
(Photo National Geographic)
Méditation sur un visage
J’ai douloureusement médité devant vous
Et j’ai pleuré sur vous, vieille dame étrangère,
Qui ne pouviez savoir ma jeunesse légère
Occupée à fixer vos traits pâles et mous.
Je m’étonnais si fort que vous fussiez rieuse,
Moi qui d’abord pensais que vous n’aviez plus rien
Ayant à tout jamais perdu l’unique bien
D’être tentante, d’être étrange et vaporeuse.
La vie est-elle donc moins dure qu’on ne croit,
Puisqu’elle soigne encor comme une bonne mère,
Qu’elle sait égayer cette vieillesse amère
Où tout semblait devoir n’être que morne et froid !
Et pourtant avec quelle épouvante cachée
Je regardais, songeant à la blancheur des lys
De nos âges, la peau ravagée et tachée
De ce masque qui fut jeune femme, jadis !
— Moi qui veux vivre jusqu’au bout ; est-il possible
D’imaginer qu’ainsi je pourrai rire un jour
Lorsque je n’aurai plus ce trésor indicible :
L’audace, la beauté, l’entrain, l’orgueil, l’amour ?…

Lucie Delarue-Mardrus
1874 – 1945

Petite j’ai appris l’écureuil de Lucie Delarue Mardrus. Je m’en souviens encore ❤️
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Il est normal que tu t’en souviennes encore, c’était il y a quelques années à peine. 😉
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Beau poème …Quant au visage de la femme malaisienne …N’est ce pas beauté pure…Me suis surprise à lui sourire longtemps…
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J’ai eu un coup de foudre.
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😁😁😁😁
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Quelles belles femmes, celle âgée de Malaisie, et la jeune… elle fut donc l’épouse du formidable Mardrus ! (non pas beau, lui, mais un génial traducteur conteur !)
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Belles femmes en effet, l’une et l’autre pourtant très différentes. Les photos de Lucie mature sont moins engageantes, il émane de son regard, à mon sens, une certaine indifférence hautaine et froide…
Elle fut, il est vrai, l’épouse du fameux Docteur Mardrus, très attaché culturellement et spirituellement à son Orient natal, source de ses inspirations littéraires.
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