Flâner entre le rêve et le poème… Ouvrir la cage aux arpèges… Se noyer dans un mot… S'évaporer dans les ciels d'un tableau… Prendre plaisir ou parfois en souffrir… Sentir et ressentir… Et puis le dire – S'enivrer de beauté pour se forcer à croire !
Pour lancer ce premier billet de 2025 je me suis dit que si je voulais accumuler une énergie suffisante pour aller au bout de l’année il me faudrait prendre beaucoup d’élan, quitte à bousculer (mais sans violence) mes critères esthétiques habituels.
J’ai donc reculé, reculé, reculé, pour donner toute sa puissance à mon coup d’envoi. Jusqu’à Londres, à Abbey Road, au studio mythique que les Beatles ont rendu célèbre. Là j’ai rencontré Katie Kadan. Elle rendait hommage à Janis Joplin en enregistrant le dernier titre que la « Mama Cosmique » avait gravé la veille de son overdose mortelle le 4 octobre 1970 :
« Me and Bobby McGee ».
Voilà l’énergie qu’il me fallait, avec en prime, sur de belles images noir et blanc, la voix, le talent, et de formidables musiciens qui, pour certains… ont été jeunes en même temps que moi !
Francisque Duret – Jeune pêcheur napolitain dansant la Tarentelle – bronze – 1833
Vous avez appris la danse, danse Vous avez appris les pas Redonnez-moi la cadence, dence Et venez danser avec moi ! Ne me laissez pas la danse, danse Pas la danser comme ça. Venez m’apprendre la danse, danse Et la danser avec moi !
… Mais, — ne le dites à personne — la Tarentelle, je ne la danse pas « vraiment » comme le jeune pêcheur napolitain de Duret… Et encore moins (ben voyons !) comme nos deux danseurs étoiles du Het Nationale Ballet (Ballet National des Pays-Bas), Maia Makhateli et Remi Wortmeyer dans la chorégraphie écrite en 1964 par le grand Balanchine.
— Eh ! Je vous vois sourire… Vous vous en doutiez bien, évidemment ! Bon, d’accord, il est vrai que la danse et moi… Je me bornerai donc à taper sur le tambourin… mais, promis, en mesure.
Alors à défaut, hélas ! de danser ensemble, partagerons-nous le plaisir d’un moment joyeux, tonique, enlevé et, pour le moins, talentueux, digne reflet des heureuses énergies que je nous souhaite pour mener au succès les espérances les plus folles qu’insuffle en nous cette nouvelle rentrée.
Même quand la jeune fille, sollicitée par nous, se levait modestement pour danser la tarentelle aux sons du tambourin frappé par son frère, et qu’emportée par le mouvement tourbillonnant de cette danse nationale, elle tournoyait sur elle-même, les bras gracieusement élevés, imitant avec ses doigts le claquement des castagnettes et précipitant les pas de ses pieds nus, comme des gouttes de pluie sur la terrasse ; oui, même alors, il y avait dans l’air, dans les attitudes, dans la frénésie même de ce délire en action, quelque chose de sérieux et de triste, comme si toute joie n’eût été qu’une démence passagère, et comme si, pour saisir un éclair de bonheur, la jeunesse et la beauté même avaient besoin de s’étourdir jusqu’au vertige et de s’enivrer de mouvement jusqu’à la folie !
Alphonse de Lamartine (Graziella – Livre huitième – VII)