Touch’ pas…. ma solitude !

Billet initialement publié sur Perles d’Orphée le 10/08/2015

… Et légèrement complété ici en guise de réponse définitive – oserais-je l’espérer – à la sempiternelle question avec laquelle, malgré la superfluité que mes années lui confèrent, on me harcèle encore.

Naïveté ou perversion : demander à un vieil âne borgne et boiteux pourquoi il n’a pas gagné le Prix d’Amérique ?

Barbara

N’ayez crainte, Madame, je ne touche rien !  Je ne touche à rien !
J’écoute !  Je Vous écoute…
Et, comme au premier jour, tout simplement, je vous aime !

Mais dites-moi ! Rien n’interdit, je suppose, de convertir votre propos au masculin ? Il me va si bien !
Après tout pourquoi pas « Homme-piano-lunettes » ?
Vous ne pouvez me répondre depuis votre paradis…
Qui ne dit mot consent !

Alors…
(avec un large sourire… mais pas si fier que ça) :

Femme ! Touche pas mon piano,
Touche pas mes remparts,
Touche pas mes lunettes,
Touche pas mon regard,
Touche pas ma roulotte,
Touche pas mes bateaux,
Touche pas mes hasards,
Touche pas mes silences.
Touche pas mes théâtres.
Ne me touche à rien.
J’ai tout, j’veux rien.
Péccable !

Ont touché à rien, sont parties plus loin.
Rien à dire.
Faut savoir
C’que vouloir.

M’ont laissé tout seul,
Avec mes lunettes, avec mon piano
Avec ma bible à moi, avec ça, tout ça,
Avec ma vie, ma vie,
Ma vie comme j’ai su,
Comme j’ai pu, comme j’ai voulu,
Belle ma vie, belle,
Belle !
Rien à dire,
Je vis mes délires.
Je suis fou, je chante, j’m’envole.
Avec vous j’ai tout, j’ai tout.
Mais Si Mi La Ré Si,
Le soir,
J’suis seul
Dans mon lit
Parce que…
Touche pas mon piano,
Touche pas mes remparts… 

Publié par

Lelius

La musique et la poésie : des voies vers les êtres... Un chemin vers soi !

9 réflexions au sujet de “Touch’ pas…. ma solitude !”

  1. La solitude est belle lorsqu’on éclaire sa brume du regard ou du soleil des autres.
    La solitude est grande lorsqu’elle donne la paix tout en sachant que chacun est une goutte de l’immense Océan, et que les autres gouttes sont si proches.
    Que votre solitude est belle !
    Merci pour ce poème de Barbara que je ne connaissais pas.

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    1. Merci , Marie-Christine, de flatter ainsi ma solitude ! Vous allez, s’il en était besoin, l’encourager et la conforter… 😉
      Au vrai, je crois que la solitude est surtout belle quand elle est choisie librement et qu’elle se préserve ainsi de tout ferment de frustration. Alléluia !

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  2. Monumentale Barbara, vraie, tendre, aimante, si entière, si sensible, dans le meilleur comme dans le pire, dans les luttes comme dans les désirs, les amours et les écorchures, les déconfitures, et les délires, et même dans le silence ou peut-être surtout dans son silence, sa solitude assourdissants du tumulte de ses mots, de ses sentiments, de ses émotions! Intense Barbara ! Sombre, si belle, si éblouissante de Vie ! Et oui pourquoi pas les hommes ? Magnifique Lelius! Mais enfin, quel est cette folle, ou ce fou venu(e) troubler son silence par dessus les remparts?!

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    1. C’est sans doute ce qui faisait la richesse de Barbara, la femme et le personnage, cette multitude d’épithètes, variables à l’infini, et puisées dans tous les registres, dont on pouvait l’affubler en continu sans jamais prendre le risque de tomber dans l’erreur d’appréciation. Quelle dimension !
      Pour ce qui la concerne son silence était (selon ce texte) assurément troublé par les hommes. En reprenant sa harangue à mon compte c’est aux femmes que je m’adresse. 😉 – Il m’avait semblé percevoir une ambiguïté dans votre interrogation.
      Quelqu’un disait à propos des femmes qu’il est impossible à la fois de les aimer et de les connaître. Maudit soit le fou prétentieux qui ne se rangea que trop tard à la sagesse de cette remarque. L’idée même de prétendre tenter les deux défis en même temps est soit un impardonnable pêché d’orgueil, soit une inexcusable naïveté. Sans doute les deux !

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      1. Mes interrogations qui n’en étaient pas vraiment étaient pour la première une approbation par rapport au fait que vous endossiez ce que disait Barbara pour vous adresser aux femmes, et la seconde était juste un trait d’humour. Quant à aimer et connaître une femme tout à la fois, cela semble être en effet, une équation bien compliquée, hypothétique, et je crois bien que l’inverse l’est tout autant, ne croyez-vous pas ?

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        1. Désolé d’avoir pris le trait d’humour au premier degré !
          Quant au mystère des hommes… je ris aux éclats, nous sommes tellement prévisibles. Qui, et à propos de qui, parlait de « premier degré » une phrase plus haut » ???? (Non, je n’ai pas la prétention de les représenter tous, évidemment, mais le spécimen…)

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  3. Ne soyez pas désolé Lelius, je n’en suis pas du tout froissée ni contrariée. Je crois que l’humain, qu’il soit homme ou femme, se caractérise par son inconstance parce qu’en proie justement à ses sentiments, émotions, états d’âme… toutes ces choses qui échappent à notre contrôle mais qui font que l’on est en vie, même si cela s’avère si douloureux par moments. Que serait-on sinon si, traversés par tous ces tourbillons petits ou grands, nous restions de marbre, et aussi froid que lui ? Alphonse Karr ne dit-il pas « Les larmes ont, comme l’odeur de l’aubépine et de l’amandier, une suave amertume. »

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  4. Je ne connaissais pas du tout ce texte de Barbara … une sorte de slam avant l’heure ?! On reconnaît bien son phrasé si particulier et si riche d’émotions exaltantes, avec cette respiration bousculée qui nous touche …

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