Destination arbre
Parcourir l’Arbre
Se lier aux jardins
Se mêler aux forêts
Plonger au fond des terres
Pour renaître de l’argile
Peu à peu
S’affranchir des sols et des racines
Gravir lentement le fût
Envahir la charpente
Se greffer aux branchages
Puis* dans un éclat de feuilles
Embrasser l’espace
Résister aux orages
Déchiffrer les soleils
Affronter jour et nuit
Évoquer ensuite
Au cœur d’une métropole
Un arbre* un seul
Enclos dans l’asphalte
Éloigné des jardins
Orphelin des forêts
Un arbre
Au tronc rêche
Aux branches taries
Aux feuilles longuement éteintes
S’unir à cette soif
Rejoindre cette retraite
Écouter ces appels
Sentir sous l’écorce
Captives mais invisibles
La montée des sèves
La pression des bourgeons
Semblables aux rêves tenaces
Qui fortifient nos vies
Cheminer d’arbre en arbre
Explorant l’éphémère
Aller d’arbre en arbre
Dépister la durée

In « Tant de corps et tant d’âme » – 1991
* L'espacement est un choix de la poétesse
Un véritable enchantement…
Oh merci Lelius
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Merci à toi !
Que de puissance évocatrice dans ce poème !
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Si beau ce poème d’Andrée Chedid. J’ai une véritable vénération pour les arbres, leurs formes, ce que leurs branches expriment, leur tronc, leur écorce. Je viens de lire les chemins noirs de Tesson et lire ce poème ce soir rejoint tout ce qu’il m’a fait vivre de notre si belle France rurale! Merci Lelius. Chantal
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Merci à vous, Chantal !
Comme vous avez raison de préciser « notre belle France rurale » ! Celle des villes ne peut plus prétendre, hélas, à ce qualificatif… et encore moins notre capitale en totale perdition.
Bonne journée !
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Que ta voix magnifie , oui.
Je t embrasse
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