Nous étions faits pour être libres
Nous étions faits pour être heureux
Un homme passe sous la fenêtre et chante
Nous étions faits pour être libres
Nous étions faits pour être heureux
Comme la vitre pour le givre
Et les vêpres pour les aveux
Comme la grive pour être ivre
Le printemps pour les amoureux
Nous étions faits pour être libres
Nous étions faits pour être heureux
Toi qui avais des bras des rêves
Le sang rapide et soleilleux
Au joli mois des primevères
Où pleurer même est merveilleux
Tu courais des chansons aux lèvres
Aimé du diable et du bon dieu
Toi qui avais des bras des rêves
Le sang rapide et soleilleux
Ma folle ma belle ma douce
Qui avais la beauté du feu
La douceur de l’eau dans ta bouche
De l’or pour rien dans tes cheveux
Qu’as-tu fait de ta bouche rouge
Des baisers pour le jour qu’il pleut
Ma folle ma belle ma douce
Qui avais la beauté du feu
Le temps qui passe passe passe
Avec sa corde fait des nœuds
Autour de ceux-là qui s’embrassent
Sans le voir tourner autour d’eux
Il marque leur front d’un sarcasme
Il éteint leurs yeux lumineux
Le temps qui passe passe passe
Avec sa corde fait des nœuds
On n’a tiré de sa jeunesse
Que ce qu’on peut et c’est bien peu
Si c’est ma faute eh bien qu’on laisse
Ma mise à celui qui dit mieux
Mais pourquoi faut-il qu’on s’y blesse
Qui donc a tué l’oiseau bleu
On n’a tiré de sa jeunesse
Que ce qu’on peut et c’est bien peu.
Tout mal faut-il qu’on en accuse
L’âge qui vient le cœur plus vieux
Et ce n’est pas l’amour qui s’use
Quand le plaisir a dit adieu
Le soleil jamais ne refuse
La prière que font les yeux
Tout mal faut-il qu’on en accuse
L’âge qui vient le cœur plus vieux
Et si ce n’est pas nous la faute
Montrez-moi les meneurs du jeu
Ce que le ciel donne qui l’ôte
Qui reprend ce qui vient des cieux
Messieurs c’est ma faute ou la vôtre
À qui c’est-il avantageux
Et si ce n’est pas nous la faute
Montrez-moi les meneurs du jeu
Nous étions faits pour être libres
Nous étions faits pour être heureux
le monde l’est lui pour y vivre
Et tout le reste est de l’hébreu
Vos lois vos règles et vos bibles
Et la charrue avant les bœufs
Nous étions faits pour être libres
Nous étions faits pour être heureux

In « Elsa » – Éditions Gallimard 1959

Je vais essayer de refréner mon enthousiasme pour une fois…
Ce poème est un chef-d’œuvre de lucidité d’amour et de mélancolie..
Ta voix une splendeur qui fait frissonner
Et le choix des images pour la vidéo d’une grande finesse et d’un vrai goût…
Merci Lelius!
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Ah ! Tu as bien fait de « réfréner »… 😊
Magnifique poème en effet !
Choix des images un peu « spécial », mais c’était mon inspiration du moment…
Merci pour ta générosité inconditionnelle !
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C’est mon admiration qui est inconditionnelle je crois bien..
La générosité c’est toi qui nous offre ce monument de sensibilité
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