Si j’étais tant attiré par la lumière, c’est parce qu’il y avait un fond de ténèbres.
Christian Bobin – La lumière du monde / 2001
Il y a deux manières de briller, disait Paul Claudel, rejeter la lumière ou la produire.
Le plus souvent pourtant, me semble-t-il, ceux qui la produisent ne cherchent nullement à briller. Ils n’aspirent qu’à nous éclairer. Voilà pourquoi, par delà le temps, c’est dans la lumière, celle qu’ils nous offrent si généreusement, qu’on peut leur donner rendez-vous.
Orphée innombrable
Parle. Ouvre cet espace sans violence. Élargis
le cercle, la mouvance qui t’entoure de floraisons.
Établis la distance entre les visages, fais danser
les distances du monde, entre les maisons,
les regards, les étoiles. Propage l’harmonie,
arrange les rapports, distribue le silence
qui proportionne la pensée au désir, le rêve
à la vision. Parle au-dedans vers le dehors,
au-dehors, vers l’intime. Possède l’immensité
du royaume que tu te donnes. Habite l’invisible
où tu circules à l’aise. Où tous enfin te voient.
Dilate les limites de l’instant, la tessiture
de la voix qui monte et descend l’échelle
du sens, puisant son souffle aux bords de l’inouï.
Lance, efface, emporte, allège, assure, adore. Vis.
in La saison du monde (1986)
∞
Jean-Sébastien Bach
Sonate pour orgue No. 4, BWV 528 – II Andante [Adagio]
Transcription
Stéphanie Paulet (violon) & Elisabeth Geiger (orgue)
Une réflexion sur “Rendez-vous dans la lumière”