Flâner entre le rêve et le poème… Ouvrir la cage aux arpèges… Se noyer dans un mot… S'évaporer dans les ciels d'un tableau… Prendre plaisir ou parfois en souffrir… Sentir et ressentir… Et puis le dire – S'enivrer de beauté pour se forcer à croire !
J’ai passé devant tant de portes Dans le couloir des peurs perdues et des rêves séquestrés J’ai entendu derrière les portes des arbres qu’on torturait Et des rivières qu’on essayait de dompter
J’ai passé devant la porte dorée de la connaissance Devant des portes qui brûlaient et qui ne s’ouvraient pas Devant des portes lasses de s’être trop fermées D’autres comme des miroirs où ne passaient que les anges
Mais il est une porte simple, sans verrou, ni loquet Tout au fond du couloir tout à l’opposé du cadran La porte qui conduit hors de toi Personne ne la pousse jamais
Manqua-t-elle jamais, jadis, de conclure chacune de nos longues conversations philosophiques par ce sourire amical et affectueux au travers duquel elle avait coutume de qualifier ma misanthropie de « pessimisme grincheux » ?
Je me demande encore aujourd’hui, bien humblement, si le ton qu’elle employait pour le dire ne contenait pas en filigrane la tentation d’un assentiment complice.
A la mémoire d’Éliane.
Pas à pas
Oui d’ici …………..d’un seul pas ……………………………….nous rejoindrons tout
Le tout nous rejoindrons …………..d’un seul pas ………………………………..ou de dix-mille
Pas à pas ……………par le plus bref trait ……………par le plus grand cercle Nous rallierons tout
Depuis l’extrême lointain …………….perçant le noir tourbillon …………………………………..nous avait touchés jadis La flamme
Nous n’aurons de cesse …………….que nous n’ayons franchi la ténèbre …………….nous n’aurons de fin Que nous n’ayons gagné l’infini
Pas à pas ……………..par la voie obscure ……………..par la voie nocturne Car c’est la nuit que circule incandescent Le Souffle Et que, par lui portés Nous réveillerons ……………….toutes les âmes errantes Voix de la mère appelant le fils perdu Voix de l’amante appelant l’homme rompu Filet de brume le long de blêmes ruelles Filet de larmes le long des parois closes Le crève-cœur d’une étoile filante ……………….crève l’enfance au rêve trop vaste Le trompe-l’œil de la lampe éteinte ………………..trompe l’attente au regard trop tendre
Si jamais vers nous se tend une main …………………serons-nous sauvés ? Si jamais une paume s’ouvre à nous …………………serons-nous réunis ?
Déjà les feuilles de sycomores ensanglantent la terre Les sentiers aux gibiers se découvrent givre et cendre Plus rien que plage noyée et marée montante Plus rien sinon l’ici …………………..sinon le rien d’ici
Quand les oies sauvages déchirent l’horizon Soudain proche est l’éclair de l’abandon Pour peu que nous lâchions prise ……………………l’extrême saison est à portée Désormais à la racine du Vide Nous ne tenons plus …………………….que par l’ardente houle Chaque élan un éclatement Chaque chute un retournement Tournant et retournant Le cercle se formera ……………………..au rythme de nos sangs Un ultime bond ……………………..et nous serons au cœur Où germe sera terme ……………………..et terme germe En présence du Temps repris
Oui d’ici ……………………..d’un pas encore …………………………………………nous rejoindrons tout
Au royaume de nul lieu ………………………la moindre lueur est diamant D’un instant à l’autre ………………………nous sauverons alors Ce qui est à sauver Du Corps invisible ………………………rongé de peines ………………………rongé de joies Nous sauverons l’insondable nostalgie L’in-su …………………………..l’in-vu …………………………………………………………l’in-ouï