Fulgurances – X – ‘Il faut fuir…’

Il faut fuir par une échelle de soie,
le long des murailles lisses,
hors du vaste Château où règne
la Mort étincelante, la fête noire
des cris zébrés de silence, qui dévastent
et déchirent l’humble beauté que l’on torture.
Le long du mur, vers l’en bas,
il faut descendre par la paroi
du vertige, vers la cendre, la multitude
des yeux brûlés à la cime abolie,
au fond du désespoir,
qu’humecte une goutte
d’espérance, où l’abîme rencontre l’abîme,
quand le rien étreint l’infini.

Jean Mambrino 1923-2012

 

  Les ténèbres de l’espérance (Arfuyen, 2007)

Publié par

Lelius

La musique et la poésie : des voies vers les êtres... Un chemin vers soi !

10 réflexions au sujet de “Fulgurances – X – ‘Il faut fuir…’”

    1. Je me réjouis de t’aider à avancer dans la découverte de la poésie de Jean Mambrino.

      Je ne pense pas, cependant, même si la lecture de ce poème peut le laisser supposer, que Mambrino soit habité par le désespoir. Il y a chez ce poète sensible une lumière permanente, nourrie en continu par sa foi, sans doute.

      Mais, et c’est peut-être par son amour inconditionnel de la nature (la forêt tout particulièrement), que l’homme de culture qu’il est garde toujours un regard critique et lucide sur le monde.

      Ce qui est sûr, c’est qu’on se sent toujours bien après quelques lignes ou quelques vers de Jean Mambrino…

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    1. Continuez, cher Jean-Marc ! Sa lumière est communicative.
      Mais je continue de penser que le désespoir n’est pas le moteur de sa poésie, pas plus, pour ce que j’en sais, qu’il a été une composante de ses actions.
      Tout, dans ses choix personnels et dans ses écrits, nous laisse, me semble-t-il, l’image du contraire, celle d’un homme formidablement sensible, positivement partagé entre culture et foi.

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    1. Merci d’avoir apprécié mon choix.
      Pour vous encourager encore dans ce chemin vers Jean Mambrino, voici, en écho à votre passion pour la nature (si ma mémoire ne me trahit pas), quelques vers, extraits de « Clairière ».
      Bien sûr, chez Mambrino, la lumière de l’esprit n’est jamais vraiment dissimulée.

      « s’ouvre la clairière
      où la lumière
      imite le murmure
      des herbes et des ombres

      « le cercle du jour
      enferme le temps
      dans cet espace offert
      à l’attente

      « le glissement des feuillages
      désigne une absence
      voilée par le soleil »

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