La voix touchante de la foi naïve résonne à mon oreille.

C’est par ces mots que Mahler, fraichement converti au catholicisme, évoque la foi nouvelle qui l’anime et qui l’encourage à espérer qu’elle l’aidera à sortir par le haut des nombreux tourments de son existence.
Ainsi choisit-il de reprendre, pour le quatrième et avant dernier mouvement de sa puissante Symphonie N°2 – « Résurrection » (Auferstehung) -, un des lieder « Urlicht » (Lumière originelle) du recueil « Des Knaben Wunderhorn » (Le cor enchanté de l’enfant), composé quelques années auparavant.
Mahler souhaitait que cette pause spirituelle au milieu de la symphonie, précédant la ferveur du final décliné en éloge musical de la vie triomphante, évoquât, à travers le timbre d’une voix de contralto, le chant d’un enfant imaginant en toute naïveté son arrivée au paradis.
Sur la partition il avait indiqué :
Sehr feierlich aber schlicht. Choral mässig
Très solennel mais modeste. En forme de choral modéré
Lumière Originelle
O petite rose rouge,
L’homme est accablé d’une si grande souffrance !
L’homme est accablé d’une si grande peine !
Comme je préférerais être au Paradis !
J’allais sur un large chemin
quand un ange survint, qui voulait m’en chasser.
Ah non ! je ne me laisserai pas chasser !
Je suis venu de Dieu et sens retourner à Dieu !
Le bienaimé Dieu allumera pour moi une petite lumière,
qui m’éclairera jusque dans la vie éternelle.
Petra Lang (mezzo-soprano) chante « Urlicht »
Extrait de l’enregistrement de la Symphonie N°2 en Ut mineur de Gustav Mahler
Philharmonie de Berlin le 26/03/2005
Staatskapelle de Berlin
Direction Pierre Boulez
Urlicht
O Röschen rot,
Der Mensch liegt in grösster Not,
Der Mensch liegt in grösster Pein,
Je lieber möcht ich im Himmel sein.
Da kam ich auf einen breiten Weg,
Da kam ein Engellein und wollt mich abweisen,
Ach nein ich liess mich nicht abweisen.
Ich bin von Gott und will wieder zu Gott,
Der liebe Gott wird mir ein Lichtchen geben,
Wird leuchten mir bis an das ewig selig Leben.
∞
YouTube offre l’embarras du choix à toutes celles et ceux qui souhaiteraient découvrir une version de qualité de cette œuvre gigantesque… aussi pour sa longueur (1h30). Ils, elles y trouveront évidemment la version intégrale d’où est extraite la vidéo précédente. Les versions d’anthologie, en audio parfois, ne manquent évidemment pas.
La découverte réserve cependant d’excellentes surprises (je n’ignore pas la part de subjectivité de toute appréciation). Celle-ci, inconnue en tous points de votre serviteur, a exercé sur lui une séduction particulière…
Andrew Manze, Dirigent
Katharina Konradi, Sopran
Marianne Beate Kielland, Alt
Collegium Vocale Hannover
Capella St. Crucis Hannover
Johannes-Brahms-Chor Hannover
Junges Vokalensemble Hannover
NDR Radiophilharmonie

Je me réserve la seconde pour mon écriture de demain matin…
Merci Lelius
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Bon courage ! 😉
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J’ai découvert la musique lyrique (outre Mozart) par le chant du compagnon errant. Puis Mahler s’est imposé à moi. J’en étais resté aux versions historiques (Maureen Forestier ou Kathleen Ferrier). Cette version rafraichit fort à propos mon approche. Merci Lélius
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Oh ! mais, en préparant ce billet, j’ai longtemps hésité à choisir une interprétation d’anthologie telle que celle de Maureen Forrester ou de Aafje Heynis, deux contraltos qui ont bercé mes écoutes de jeunesse… Belle occasion de les ré-entendre avec un égal plaisir.
Mon oreille, semble-t-il, est demeurée jeune – c’est bien la seule – car elle ne manque pas une occasion de revenir vers ces merveilleuses voix. Et parmi elles, bien sûr, celle, inoubliable, de Christa Ludwig avec Fritz Wunderlich sous la baguette magique d’Otto Klemperer dans »Le Chant de la Terre ».
Merci à vous de m’avoir rejoint dans l’écoute et l’émotion !
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Merci pour ces partages, Lélius !
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