Jusqu’à ce qu’un jour dire demain n’ait plus de sens
Primo Levi – « Si c’est un homme »
♦
Morgen
Und morgen wird die Sonne wieder scheinen
und auf dem Wege, den ich gehen werde,
wird uns, die Glücklichen sie wieder einen
inmitten dieser sonnenatmenden Erde…
und zu dem Strand, dem weiten, wogenblauen,
werden wir still und langsam niedersteigen,
stumm werden wir uns in die Augen schauen,
und auf uns sinkt des Glückes stummes Schweigen.
Poème de John Henry Mackay

Demain
Et demain le soleil brillera à nouveau,
Et sur les chemins que j’emprunterai,
Il nous réunira, nous les bienheureux,
Au sein de cette terre gorgée de soleil,
Et sur la plage, vaste, aux vagues d’azur,
Nous descendrons calmement et lentement,
Silencieux nos regards se mélangeront,
Et sur nous se posera le silence feutré du bonheur.
Traduction libre
Richard Strauss termine la composition des "quatre lieder" - opus 27, le 9 septembre 1894, la veille de son mariage avec sa bienaimée, la soprano Pauline de Ahna. Juste à temps pour glisser ce délicieux bouquet dans le panier de la mariée.
Bouquet plutôt varié puisque Strauss a choisi de mettre en musique quatre poèmes de caractères et d'auteurs différents, passant de la recherche de la paix intérieure dans le premier lied à l'exubérance extravertie de l'amour dans le deuxième, de la séduction au milieu de la foule dans le troisième à l'émotion profondément personnelle exprimée dans le quatrième et dernier, "Morgen", dont les vers ont été écrits par le poète écossais d'expression allemande, John Henry Mackay, son contemporain.
On ne confondra pas ces très appréciés "Quatre lieder" - opus 27, œuvre d'un jeune et talentueux musicien de trente ans avec le célébrissime et si émouvant cycle des "Quatre derniers lieder" - opus 150, pour soprano et orchestre, de ce même Richard Strauss, alors au bout de son existence, gravant sur sa partition avec une sensibilité demeurée intacte l'inoubliable testament musical d'un inoubliable compositeur.
Une réflexion sur “Demain”