Fulgurances – XXXI – Bouts de vie

Pour vivre, il faut planter un arbre, il faut
faire un enfant, bâtir une maison.

J’ai seulement regardé l’eau
qui passe en nous disant que tout s’écoule.

J’ai seulement cherché le feu
qui brûle en nous disant que tout s’éteint.

J’ai seulement suivi le vent
qui fuit en nous disant que tout se perd.

Je n’ai rien semé dans la terre
qui reste en nous disant : je vous attends.

in Journal du scribe (Les Éperonniers – 1990)

Liliane WoutersBelgique 1930-2016

Pas rien, pas rien, le petit vent de l’aube,
Le petit rose du petit matin,
Changé en pourpre, en noir, en nuit de taupe.
Je suis la taupe et le ciel est lointain.

Pas rien, pas rien, les flaques sur la plage,
La dune blonde et la blonde clarté,
La mer sans fin et les vagues sans âges,
Nous n’y aurons dansé qu’un seul été.

Pas rien, pas rien, même si l’on décompte
Les vaches maigres, les années de chien.
J’aurai vécu tel jour, telle seconde
C’était trop peu mais ce ne fut pas rien.

in L’aloès (Luneau-Ascot – 1983)

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Lelius

La musique et la poésie : des voies vers les êtres... Un chemin vers soi !

12 commentaires sur “Fulgurances – XXXI – Bouts de vie”

    1. Je partage avec vous ce goût pour la sensibilité sans fioritures et la sincérité de la poésie de Liliane Wouters. Pauvre parmi les pauvres notre poétesse ; le lot des poètes et de la poésie…

      Merci Marie-Anne d’avoir apprécié mon choix.

      Aimé par 1 personne

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