L’état de danse : une sorte d’ivresse, qui va de la lenteur au délire, d’une sorte d’abandon mystique à une sorte de fureur.
Paul Valéry
Pas plus Chopin que Scriabine composant leurs plus belles valses n’avaient eu l’intention de les destiner au talent du chorégraphe. Et pourtant, qui, à leur écoute, prétendrait échapper à « l’état de danse » dans lequel les unes comme les autres ne manquent jamais de nous entraîner ?

Si l’écriture romantique de Chopin demeure plus attachée aux spécificités rythmiques et mélodiques de la danse, la ‘valse’ du jeune Scriabine, sans renier l’inspiration du maître polonais. veut en explorer la dimension symbolique voire mystique, comme le confirmeront ses compositions ultérieures.
Avec la Valse en La bémol majeur, Opus 38, qu’il compose en 1903, plus de cinquante ans après la disparition de Frédéric Chopin, Alexandre Scriabine exprime déjà ses intentions de s’éloigner de l’orthodoxie du rythme.
Certes c’est une valse. 1,2,3 / 1,2,3… Dès les premières mesures se dessine élégante et délicate la silhouette du couple tournoyant timidement entre les scintillations musicales et le glissé des pas. Mais la passion ne tarde pas à laisser s’échapper du clavier devenu orchestre ses couleurs chatoyantes, avant de s’apaiser un instant guettant le retour gracieux de la confidence. Et comme un papillon reprenant son essor, la musique à nouveau s’exalte en volutes mélodiques invitant la main droite à faire fi de la rigueur rythmique des trois temps que la main gauche consciencieusement rend à la mesure.
Olga Scheps (piano)
Alexandre Scriabine
Valse en La bémol majeur Op.38

Quelle virtuosité ! Je voudrais savoir faire les trilles ainsi…
Scriabine devait être un caractère très spécial.
J’aimeAimé par 1 personne
Caractère difficile sans doute, Scriabine a développé une pensée mystique (et créative) jusqu’aux frontières d’une certaine forme de « folie ». La recherche compulsive de l’extase ne doit pas être de nature à rendre le quotidien facile…
Pour les trilles : encore deux ou trois heures de travail, Marie-Anne, et vous y arriverez ! 🤓🎹🎶👏
J’aimeJ’aime
Ahah 😀 je dirais deux ou trois heures par jour pendant dix ans 😀 les trilles sont ma bête noire !
J’avais assisté au « poème de l’extase » en concert il y a longtemps… Une musique qui porte bien son nom !
Bonne journée à vous Lelius
J’aimeAimé par 1 personne
Laissez-moi vous raconter cette petite histoire légendaire que je transpose du monde du golf à celui de la musique :
Un jour, le grand pianiste charismatique Arthur Rubinstein reçoit une lettre d’un jeune pianiste qui sollicite de sa part un conseil pour peaufiner son interprétation des Polonaises de Chopin :
– « Maître », dit le garçon, « je n’ai pas de problème avec les Scherzos, je maitrise plutôt bien les Sonates et ne ressens pas de difficultés particulières avec les Concertos. Les Études viennent naturellement sous mes doigts et je crois avoir trouvé le ton juste qui convient aux Ballades. Mon jeu des Polonaises toutefois pêche un peu par le manque de ce patriotisme qui stimulait Chopin. Que puis-je faire ? »
Réponse du Maître :
– Ne tardez pas, mon jeune ami ! Réservez au plus vite le Carnegie Hall pour votre prochain récital !
J’aimeAimé par 2 personnes
Un jeune présomptueux 🙂
Quant à moi, s’il n’y avait que les trilles qui me posaient problème je serais encore bien chanceuse…. et pour mon patriotisme polonais, il ne va pas loin du tout…
J’aimeAimé par 1 personne