On ne fera pas de Cécile une mécanique. Je suis là pour y parer. Mais il faut qu’elle soit plus habile que personne. Moi, je méprise les virtuoses ; mais je méprise les musiciens qui ne sont pas capables de virtuosité. Donc, pas d’erreur : il faut être virtuose et que ça ne se sente pas. Il faut, surtout, être virtuose sans le savoir.
Georges Duhamel – « Le Jardin des bêtes sauvages » (1934)
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Peu prisée par les compositeurs du XIXème siècle, la toccata a peu fréquenté leurs partitions. Depuis la toccata opus 7 en Ut Majeur de Robert Schumann, en 1830, le genre n’a fait que de brèves apparitions, peu signifiantes, et a dû le plus souvent laisser au « capriccio », libre et enjoué comme la toccata elle-même, le soin de défier les virtuoses.
A la fin du siècle, les compositeurs français semblent la redécouvrir, et la voici alors de retour dans des compositions délibérément exigeantes techniquement, privilégiant le caractère d’ « étude » de virtuosité.
Trois « mousquetaires » – s’ils veulent bien m’autoriser ce qualificatif – participent à la renaissance de la toccata en cette fin de XIXème siècle en France :
Cécile Chaminade en 1887 : Toccata opus 39
– Au piano Jean Dubé –
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Jules Massenet en 1892 : Toccata en Si Bémol Majeur
– Au piano l’inoubliable Aldo Ciccolini –
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Camille Saint-Saëns en 1899 : Toccata op. 111
(Étude d’après le finale du 5ème concerto)
– Au piano un jeune Maître, Sawada Kouki –
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Mais, comme il se doit, trois mousquetaires, cela veut dire quatre. Et dans le rôle de ce quatrième, Paul Dukas qui, en 1901, conclut le 3ème mouvement de sa sonate en Mi Bémol Majeur par une toccata endiablée, pleine d’une fougue vivace.
Paul Dukas : Sonate en Mi Bémol Majeur – Fin du 3ème mvt.
– Au piano Hervé Billaut –
La toccata est désormais revenue.
Debussy et Ravel ne sont pas loin, en ce début de XXème siècle, qui vont en donner les plus précieux témoignages. (cf. De braises et d’Ombre)
J ai bcp aimé !
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