La pensée noble et le souvenir doux, c’est la vie dans toute sa profondeur.
Goethe – Maximes et réflexions
Chacun sait depuis longtemps maintenant que la maîtrise technique du piano n’est plus l’apanage des virtuoses patentés des grandes salles de concert.
L’on pourrait alors penser que leur maturité, forgée à la fois par leur vécu personnel et leur expérience artistique, leur confère une certaine exclusivité dans l’art délicat de transmettre les multiples nuances des émotions que le compositeur a confiées à sa partition. Idée reçue et dépassée.
Aux âges encore « tendres », les souvenirs ne sont certes pas très nombreux. Mais la sensibilité n’attend pas le nombre des années, le talent non plus !
Pour s’en persuader – et s’il n’en était besoin, au moins pour le plaisir –, il faut écouter et voir le jeune pianiste Alexander Malofeev interpréter la très romantique Sonate en La mineur – opus 38 – N°1 « Reminiscenza » de Nicolas Medtner.

Après une introduction en forme de tendre ballade que n’aurait pas reniée Brahms, la musique s’emporte dans un épanchement passionné qui ne tarde pas à laisser place à un débordement impétueux, explosion de couleurs, avant de retrouver l’Allegretto tranquillo du début.
Le poète ne disait-il pas que le souvenir avait besoin de mélancolie pour exhaler tout son parfum ?
