Ce qu’un homme durant son enfance, a pris dans son sang de l’air du temps ne saurait plus en être éliminé.
Stefan Zweig – Le monde d’hier
Mon enfance était là
C’était une merveille
Mais ce n’était déjà
Qu’un déjeuner de soleil
Le déjeuner de soleil
Il y avait la porte bleue
De la boulangerie
Et puis l’épicerie
Où un monsieur frileux
Comptait ses caramels
Ensuite la ruelle
Tournait en escalier
A défaut de cahier
On écrivait au mur
Chacun son aventure
J’aimais une mineure
J’avais dix ans passé
Le cœur est effacé
Mais la flèche demeure
Mon enfance était là
C’était une merveille
Mais ce n’était déjà
Qu’un déjeuner de soleil
Il y avait certains principes
Un vélo pour trois types
Mais jamais plus de sept
Pour une cigarette
Quand le fils du bistro
Apportait du vermouth
On était toujours trop
Moi, j’étais bon au foot
Marco boxait pas mal
Mais le roi du lance-pierre
C’était quand même Albert
Et puis quand y’avait bal
A la salle des fêtes
Il mettait sa casquette
Mon enfance était là
C’était une merveille
Mais ce n’était déjà
Qu’un déjeuner de soleil
Assis sur le trottoir
Quand t’arrivais à l’heure
Tu pouvais voir le soir
La marchande de couleur
Quand elle enlevait ses bagues
Elle laissait la lumière
Je raconte pas des blagues
Monté sur les épaules
D’une espèce de grand drôle
J’ai même vu sa guêpière
Ses jambes jusqu’aux cheville
C’était un vingt-trois juin
Ça m’a coûté trois billes
Mais je ne regrette rien
Il y avait la porte bleue
De la boulangerie
Et puis l’épicerie
Où un monsieur frileux
Comptait ses caramels
Ensuite la ruelle
Tournait en escalier
Marc est mort à la guerre
Pas de nouvelles d’Albert
On n’amassait pas mousse
Mais on vivait en douce
Les heures sont passées
Le cœur est effacé
Mais la flèche demeure
Mon enfance était là
Déjeuner de soleil
Déjeuner de soleil
Mais c’était une merveille
Une merveille
Musique : Alain Goraguer
Paroles : Jean-Loup Dabadie
De braises et d'ombre... 
Merci pour le grand Reggiani.
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Très certainement la voix qui m’émeut le plus…
Et quel texte…
Merci pour ce concentré d’émotions Lelius…
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Je sais tes sentiments pour Reggiani, ô combien partagés !
Sa voix et son talent ont si magnifiquement servi les textes poétiques de Dabadie, Lemesle ou Dimey, entre autres…
O tempora, o mores ! Ah ! Le rap n’est pas au bout de ses peines…
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Une grande voix et quel texte, vraiment superbe. Je ne le connaissais pas, merci pour ce partage ! On rêve toujours d’écrire des poèmes aussi beaux et universels…
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Oh, oui ! Et pourtant, tout ici n’est que simplicité du regard, sincérité des sentiments, modestie du verbe. Juste, en plus, mais très légèrement, la couleur chaleureuse du souvenir, qui relève un peu la tonalité nostalgique du tableau.
Merci à vous, de m’avoir rejoint dans mon nuage le temps de cette émotion.
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