sont écroulées et dans le silence de cette fête
dans le désert de cette fête j’ai entendu ta voix heureuse ta voix déchirée et fragile enfantine et désolée venant de loin et qui m’appelait et j’ai mis ma main sur mon coeur où remuaient ensanglantés les sept éclats de glace de ton rire étoilé.
Parla a lungo con me la mia compagna di cose tristi, gravi, che sul cuore pesano come una pietra; viluppo di mali inestricabile, che alcuna mano, e la mia, non può sciogliere.
Un passero della casa di faccia sulla gronda posa un attimo, al sol brilla, ritorna al cielo azzurro che gli è sopra.
Oh lui, tra i beati beato! Ha l’ali, ignora la mia pena secreta, il mio dolore d’uomo giunto a un confine: alla certezza di non poter soccorrere chi s’ama.
Confins
Longuement me parle ma compagne de choses tristes, graves, qui pèsent comme une pierre sur mon cœur ; enchevêtrement inextricable de douleurs, qu’aucune main, pas plus la mienne, n’annulera.
Un moineau sur la pente de la maison d’en face un instant se pose, brille au soleil, retourne au ciel d’azur par–dessus lui.
O lui heureux bienheureux ! Des ailes il a, il ignore ma peine secrète, ma douleur d’homme venu à une limite : toute la certitude de ne pouvoir porter secours à ceux que l’on aime.
Umberto Saba1883-1957
Extrait de « Parole » (Paroles) Traduction : Bernard Simeone
Peut-être est-ce parce qu'à Trieste on était en partie italien, en partie autrichien et en partie slovène, qu'Umberto Saba est demeuré le moins connu des immortels de la poésie italienne tels que Pasolini, Ungaretti et Montale, ses contemporains et amis.
Peut-être qu'une enfance difficile, sans père, et une vie d'homme en fuite permanente pour échapper aux persécutions des "lois raciales" et préserver la vie des siens, ont conduit la parole du poète sensible et mélancolique sur le chemin discret de la simplicité plutôt que vers les buissons épais de l'hermétisme du temps.