Ode à la manivelle

Dans un siècle dont tant de livres disent les noirceurs alors que ne s’y opposent souvent que des simplismes à la ‘Coué’, l’œuvre de Dhôtel s’avance un peu seule et sans tapage vers cette raie de lumière sous la porte qu’il y a au fond de chacun de nous.

Jean Grosjean

Ode à la manivelle

Le joueur d’orgue
de barbarie monologuait :
« Puisque vous ne comprenez rien
je dois tout vous expliquer.

En haut de mes gammes les coquelicots
vers le milieu les bleuets
en profondeur les roses noires.
Mais les fleurs toutes ensemble
ne sont là que pour éclairer
les lignes vives de l’amour.

Sur la première portée
s’impriment les pieds nus
de la fille irremplaçable.
La seconde garde le reflet
de ses charmes et sourires
tandis qu’au fond de l’azur fin
après cent tours de manivelle
dans un silence apparaît
son ravissant corps dévêtu… »

André Dhôtel 1900-1991

 

 

in Poèmes comme ça (Editions Le temps qu’il fait)

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Lelius

La musique et la poésie : des voies vers les êtres... Un chemin vers soi !

6 commentaires sur “Ode à la manivelle”

    1. Et voilà toute ma réflexion orthographique de ce matin : rai de lumière ou raie de lumière ? J’aurais utilisé spontanément le masculin, comme toi, mais la phrase de Jean Grosjean – dont je ne peux douter de la langue – a provoqué le trouble.

      Il me semble, après quelques recherches, que les deux peuvent s’employer…

      Ta nouvelle vie t’en dira plus… quand tu étudieras les langues mortes.

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      1. Les deux sont possibles oui…
        Mais mon cher Lelius, cela fait déjà quelques années que j’enseigne une langue étrangère sais-tu…C’est avec un bagage de synonymes basiques que j’y retourne ce lundi…Et celui-ci ne sera pas mis en soute.
        Je t’embrasse.

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        1. Je viens de trouver – sans la chercher – cette intervention très récente d’Aude Denizot, professeur de droit à l’université du Maine, qui crie également à la catastrophe et qui donne quelques explications intéressantes et épouvantables…

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        2. Merci à toi.
          C’est tout à fait cela oui et ça fait plus de quinze ans que je dis cela.
          J’apprends désormais à mes élèves de douze ans à tenir une feuille dans le bon sens et ce n’est pas une mince affaire. Certains, beaucoup n’ont jamais encore rencontré une feuille. Tout est photocopié depuis le primaire, ils n’ont complété que des exercices à trous et sont placés la plupart du temps en auto-correction sans le regard adulte. Ils perpétuent de ce fait leurs erreurs jusqu’à se convaincre qu’ils ont raison.
          et comme moins on est cultivé plus on a d’assurance beaucoup sont dans le refus pur et simple de se corriger.
          L’orthographe est une chose mais le manque de vocabulaire le plus simple plus tragique encore.
          Dans la matière que j’enseigne nous sommes les premiers à nous rendre compte du niveau réel des élèves, pour une raison simple, nous sommes les seuls aussi à les faire écrire. Dans les autres matières la rédaction argumentée des réponses n’intervient pas avant la quatrième. Ils ont déjà treize ou quatorze ans. On s’émeut alors de leur niveau après leur avoir laissé croire qu’ils étaient bons alors que les enseignants de français avaient pointé seuls les difficultés depuis un moment.
          C’est un monde d’une extraordinaire mauvaise foi dont j’aimerais sortir maintenant.
          Après avoir animé bénévolement le midi dans cette grande machine qui vire à la machinerie, un atelier poésie , seulement pour offrir du rêve….

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