La femme est un danger quand on n’en aime qu’une.
Alors, prudent et sage, j’ai décidé d’en aimer deux !
Une brune Velma Kelly, et une blonde, évidemment. Roxie Hart.
Toutes les deux accusées d’homicides, qui condamnera ma bigamie ?
Criminelles, certes, mais tout de même, les victimes avaient bien « mérité » leur sort : un mari qui vous trompe avec votre propre sœur… Un amant qui fait de fausses promesses à vos ambitions pour profiter de vous…
Dans les yeux des cinéastes, les femmes de faits divers se transforment en muses, sitôt érigées sur la pellicule en figures mythologiques semblant défier l’ordre, tantôt bourgeois, patriarcal, sociétal.
Lucille Quillet (journaliste – Les femmes et le crime)

Avant de devenir muses, Velma et Roxie, « mes » femmes de pellicule, étaient femmes de faits divers :
Deux criminelles, Beulah Annan et Belva Gaertner, avaient en effet, en 1924, défrayé la chronique judiciaire du Chicago du temps de la prohibition et du jazz triomphant. Leur détermination sans bornes à échapper à la peine de mort et à, retrouver pour l’une, et trouver pour l’autre, la gloire des scènes de cabaret avait inspiré une pièce de théâtre, « Chicago », à une journaliste de l’époque qui couvrait abondamment l’évènement.
Les personnages de Velma et Roxie étaient nés, qui vivraient désormais, à travers la célèbre comédie musicale américaine de Bob Fosse, en 1975, et sa très appréciée adaptation cinématographique par Rob Marshall, en 2002, une vie de danse, de chants et de paillettes, au rythme du Jazz des Années Folles, sur fond de justice pénale et de corruption.
Pouvait-on mieux flatter notre plaisir ?
Catherine Zeta-Jones (Velma Kelly)
Ramène-toi
la ville nous tend les bras
Moi, faut qu’ça jazze !
J’ai fardé mes genoux
et déroulé mes bas
Moi, faut qu’ça jazze !
Bouge ta caisse,
j’connais un coin dément
où le gin coule à flots
sur un piano brûlant,
et chaque soir
dans ce sacré boxon
ça se termine en baston,
Moi, faut qu’ça jazze !
Plaque ta mèche
et mets tes pompes vernies
Moi, faut qu’ça jazze !
J’entends dire
que le vieux Dip
balance du blues à fond
Moi, faut qu’ça jazze !
Viens chéri, on va s’faire des câlins
j’ai acheté de l’Aspirine
à la pharmacie du coin
si tu ne tiens pas l’coup
s’il faut que tu redémarres
Moi, faut qu’ça jazze !
[…]
Renée Zellweger (Roxie Hart)
Le nom sur toutes les lèvres
Ce sera Roxie
La dame qui balance les jetons
Ce sera Roxie
Je vais être une célébrité
Cela signifie que tout le monde me reconnaîtra
Ils reconnaîtront mes yeux
Mes cheveux, mes dents, mes seins, mon nez
Pour ne pas juste être la femme
D’un quelconque mécanicien
Je vais être Roxie
Qui dit que le meurtre n’est pas un art ?
Et qui, si elle n’est pas pendue,
Dira que tout commença par un Bang ?
Foxy Roxie Hart !
"Chicago" - Film 2002 / Synopsis : Velma Kelly attise les foules, chaque soir, au cabaret. Roxie Hart n'a qu'un rêve, monter sur scène et ressembler à son idole. Mais arrêtées l'une et l'autre pour leurs crimes respectifs, c'est à la prison qu'elles se rencontrent. Billy Flynn, leur avocat, retors, rusé et maître ès corruptions, dont elles se disputent les services, charmé par Roxie, va réussir à convaincre le public et la justice que sa protégée est le vivant symbole de la naïveté abusée. Elle deviendra la femme la plus populaire de Chicago... Velma détrônée essaiera, pour rattraper son succès passé, de la convaincre de former un duo...


Une réflexion sur “Mes tueuses bienaimées…”