« El sueño de la razón produce monstruos »
Le sommeil de la raison engendre des monstres


Rompant avec les conventions artistiques de l’époque, les quatre-vingts estampes des ‘Caprices‘ (Los Caprichos) que Goya publie en 1799, veulent autant poser une critique acerbe des vices, superstitions et autres travers de la société espagnole du temps, que vilipender les abus de la « monarchie éclairée » qui gouverne alors L’Espagne.
Le peintre accompagne parfois certaines de ces gravures acerbes d’un commentaire ou d’une réflexion. Ainsi, le cauchemardesque Caprice 43, objet de ce billet, qui montre un homme (Goya lui-même ?) endormi sur son bureau, environné de toutes sortes de créatures terrifiantes, porte-t-il cette légende de la main de l’artiste :
« El sueño de la razón produce monstruos »
Belle opportunité offerte au spectateur d’aiguiser sa réflexion philosophique : la raison doit demeurer en éveil afin de nous garder des méfaits de nos instincts et de nos pulsions, mais trop de raison ne conduit-il pas à museler l’imagination et l’intuition si propice à l’acte de création ?
* * *

A la fin de sa vie, le très prolifique compositeur italien, Mario Castelnuovo-Tedesco, écrit pour la guitare, ’24 Caprices’ librement inspirés de gravures de Goya choisies parmi les 80 planches du Maître espagnol. Pas vraiment une description musicale de chaque estampe sélectionnée, mais une recréation plus ou moins fantasmée de l’idée suggérée par l’image.
Un des points culminants de l’écriture pour guitare du compositeur.
Le jeune et talentueux virtuose
Ty Zhang
joue le ‘Caprice N°18‘ (inspiré du « Capricchio » N°43 de Goya)
A chaque variation sa guitare…
‘Le sommeil de la raison engendre des monstres’


Ah que j’aime…
Je me demande si c’est bien une question de raison ou de déraison ou plutôt de valeurs…
Et puis surtout j’ai un rapport très particulier à la raison et à la déraison…
Mon fils autiste profond , sans langage, et susceptible de fortes crises d’angoisse ne se calme un peu qu’en écoutant Chopin plusieurs heures…
D’autres avec leur iPhone pendant des heures…
Où est le curseur…
C est l’absence de valeurs et l’absence d’imagination qui engendre des monstres…
Merci à toi…
J’aimeAimé par 1 personne
Voilà tout le sel de la réflexion et du débat philosophique : l’observation générique et objective (autant que faire se peut) d’un concept et la dichotomie des subjectivités qu’il suscite…
Qu’importent au final convictions et conclusion, que chacun fera siennes le temps de reconsidérer le sujet.
La vérité n’est, me semble-t-il, jamais univoque. Tout, au fond, est affaire de mesure, de proportion. J’aime cette image qui nous oblige à considérer que la nuit est dans le jour autant que le jour est dans la nuit, la nuance appartient à l’heure où nous faisons l’effort de regarder le ciel.
Le biologiste plein de sagesse qu’était Jean Rostand exprimait le nécessaire compromis entre raison et passion avec cette belle formule :
« Mieux vaut obéir sciemment à ses passions qu’avilir sa raison à les justifier. »
Merci à toi !
J’aimeAimé par 1 personne
La raison du compositeur devait être bien éveillée à ce moment-là… Je m’attendais à une musique monstrueuse et… non, heureusement.
J’aimeAimé par 1 personne
Oh, non ! Pas de musique monstrueuse (à ma connaissance) chez Castelnuovo-Tedesco, très influencé par l’impressionnisme.
J’aimeAimé par 1 personne