Flâner entre le rêve et le poème… Ouvrir la cage aux arpèges… Se noyer dans un mot… S'évaporer dans les ciels d'un tableau… Prendre plaisir ou parfois en souffrir… Sentir et ressentir… Et puis le dire – S'enivrer de beauté pour se forcer à croire !
.« Un jour où je doutais de moi », dit Dieu, « je suis allé chez mon ami Shakespeare, puis je me suis rendu au domicile de Rembrandt, qui se peignait couvert de rides. Avant de retrouver mon royaume incertain, j’ai salué l’enfant Mozart, à qui j’ai apporté un clavecin tout neuf. Ces trois visites m’ont suffi pour m’accepter un peu. »
La musique repose sur l’harmonie entre le Ciel et la Terre, sur la coïncidence du trouble et du clair.
Hermann Hesse – Narcisse et Goldmund
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MUSIQUE
J’aurais voulu de temps en temps être musique, et, privé de mon corps, partir avec le vent sur les fleuves perdus, les vautours en révolte, les troupeaux d’arbres fous qui broutent les hameaux.
De temps en temps j’aurais voulu être un murmure interrompant le long silence du silex et le forçant enfin de m’expliquer pourquoi il a l’air malheureux comme un astre qui tombe.
De temps en temps j’aurais voulu être un soupir chez les insectes roux qui détruisent la pomme, la sapotille et la pastèque trop crédule.
J’aurais voulu de temps en temps être un refrain qui unit sans raison ni astuce perverse le désespoir de vivre aux douceurs de la vie.
Ne pas confondre le commerce de la poésie avec la poésie du commerce ! Celle-ci est tellement plus séduisante que celle-là…
J’ai mis comme enseigne à ma boutique : « Fabricant de mensonges ». J’ai eu très peu de clients : quelques masochistes. J’ai changé d’enseigne : « Fabricant de mythes ». On fait la queue.