
Orphée
… Je compose en esprit, sous les myrtes, Orphée
L’Admirable !… le feu, des cirques purs descend ;
Il change le mont chauve en auguste trophée
D’où s’exhale d’un dieu l’acte retentissant.
Si le dieu chante, il rompt le site tout-puissant ;
Le soleil voit l’horreur du mouvement des pierres ;
Une plainte inouïe appelle éblouissants
Les hauts murs d’or harmonieux d’un sanctuaire.
Il chante, assis au bord du ciel splendide, Orphée !
Le roc marche, et trébuche ; et chaque pierre fée
Se sent un poids nouveau qui vers l’azur délire !
D’un Temple à demi nu le soir baigne l’essor,
Et soi-même il s’assemble et s’ordonne dans l’or
À l’âme immense du grand hymne sur la lyre !
Paul Valéry – « Album de vers anciens » (1920)
Merci, Lelius, pour ces « vers anciens » qui semblent caresser l’esprit tant ils sont mélodieux
🎼🎶 🙂
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Oh ! Mais c’est Paul Valéry que l’on doit chaque jour remercier. Il écrit sa poésie avec le soin du musicien devant sa partition, en permanente recherche de l’harmonie que nourrit la subtile correspondance « entre le son et le sens ».
« Cet échange harmonique entre l’impression et l’expression est à mes yeux le principe essentiel de la mécanique poétique, c’est-à-dire de la production de l’état poétique par la parole. » (« Propos sur la poésie »)
Merci à vous d’avoir partagé mon émotion !
Pour ma part, en ce qui concerne Valéry, je suis un multirécidiviste… et je continuerai de le prouver. 😉
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