Oui la fraternité au cœur.
Celui qui nous a quittés à trente-et-un ans est notre frère pour l’éternité. Sa poésie est une source pure ; elle est à la source de nos propres chants. C’est bien en nous abreuvant à ces vers inimitables qu’un jour nous avons osé faire entendre ce qui jaillissait de nos entrailles.
François Cheng
(En écho au livre de Jean Lavoué : « René Guy Cadou, La fraternité au cœur » – Éditions L’enfance des arbres, 2019)
L’alphabet de la mort
O mort parle plus bas on pourrait nous entendre
Approche-toi encore et parle avec les doigts
Le geste que tu fais dénoue les liens de cendres
Et ces larmes qui font la force de ma voix
Je te reconnais bien. C’est ton même langage
Les mains que tu croisais sur le front de mon père
Pour toi j’ai délaissé les riches équipages
Et les grands chemins bleus sur le versant des mers.
Nous allons enlacés dans les brumes d’automne
Au fond des rues éteintes où tourne le poignard
Et jusqu’aux étangs noirs où ne viendra personne
O mort pressons le pas le ciel est en retard
C’est à tous les amis que j’offre ma poitrine
A tous ceux qui font l’air et la bonne chaleur
Après ça laissez-moi rouler sous les collines
L’ombre des animaux ne m’a jamais fait peur.
Flamme qui me retiens je souffle ta lumière
Et ces joues colorées qui rallument ma faim
Je glisse lentement. c’est assez douces pierres
Soulevez mes poumons que je respire enfin.

in « Bruits du cœur » (1941)

Conquise pleinement encore une fois…
Merci Lelius
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Merci, ma chère groupie, pour cet encouragement répété à continuer ! Il y a bien des fois pourtant où je retiens mon doigt au-dessus du bouton « publier ».
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Tu nous priverais et de ta belle voix, et de ta sensibilité poétique…Et on en manque…
Je t’embrasse
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Je ne connaissais pas ce poète, « et ces larmes qui font la force de ma voix », quel poème ! Merci pour permettre à vos lecteurs de telles découvertes !
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Merci à vous qui m’avez offert le plaisir de vous ouvrir le monde sensible d’un grand poète que la vie n’a pas épargné.
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Cher ami, je ne connaissais pas ce poète… Ou si peu.
Merci pour ce partage.
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Mon plaisir est complet quand un de mes billets sert à faire découvrir ou redécouvrir un artiste ou une oeuvre qui me sont chers. Merci de m’offrir cette opportunité !
Je ne peux que vous engager à vous rapprocher de ce poète mort trop jeune. Ses poèmes ne sont pas avares d’émotion.
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Merci Lelius de prendre la peine de répondre avec une telle générosité.
J’irai doucement sur les allées bordées de mots, ceux qui ont été pétris du cœur de l’homme.
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Oh, chère Béatrice, ce n’est pas une « peine », loin s’en faut. N’est-ce pas le moins que je puisse faire envers ceux et celles qui me font l’amitié de leurs visites et de leurs commentaires ?
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Merci du fond du coeur, cher Lelius.
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