
Sibelius n’a pas encore 40 ans lorsqu’il s’attèle, pendant l’année 1904, à la composition de son Concerto pour violon en Ré mineur, et pourtant c’est toute la passion et l’énergie du jeune musicien adolescent qui s’expriment à travers l’infinie richesse des pages de sa partition.
Ce n’est qu’à l’âge de quatorze ans qu’il s’éprend éperdument de l’instrument, trop tard pour devenir le virtuose qu’il aurait aimé être. Mais cet engouement pour le violon, même tardif, lui permet d’acquérir une parfaite connaissance des possibilités techniques de l’instrument, comme en témoignent ses précédentes compositions de musique de chambre et ses premières symphonies.
Bien que composé dans un chalet en bois sur les bords d’un lac glaciaire de Finlande par un musicien dépressif et alcoolique, ce concerto pour violon, le seul que composa Sibelius, devenu désormais une des œuvres majeures du répertoire, ne manque ni de chaleur, ni de générosité et encore moins de profondeur.
Les richesses thématiques s’y succèdent au-delà de l’expression d’un romantisme premier à travers la modernité et la singularité de la composition, jusqu’à enceindre l’auditeur – pour son plus grand plaisir – dans la puissante matière tellurique qui s’en dégage.
Trois mouvements classiques – ‘ vif – lent – vif ‘ – que résume ainsi avec justesse et concision la musicologue et journaliste musicale Laure Mézan :
Allegro moderato, au climat inquiétant et dramatique, le violon, souvent exploité dans son registre aigu, se fait lyrique et passionné. Le second mouvement, Adagio, s’apparente à une canzonetta d’inspiration plus méditerranéenne (référence au séjour que Sibelius effectua en Italie pendant les années de sa composition ?), tandis que le final, Allegro ma non tanto, est aussi étourdissant que martial, parcouru par un ostinato au rythme martelé.

Une réflexion sur “Musiques à l’ombre – 3 – Hypnotique”