C’est l’inévitable et généreux tribut du génie musical à sa postérité que d’offrir à tous ceux qui l’admirent longtemps encore après sa disparition l’implicite permission de reprendre ses œuvres, pour les interpréter, les imiter, les modifier même, au point de les trahir, souvent, ou, plus rarement, de les magnifier.

Pas étonnant, alors, que le plus « génial » d’entre tous les compositeurs – chacun, déjà, aura murmuré son nom : Jean-Sébastien Bach – ait été, et soit, pour l’éternité peut-être, le plus prodigue. Quel fou s’aventurerait-il à dénombrer les partitions sous lesquelles son ombre, depuis ce triste jour de juillet 1750, ne prend même pas la précaution de se dissimuler ?
Les compositions du Cantor : une manne inépuisable pour les arrangeurs et transcripteurs de tout poil, parmi lesquels quelques génies de la musique, eux aussi. Et d’ailleurs, Bach lui-même ne s’inscrirait-il pas comme le plus zélé d’entre eux ?
Parmi ces innombrables arrangeurs d’aujourd’hui, il en est un que j’ai découvert par hasard, il y a peu, qui se cache derrière la seule information que je suis parvenu à trouver le concernant : son nom d’origine chinoise, Luo Ni.
On le rencontre sur internet entre les doigts de jeunes pianistes, pas plus connus que lui, qui interprètent son arrangement plutôt réussi du prélude en Ut mineur (BWV 847) extrait du Livre I du monumental « Clavier bien tempéré », référence universelle des pianistes.
Dans la version originale de ce prélude de Bach, jouée de la plus belle des manières par des « doigts dans des œufs à la neige », pour reprendre l’expression d’un grand écuyer français, on entend ceci :
§
L’arrangement de Luo Ni commence par changer la tonalité originale choisie par le Maître, remplaçant la tendresse plaintive et résignée, trop sérieuse parfois, de l’Ut mineur par le charme alerte et la grâce d’un Sol mineur qui ne perd pas de son intériorité pour autant.
La mélodie développée échappe très vite à la rigueur de la partition originale ; elle est, certes, trop contemporaine pour préserver le caractère classique du prélude, et ce n’est sans doute pas là sa prétention. En revanche quand elle coule ici sur le clavier de la jeune pianiste chypriote-turque, Mirana Faiz, elle baigne les images déjà très évocatrices de sa vidéo d’une atmosphère tout droit venue d’un film de Jane Campion, dont elle aurait pu avantageusement illustrer le générique.
Alors, pour le plaisir des images et du son, nous nous arrangerons bien volontiers de cet arrangement !
Quel plaisir deux fois renouvelé !
Combien de générations de musiciens ont-elles été enchantées par les compositions de ce génie où la main droite sublime les mélodies ?
Merci beaucoup pour ce nouveau partage.
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Merci à vous chère Marie-Christine de faire toujours aussi belle fête à mes billets !
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Merci. Je cherchais des précisions sur ce morceau arrangé, vous m’avez éclairé.
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J’en suis ravi.
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Merci. Je cherchais un éclairage sur ce morceau, voilà qui apaise ma curiosité.
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