Mais vieillir… ! – 23 – Le plus beau temps du monde

Tu regardes s’enfuir le plus beau temps du monde.

Le plus beau temps du monde

L’été respire au bout de ce récif de toits,
L’été de ton amour plein de mélancolie,
L’été qu’on voit mourir un peu dans chaque jour
Qui roule jusqu’ici ses falaises de suie.
Églogue fatiguée, l’on entend la chanson
Très pure d’un oiseau au milieu du silence.
Regarde s’enfuir le plus beau temps de la vie,
Le plus beau temps du cœur, la mortelle saison
De la jeunesse aux noirs poisons. Voici la route,
Ce saut de feu dans le délire des cigales
Et de bons parapets pour reposer tes bras.
Dans le ciel campagnard meurt le maigre charroi,
S’envolent les décors barbares des passions :
Petits balcons de fer écumant d’églantines,
Escalades des murs titubants, dérision
Des dorures, outremer houleux des orages.
Tu ne reconnais plus ces folles mousselines
Dans tout ce bleu que fait resplendir sans raison
Chaque matin, parmi plusieurs enfantillages,
L’été de ton amour, la saison du bonheur.

Tu regardes s’enfuir le plus beau temps du monde

Albert Ayguesparse 1900-1996

 

Recueil : Le vin noir de Cahors
(Pierre Seghers – Paris 1957)

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Lelius

La musique et la poésie : des voies vers les êtres... Un chemin vers soi !

12 commentaires sur “Mais vieillir… ! – 23 – Le plus beau temps du monde”

    1. Merci à toi d’avoir apprécié !
      Je t’avais annoncé cet enregistrement dans un commentaire de juin ou juillet dernier.
      Mais l’été, la paresse…
      Belle poésie en tout cas que celle d’Ayguesparse ! Une sensibilité qui évidemment ne peut pas ne pas te toucher.
      Qu’as tu pensé de mon choix d’images ? Les toiles de Paul Cézanne te semblent-elles correspondre au climax du poème ?
      Merci enfin pour « l’adoration » que tu voues à ma voix de vieillard ! 😉

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      1. C’est vrai que je ne parle jamais du montage, toujours pertinent. Oh oui c’est Cézanne qui correspondait le mieux.
        Je suis conquise. Je t’ai hébergée chez moi du coup.
        Une adoration non mais je suis comme ça, quand j’aime c’est sans réserves…

        Aimé par 2 personnes

  1. Quel beau poème d’un poète que je ne connais pas. « Tu regardes s’enfuir le plus beau temps du monde »… et votre voix vient y poser ses accents les plus sincères. Merci Lelius.
    Chantal Capelle

    Aimé par 2 personnes

    1. Merci à vous pour ce très gentil commentaire !
      Je suis heureux de vous avoir fait connaître ce poète et sa belle sensibilité.
      Partager est le maître mot de ce blog, et quand l’émotion passe d’un coeur à l’autre, je suis comblé.

      Aimé par 1 personne

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