Flâner entre le rêve et le poème… Ouvrir la cage aux arpèges… Se noyer dans un mot… S'évaporer dans les ciels d'un tableau… Prendre plaisir ou parfois en souffrir… Sentir et ressentir… Et puis le dire – S'enivrer de beauté pour se forcer à croire !
Luxure : Délices et délires…
Lechery, lechery ; still, wars and lechery ; nothing else holds fashion : a burning devil take them !*
Shakespeare – Troïlus et Cressila (Thersite Acte V – Scène 2)
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Jérôme Bosch – Jardin des Délices (détail)
*Luxure, luxure ! Toujours guerre et débauche : rien autre ne reste à la mode ! Qu’un diable brûlant les emporte !
Sonnet CXXIX
Th’ expense of spirit in a waste of shame
Is lust in action ; and till action, lust
Is perjured, murd’rous, bloody, full of blame,
Savage, extreme, rude, cruel, not to trust,
Enjoyed no sooner but despisèd straight,
Past reason hunted ; and, no sooner had
Past reason hated as a swallowed bait
On purpose laid to make the taker mad ;
Mad in pursuit and in possession so,
Had, having, and in quest to have, extreme ;
A bliss in proof and proved, a very woe ;
Before, a joy proposed ; behind, a dream.
All this the world well knows; yet none knows well
To shun the heaven that leads men to this hell.
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William Shakespeare (1564-1616)
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La luxure : naufrage, en abîme de honte De la force vitale. Pour s’assouvir Elle ment, elle calomnie, trahit, assassine, Elle est immodérée, sauvagement cruelle,
Et méprisée si tôt que satisfaite, Follement poursuivie mais follement Haïe, le hameçon qu’on a dans la bouche, Fait pour que l’esprit sombre, par la douleur.
Et insensée à vouloir comme à prendre, Rage de qui a eu, qui possède, qui cherche, Désirée, un délice, éprouvée, un malheur, Attendue, une joie, passée, l’ombre d’un songe,
Et cela, qui l’ignore ? Mais qui se garde De ce ciel qui nous voue à cet enfer ?
Car le poète est un four à brûler le réel. De toutes les émotions brutes qu’il reçoit, il sort parfois un léger diamant d’une eau et d’un éclat incomparables. Voilà toute une vie comprimée dans quelques images et quelques phrases. Pierre Reverdy
Une réflexion sur “Luxure : Délices et délires…”