Flâner entre le rêve et le poème… Ouvrir la cage aux arpèges… Se noyer dans un mot… S'évaporer dans les ciels d'un tableau… Prendre plaisir ou parfois en souffrir… Sentir et ressentir… Et puis le dire – S'enivrer de beauté pour se forcer à croire !
Douze ans que Lelius, à travers plus de 1600 billets publiés sur ‘Perles d’Orphée’ puis sur ‘De Braises et d’Ombre’, exprime, entre guillemets, avec les mots, les notes, les images et le talent des autres, les sentiments et les émotions dont se nourrit le coeur d’un homme qui pudiquement a choisi de s’abriter derrière le nom de ce cher ami de Cicéron.
Sur les pages de ces blogs, « je » n’est pas seulement « un autre », il est « plein d’autres », et pourtant tellement lui-même. Un écho, par pur instinct d’abord, par conviction ensuite, à la parole du poète qui affirme si profondément que « dit vrai qui dit les autres ».
Vous tous qui feuilletez ces pages avec bienveillance, recevez en guise de chaleureux remerciements, la grâce d’un sourire – fût-il d’une autre, fût-il de pierre, fût-il millénaire, qu’importe, vous ne perdez pas au change !
Le plus beau, me semble-t-il, qui se puisse offrir sur la toile.
Reglindis (989-1014) Princesse polonaise, épouse d’Hermann Ier (Margrave de Misnie.) – Cathédrale de Naumburg en Saxe-Anhalt
Il y a dix ans, fruit de la naïve prétention de commencer bien tard un journal intime ouvert à tous vents, naissait le blog « Perles d’Orphée » prolongé, quelques années après, par son frère « De Braises et d’Ombre » nourri au même lait saturé d’émotions.
Il faudrait renaître une vie pour la peinture, une autre pour la musique, etc… En trois ou quatre cents ans, on pourrait peut-être se compléter.
Jules Renard – Journal
Par amour des arts, tous les arts, et des œuvres, ainsi que par pudeur – il me faut le reconnaître –, je décidai de laisser à mes choix esthétiques, le soin d’exprimer mes affects en invitant à chaque page, celle ou celui, auteur, poète, musicien, sculpteur, peintre, danseur, chanteur, en un mot générique non genré, artiste, qui me semblait le mieux révéler la teneur de ma sensibilité du moment.
Si je pensais alors ne m’adresser qu’à une toute petite poignée d’entre vous, en vérité quelques vieux amis, et pour un temps compté, j’ai dû, au fil des années, constater avec bonheur et fierté combien vous veniez nombreux, et de tous les pays de la terre, à ma rencontre, assidument ou occasionnellement, pour lire, voir, écouter, aimer, commenter et parfois relayer mes billets, aussi modestes fussent-ils, mais toujours frappés du sceau de la sincérité.
Pour cet accueil, pour votre générosité pendant ces dix années, merci !
MERCI !
Que ton baiser poète exalte l’évènement !
Rêvé pour l’hiver
A ***Elle
L’hiver, nous irons dans un petit wagon rose Avec des coussins bleus. Nous serons bien. Un nid de baisers fous repose Dans chaque coin moelleux.
Tu fermeras l’œil, pour ne point voir, par la glace, Grimacer les ombres des soirs, Ces monstruosités hargneuses, populace De démons noirs et de loups noirs.
Puis tu te sentiras la joue égratignée… Un petit baiser, comme une folle araignée, Te courra par le cou…
Et tu me diras : « Cherche ! » en inclinant la tête, Et nous prendrons du temps à trouver cette bête Qui voyage beaucoup…
en wagon du 7 octobre 1870
Arthur Rimbaud 1854-1891
in « Cahiers de Douai » – II
.
.
Les parties les plus inconvenantes d’un journal intime sont beaucoup moins les passages érotiques que les passages pieux.