Eurydice, et pourtant…

La mort est belle. Elle seule donne à l’amour son vrai climat.

Jean Anouilh – « Eurydice » (1942)

La douleur infinie de celui qui reste. Comme un pâle reflet de l’infini voyage qui attend celui qui part.

Pierre Bottero

Pour Eurydice, évidemment, qui n’a pas le premier rôle, et pourtant…

Pour la charmante Amanda Forsythe qui donne tant de beauté à la voix de celle qui, connaissant désormais le monde d’Hadès, exprime ses doutes et ses craintes à celui qui ne peut lui accorder le moindre regard, et qui, pourtant, vers elle se retournera…

Pour Christoph Willibald Gluck qui, en 1762 composa un de ses plus fameux chefs-d’œuvre, « Orfeo ed Euridice ». Merveilleux opéra qui connut pourtant bien des modifications, dont cette version très réussie et jusque-là inédite, de 1774, à Naples.

Pour Diego Fasolis, l’ensemble I Barocchisti et les Chœurs de la Radio-Télévision Suisse (absents dans cet extrait). Tous, avec une énergie parfaitement maîtrisée, pétrissent les ombres sonores, tantôt inquiétantes, tantôt consolatrices, dans lesquelles se dénoue ce drame éternel de l’amour meurtri… qui pourtant ne cesse de nous fasciner et de nous séduire.

Amanda Forsythe chante « Senza un addio »
extrait de l’opéra de Gluck
« Orfeo ed Euridice » (version 1774 – Naples)

Senza un addio?
Tu sospiri !… ti confondi !…
Non mi guardi !… non rispondi !…
Ah! Tu piangi, oh Dio, perché?

Per pietà del mio dolore
dimmi almen, mio dolce amore,
di che temi! In che mancai?
Perché tremi accanto a me?

Ah! Crudel, tu più non m’ami.
Tu sol brami il pianto mio, Crudel!
Vieni, o morte. A che più tardi?
Per me un bene in queste pene,
Non più il vivere non è.

Sans un adieu ?
Tu soupires !… Tu te troubles !…
Tu ne me regardes pas !… Tu ne réponds pas !…
Ah ! Tu pleures, grand Dieu, pourquoi ?

Prends pitié de ma douleur
et dis-moi au moins, mon doux amour,
de quoi tu as peur ! Quelle est mon erreur ?
Pourquoi trembles-tu à mes côtés ?

Ah ! Cruel, tu ne m’aimes plus.
Tu veux seulement me voir sangloter, cruel !
Viens, ô mort. Pourquoi tardes-tu ?
En proie à tant de peine,
pour moi, la vie n’est plus un bienfait.

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Lelius

La musique et la poésie : des voies vers les êtres... Un chemin vers soi !

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