Dixit Suarès !

Un poème au service de quelque dogme que ce soit perd une de ses ailes, tombe et boîte.

[…]

Une harmonie, une vision, un chant intérieur ne dépendent d’aucun pouvoir étranger. L’œuvre d’art, l’œuvre de poésie est l’acte libre et le seul libre. C’est être libre en ce monde que de ne dépendre et ne venir que de Dieu.
Et l’on voudrait que cette émanation divine, que cet acte créateur dépendît d’une césure ? d’une rime ? d’un nombre fixe de syllabes ? d’une norme donnée, qu’on vérifie en comptant sur ses doigts ? Quelle idée ridicule ! Tout y contredit. En passant d’une langue dans une autre la prosodie du poète se dissipe, mais sa poésie ne meurt pas : l’instrument n’est plus le même, mais le musicien demeure et même le fond de sa musique.

POÈTE, SOIS MUSICIEN,
OU NE T’EN MÊLE PAS !

—  Revue « Yggdrasill »– février 1937 – N° 10  — *

André Suarès (1868-1948)

in Poétique, texte établi et préfacé par Yves- Alain Favre, (Éditions Rougerie – 1980)

 

 

*Yggdrasill : Entre 1936 et 1940, revue de poésie fondée et dirigée par les poètes Guy Lavaud et Raymond Schwab, ayant largement ouvert ses pages aux poètes étrangers et à bon nombre de poètes français qui souhaitaient offrir à leur expression poétique des chemins plus vastes que les étroits sentiers balisés par les dogmes et les conventions qui lui étaient réservés. 

Publié par

Lelius

La musique et la poésie : des voies vers les êtres... Un chemin vers soi !

Une réflexion sur “Dixit Suarès !”

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Image Twitter

Vous commentez à l’aide de votre compte Twitter. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.